La lutte contre la corruption a pris une nouvelle dimension. Alors qu’un certain Soumeylou Boubeye, ex-Premier ministre de son État, est mort en détention dans l’attente de son procès en même temps que sa co-détenue, Fily Sissoko, qui attend toujours son procès, la justice malienne a ordonné une série de mandats de dépôt en rapport avec d’autres dossiers de délinquance financière. La nouvelle vague emporte essentiellement d’anciens dignitaires du régime défunt et donne l’air d’une véritable chasse aux sorcières qui ne dit pas son nom.
La semaine derrière, l’ex-ministre de la sécurité d’IBK, le Général Salif Traoré, accusé de « faux, usage de faux, détournement de biens publics et complicité d’abus de biens sociaux », a été placé sous mandat de dépôt. Cette arrestation intervient dans le cadre de l’affaire dite «Sécuriport», une société américaine spécialisée dans la mise en place de systèmes de sécurité dans les aéroports, au détour de laquelle l’ex dignitaires aurait détourné plusieurs milliards de nos francs. Dans la même affaire, l’ex ministre Zeinabou Diop serait également visée. Et, de sources judiciaires, l’intéressée aurait passé une journée entière dans les allées du Pôle économique et financier, pour une audition devant reprendre cette semaine. Le même jour, le Directeur financier et du matériel du ministère de la jeunesse et des sports, chargé de l’instruction civique et de la construction citoyenne ainsi que son régisseur ont également été écroués, sur fond de présomption de malversations financières de montants non reversés.Et ça n’est pas. L’ancien président de l’assemblée permanente des chambres d’agricultures du Mali APCAM Bakary Togola et 5 de ses proches collaborateurs se retrouvent à nouveau sous mandat de dépôt. Il se rapporte, dans les milieux paysans, qu’ils pourraient être rejoints par au moins une dizaine d’autres potentiels accusés attendues au Pôle économique et financier cette semaine, notamment sur la gestion des fonds alloués aux unions sectorielles entre 2013-2018.
Cette longue liste vient rallonger les incarcérations de l’ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, Issiaka Sidibé, avec quatre de ses anciens collaborateurs dont Mamoutou Touré, président de la Fédération malienne de football, pour « atteintes aux biens publics ».
Et de sources judiciaires, l’ancien ministre Baba Moulaye serait également convoqué au Pôle cette semaine, après avoir été empêché de voyager au Sénégal, dans la foulée des auditions des deux autres anciens ministres. Lui qui s’était pourtant rangé en tant que soutien de la Transition, dans le sillage de la création de son nouveau parti politique, serait également la cible d’action judiciaire pour présomption de détournement de deniers publics.
Reste à savoir jusqu’où ira cette forme d’exhibition répressive qui n’est peut-être pas celle attendue par une opinion qui assiste parallèlement aux indices d’enrichissements illicites parallèles, en même temps que s’intensifie la lutte spectaculaire contre l’impunité
Amidou Keita
Source: Le Témoin