Vendredi 16 juin 2023, le ministre Abdoulaye Diop a annoncé la fin de la MINUSMA. Le sort de la mission multidimensionnelle reste suspendu jusqu’au verdict final des instances de l’ONU, prévu le 29 juin 2023. Les critiques du ministre Diop à l’égard de la MINUSMA font suite à des objections maliennes antérieures à l’égard de l’engagement de longue date de la France au Mali. Un retrait « sans délai » de la MINUSMA pourrait laisser la voie libre à Wagner ; ce qui est loin de rassurer les Nations unies. Quelles pourraient être les conséquences d’un éventuel retrait de la MINUSMA au Mali ? Cette décision du gouvernement fait-elle l’unanimité au sein de l’opinion malienne ?
Les opinions sont partagées sur les résultats de cette longue présence, mais il n’en demeure pas moins que le clap de fin ainsi prononcé par le ministre malien des Affaires Étrangères Abdoulaye Diop découle aussi d’un malaise persistant entre les autorités et la représentation onusienne.
Rappelons qu’en 2022, l’affaire des 49 militaires ivoiriens avait compliqué les rapports déjà tendus entre le Mali et la communauté internationale et surtout les organisations sous régionale, régionale et même internationale. Ces rapports vont s’exacerber au fil du temps avec l’expulsion du premier responsable de la section des droits de l’homme de la MINUSMA, dans un contexte de rejet de l’augmentation des effectifs de casques bleus au Mali. Mais c’est la crise dramatique de Moura qui sera la goutte d’eau de trop avec le refus catégorique des autorités de la Transition de se soumettre aux besoins d’enquête sur les présomptions de violation des droits humains qu’elles avaient qualifiée d’une tentative de déstabilisation et une instrumentalisation politique des droits de l’homme. De mission de stabilisation, la MINUSMA passe du coup dans une certaine opinion comme un outil de déstabilisation, en dépit de sa place prépondérante dans l’accès des populations aux services sociaux de base.
En effet, nul doute, la MINUSMA est particulièrement sollicitée au Nord où la résilience des populations ne tient en grande partie que par sa présence dans leur quotidien. En dépit de l’absence de l’Etat, les services sociaux de base sont restés accessibles par ses soins et le vide laissé par le déficit administratif est comblée en plusieurs endroits du septentrion. Se prononcer dans le sens contraire à la volonté des principaux bénéficiaires revient à adouber par péché diplomatique leur sevrage de projets à impact rapide, de médicaments dont les localités sont régulièrement approvisionnées par la MINUSMA parmi tant d’autres services et non des moindres comme les soins de santé, l’évacuation de malades vers les centres de santé, etc.Si cette décision du gouvernement de demander le retrait sans délai de la MINUSMA a permis d’édifier l’opinion nationale et internationale sur le soupçon de complot de certaines puissances occidentales qui auraient profité de la MINUSMA pour déstabiliser le Mali a été diversement interprétée et saluée, il en est de même pour les autorités qui doivent penser aux milliers de personnes qui travaillent à la MINUSMA et les populations bénéficiaire de l’aide de cette mission. Il est de sa responsabilité de soutenir et de préserver les intérêts du peuple envers et contre tout.
En définitive, le peuple doit soutenir les autorités de la transition du Mali, qui travaillent sans relâche pour le retour de la paix en vue du rétablissement de la dignité du peuple malien et de la souveraineté de notre pays.
Assitan DIAKITE
Source: L’Alternance