Lorsque la justice se met en branle dans un contexte particulier, consciente qu’elle peut freiner des ardeurs politiques, elle s’affranchira difficilement des …procès d’intention ou des récriminations vraisemblables…
Enclenchée dans un contexte particulier, comme celui de veille d’élections, certaines actions judiciaires pourraient difficilement être qualifiées de « chasse aux sorcières »…Si au début de cette période transitoire en cours, « la lutte contre l’impunité et la délinquance financière », prônée par les nouvelles autorités, a été traduite par quelques actes, significatifs la seconde partie de cette gouvernance dite de rupture attendait aussi ses signaux. C’est apparemment ce à quoi l’on assiste ou on pourrait assister dans les prochains jours.
En effet, ces actions étaient censées prouver au peuple que les nouvelles autorités du pays tenaient à nettoyer les écuries d’Augias de la gouvernance passée. Et cela a été marqué par les procédures judiciaires contre des personnalités insoupçonnées comme feu l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, qui a fini par mourir en détention.
D’autres anciens ministres comme Mahamadou Camara, Amadou Thierno Hass Diallo, Mme Bouaré Fily Sissoko, le maire du District de Bamako, Adama Sangaré, entre autres. Tout ce beau monde n’a pu se sortir d’affaires, à l’exception de Mme Bouaré Fily Sissoko qu’à travers plusieurs sacrifices, dont des paiements de cautions non négligeables. C’est au point qu’on se demande même si les poursuites à leur encontre sont terminées ou pourraient être relancées un jour. Ce qui constitue une forme de menaces à rester droit comme une aiguille pour ces hautes cadres de l’Etat qui pour la plupart, ont des accointances politiques réelles ou supposées. Et c’est en cela que ces « dossiers » constituent de véritables épées de Damoclès.
En outre, la récente actualité est parsemée de potentielles actions judiciaires quasiment de même nature ; c’est-à-dire sur le sceau de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Il s’agit de présumés crimes ou délits de détournements de deniers publics ou d’indélicatesse financières à la charge des anciens ministres Me Kassoum Tapo et Me Mohamed Aly Bathily, et aussi d’anciens hauts responsables de l’Assemblée Nationale sous le président IBK. Il s’agit de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, Issiaka Sidibé, de son Questeur d’alors, Mamadou Diarrassouba et du Directeur administratif et financier, Mamoutou Touré dit Bavieeux. Selon certaines sources, ces personnalités seraient citées pour répondre de leurs actes de gestion sous le magistère du président IBK. Ce qui traduit qu’il s’agit de la gouvernance, qui a été renversée en août 2020, qui a été qualifiée comme étant entachée de tous les scandales et dérives.
A priori, si ces actions judiciaires prospéraient, dans le contexte actuel où la Transition amorce sa dernière ligne droite, plus d’un observateur averti y dénicherait des relents politiques. Même les concernés ne sont pas des leaders politiques, à l’image d’un Ousmane Sonko (inculpé de viol pour être finalement condamné pour corruption de la jeunesse), l’on s’interrogera sur le timing de l’ouverture de ces dossiers. Serait-elle une tentative de fragiliser certains acteurs politiques ? Cette question se posera sûrement pour ce qui concerne les deux anciens ministres précités, qui ont tous été plus ou moins très critiques envers le pouvoir de Transition, et surtout envers son projet référendaire qui est en voie de s’achever. Ces poursuites ne s’identifient-elles aisément à de nouvelles formes d’épées de Damoclès sur des têtes plutôt gênantes, comme cela semble être le cas pour le bouillant ras Bath ?Par ailleurs, pour ce qui concerne les hauts cadres de la législature passée, comment comprendre que la gestion de l’institution parlementaire sous IBK avait fait l’objet d’un audit depuis 2021 et c’est seulement en juillet 2023 que les conclusions de cet audit ait pu enclencher, le cas échéant, une procédure judiciaire. Il y aurait-il des mains invisibles qui impulsent un déclic de cette action ou il s’agit simplement du respect du principe de « l’opportunité de la poursuite, cher à la machine judiciaire ? Ce sont là autant de questions qui se pose et qui poussent à la réflexion, eu égard à la proximité d’avec les échéances électorales. Car, nul n’ignore que des noms comme Kassoum Tapo, Mamadou Diarrassouba et peut-être Mohamed Aly Bathily seront parmi les potentiels candidats lors des prochaines élections législatives. A défaut de les poursuivre et parvenir à les condamner, serait-ce une action pour simplement ternir leurs images et les faire échouer lors des scrutins à venir ? Nul ne saurait le dire avec exactitude, sauf qu’il n’y a pas de fumée, sans feu !
Kassoum TOGO
Source: Mali Horizon