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Choguel/Alpha : Que des rancœurs

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La sortie iconoclaste et aversive du Premier ministre Choguel Maïga à l’encontre de l’ancien président Alpha Oumar Konaré, est tout sauf hasardeuse. Elle est, au regard de tout ce que nous ont confié les anciens de la classe politique, bien murie et délibérément faite pour toucher là où ça peu, le plus faire mal.

À quoi penserait donc un paysan malien, prônant la cohésion entre concitoyens, en entendant le premier ministre de la transition, lancer des piques à un ancien chef de l’État qui, depuis son départ des affaires s’est gardé de tout propos ? Certainement à plusieurs choses, et pas moins qu’une posture personnelle d’un chef de l’exécutif qui profite de son éphémère ascension pour régler ses comptes personnels.

Pour Fakoroba Coulibaly, un ancien du parti présidentiel de 1992 à 2002 qui assimile l’acte du premier ministre à son incapacité à gober la chute de son mentor Moussa Traoré, précipitée par les acteurs du 26 Mars 1991, le premier ministre de la transition n’est plus ni moins, dans une logique de vengeance politique. Sinon, sur tous les plans, des traces de l’ancien Président Konaré sont évoqués.

Éducation

« Choguel fait une lecture partisane de la situation, dépourvue de toute analyse digne de la situation, surtout que les fameuses preuves annoncées par son parti, le MPR ne sont que de la spéculation, balaie ce membre fondateur du premier parti politique malien à remporter les élections présidentielles de l’ère démocratique, qui ajoute. L’école malienne avait des soucis avant la chute de Moussa Traoré, les enseignants qui en étaient les piliers, étaient privés de leurs salaires des mois durant. Ils ont massivement quitté la fonction publique, provoquant ainsi la fermeture des classes. Ils étaient bien formés, mais face mauvais traitement salarial, ils ont plié bagages ».

Cet historien dresse même des repères pour en avoir été témoin. « Quand Alpha venait au pouvoir, l’école était en lambeaux, elle manquait d’infrastructures, à tel enseigne que des paillotes faisaient office de salles de classe, et les parents qui avaient les moyens construisaient des table-bancs pour leurs enfants, pendant que d’autres enfants dont les parents n’avaient pas les moyens, passaient les heures de cours, assis sur des briques en banco », égrène-t-il.

À l’arrivée d’Alpha aux affaires, témoigne un expert, les statistiques indiquaient qu’environ un million d’enfants étaient dans le besoin d’être scolarisés. Et, c’est face à ce défi que le Président Alpha avait placé la question scolaire parmi les urgences de son premier quinquennat.

Selon les explications de ce membre fondateur de la ruche, le programme décennal de l’éducation et la culture (Prodec, [validé par la banque mondiale]) qui a fait ses preuves après les années Moussa, est né de la volonté politique du Président Konaré de relever l’école malienne en la rendant d’abord, accessible à tous les enfants du Mali.

D’ailleurs, affirme l’expert, « le programme présidentiel centré sur la question de l’école a bâti plus d’écoles en dix ans qu’il a été fait sous Modibo et Moussa réunis. D’où l’expression populaire ‘’Un village, une école’’, qui a symbolisé les deux mandats d’Alpha ».

Ancien membre du comité exécutif et membre fondateur du parti après l’association, Modibo Traoré ressasse le passé peu honorable infligé aux enseignants par le régime de Moussa. « Après les mesures d’ajustements structurels, il n’y avait plus de respect pour le cadre enseignant qui faisait 4 à 5 mois sans salaire. Je me souviens de cet enseignant qui passait toute la journée autour de la table à belotter, et allait près des mécaniciens les après-midi, avant de regagner bredouille sa maison la nuit. Tout ça parce qu’il était dans une situation précaire qui l’empêchait de faire face aux besoins de la famille : ça c’est une réalité et combien d’enseignants vivaient en pareille situation et même ont perdu leurs épouses qui fuyaient leur précarité ? », s’interroge Modibo Traoré avec amertume. Autant de choses selon ce cadre de valeur qui, à ses yeux, ont dévalorisé l’école malienne. En réponse à l’actuel PM, Mr Traoré a rappelé que quand les syndicats ont vu Moussa Traoré sur leurs contraintes, il les envoya se balader en disant que lui Président, s’il n’obtient pas son salaire, il ne viendra pas travailler, les incitant par ricochet donc à quitter les rangs.

Santé et justice

« Idem » additionne-t-il, pour le secteur de la santé. Puis de la justice qui n’avait à Bamako, que la seule juridiction de la commune III du District à l’arrivée de Konaré.

« C’est d’ailleurs à cette époque que les magistrats ont commencé à connaître des améliorations dans leurs conditions de vie et de travail », précise-t-il.

Selon un autre cadre de l’Adema, « le président Konaré a réalisé et posé bien de jalons d’infrastructures dont les réalisations de certaines ont été parachevées par son successeur ATT ».

Armée

Sur le plan militaire, « de façon graduelle, c’est sous Alpha que les militaires ont obtenu au total, 40% de majoration de leurs salaires. Quand Moussa Traoré a chuté, les reportages sur l’armée n’étaient pas fameux et les militaires ont eu à demander publiquement pardon au peuple. Ils étaient très mal vêtus avant l’avènement de la démocratie. Quelqu’un qui n’est pas parvenu à habiller ses hommes ne peut pas miser dans l’armement et les équipements. Alpha Oumar Konaré les a rhabillés et réhabilités les camps avec des écoles construites en leurs seins et dotées des services sociaux de base ».

Electricité

Modibo Traoré rappelle que les barrages phares du Mali sont des projets du père de l’indépendance, Modibo Keita. Le premier avait fait sensation car ce fut la première fois qu’un pays du tiers monde, paie les études pour la réalisation d’un barrage hydroélectrique, dès 1964. Ce fut un cas d’école du point de vue où, seulement après quatre ans d’indépendance, le s’adonnait par cet acte à une avancée devant plusieurs pays, « avant que Moussa Traoré conduise les choses à reculons », regrette-t-il.

Et d’argumenter que « Manantali était là en projet depuis 1924 au temps colonial, il a piétiné jusqu’aux indépendances où Modibo Keita et Sekou Touré l’ont relancé en 1966 : ils ont créé l’organisation des pays riverains du fleuve Sénégal et plus tard, puis l’OMVS en 1974 ».

Modibo Traoré de fustiger l’élite qui a cautionné sans piper mot face à ces dérapages du premier ministre qui ne tendant selon lui qu’à saper les efforts des autres et à réinventer l’histoire du Mali.

Pour clore son propos, il mettra sur la table la question des infrastructures via ce rappel sociétal : « Alpha est à l’origine des logements sociaux au Mali dont les premiers sont ceux de Garantibougou et Sotuba. La preuve, on a Bokary Treta (président du RPM) qui est dans un logement social construit par Alpha et c’est ainsi que la Banque de l’Habitat BHM est née », conclut-il.

Idrissa Keïta

Le Soft

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