Lorsque le défunt Conseil national de salut du peuple (CNSP) a pris le pouvoir en 2020, il a promis le changement dans le système de gouvernance. Pour le moment, le changement attendu tarde à venir. Les femmes et les hommes qui ont servi les régimes successifs de 1992 à 2020 sont toujours en service comme si le pays était leur patrimoine.
Au Mali, on change le président, mais le système de gouvernance demeure avec tout l’arsenal de gabegie. Une fois le président connu, tous les partis politiques se sabordent pour lui apporter son soutien. Tous courent vers la majorité. L’homme malien vénère deux (02) choses: la célébrité et la richesse. Or le pouvoir apporte ces deux choses. D’où une course effrénée vers l’ascension et le pouvoir.
Aujourd’hui, la transition est face à un dilemme, gérer avec l’ancien système et leurs hommes ou faire la rupture. C’est choisir entre le peuple qui demande la rupture ou continuer avec l’ancien système pour périr ? La question est d’actualité et se trouve sur toutes les lèvres, car les attentes du peuple n’ont pas été comblées : l’extrême pauvreté, le manque d’argent. Rares sont les Maliens qui mangent trois fois par jour.
Le Mali va mal pour avoir désétatisé, l’éducation, la santé, le commerce, le foncier. Ces secteurs qui permettaient de renflouer les caisses de l’État seraient aujourd’hui des créneaux d’enrichissement de certains fonctionnaires véreux. Conséquences ? Mauvaise condition de vie. La création de Groupements d’intérêt économique (GIE) pour le ramassage des ordures brasse les fonds de l’État en direction de ses promoteurs. Les écoles privées, une perte d’argent pour l’État ? N’importe qui est promoteur d’écoles privées. Ensuite, la santé: cliniques privées, pharmacies privées pullulent comme des boutiques d’alimentation dans les quartiers. Aucun contrôle dans ces secteurs privés pour connaître l’identité des vrais promoteurs.
Au Mali, on vend tout: agrément de création d’écoles, de pharmacie, vente de licence d’exploitation d’une pharmacie. C’est pourquoi notre pays n’avance pas et il y a deux (02) catégories de Maliens: les uns très riches, les uns trop pauvres. Ce sont ces dysfonctionnements qui ont donné naissance à la grande corruption.
Quand le peuple a commencé à perdre tout espoir après deux ans de gestion, la transition opte pour une lutte sélective contre la corruption. Les Maliens sont impatients de connaître la suite du procès sur les équipements militaires, l’achat de l’avion présidentiel. Pour le moment, la lutte contre la corruption reste sélective, car elle n’a jusqu’ici pas concerné les couches les plus corrompues.
Selon l’Organisation non-gouvernementale (ONG) Transparency International, édition 2019, plus de la moitié des Africains interrogés déclarent que la corruption s’est aggravée, que leur gouvernement ne fait pas assez pour l’enrayer et que les politiques sont les plus corrompus. Les personnes les plus corrompues sont: fonctionnaires: 39%; les parlementaires: 36%; l’entourage du président: 34%, les juges: 34%.
Il serait souhaitable de placer en résidence surveillée les présumés coupables et de procéder à la saisie et vente de leurs biens au profit avant qu’ils ne les cèdent à vil prix.
Amy SANOGO
Inter de Bamako