L’Initiative Malikura, portée par le président de la transition, semble avoir profondément touché les cœurs, mais son impact ne se manifeste guère dans nos comportements quotidiens.
Malgré les engagements et les discours passionnés, nous peinons à incarner les valeurs de nos ancêtres, dont nous nous nous réclamons pourtant urbi et orbi. Eux, par dignité, avaient honte de commettre des actes tels que le vol, le mensonge, la trahison, la corruption… Ils préféraient mourir de faim que de se livrer à des pratiques déshonorantes. Malikura restera un simple effet d’annonce, tant que nous continuons de souiller leurs mémoires !
Le président aspire à un Mali modèle, peuplé de citoyens exemplaires, désireux d’une souveraineté réelle. Est-il en avance sur son temps, incompris de ses administrés ? Le rêve d’un Mali nouveau est chanté sur les toits, sa concrétisation ne peut être effective sans un réel changement de comportement. Chez tout un chacun! Car si les Maliens semblent favorables à l’idée, ils sont réticents à les appliquer eux-mêmes, hostiles aux exigences qu’elle leur impose. Pour que l’initiative Mali- kura prenne racine, chaque individu doit s’engager à changer de comportements.
Le soubassement Mali- kura passe forcément par chaque famille malienne au prime abord, si l’on veut atteindre cet objectif. Malheureusement, des ripoux voient ici aussi une aubaine pour s’enrichir au détriment des valeurs prô- nées par Malikura, à savoir l’honnêteté et l’intégrité.Le fainéantisme prend de l’ampleur, malgré les différentes communications qui devraient plutôt pousser à un changement de com-portement. Pire, les éloges ne sont plus réservés aux griots, certains de ceux qui devaient être leurs “jatigi” ayant compris que ça rapporte gros. Naguère à Ségou, un griot aurait cassé la calebasse de sa kora après la mort de son maître, pour éviter de chanter pour quelqu’un d’autre.
Or Malikura s’inspire des valeurs ancestrales. Les valeurs qu’il préconise doivent être portées par la population dans son ensemble et non par le seul président. Les beaux discours ne sauraient suffire, ce sont les actions et les comportements de chacun qui en assureront le succès.
Malikura doit donc être un bateau embarquant tous et non un pupitre de règlement de comptes. La gouvernance est comme une roue qui tourne. Chacun fait ce qu’il peut. Comme dit un adage bambara, il faut sauter certaines choses pour bien faire et toutes les marmites ne sont pas à ouvrir.
Drissa Togola
Source : Le Challenger