L’eau qui est consommée par les habitants de Bamako n’est pas encore mortelle, mais elle pourrait l’être si rien n’est fait dans l’immédiat. La reprise du dragage dans le fleuve Niger se fait de façon inquiétante malgré l’interdiction de cette pratique. On sait que cette activité minière utilise des produits hautement toxiques pour séparer l’or des autres substances. Chaque jour, on voit des matériels de dragage transporter sur des Sotrama en direction des villages du Mandé qui sont principalement affectés par cette activité.
On sait que la qualité de l’eau du fleuve Niger est affectée par l’utilisation des dragues qui ont laissé des entailles profondes dans le lit du fleuve. Mais le plus grand problème est la pollution. De nombreuses espèces de poissons ont déjà disparu dans les zones où le dragage est effectué depuis des années. Le gouvernement avait pourtant interdit cette activité à cause de ses effets néfastes pour la population. Jusqu’à preuve du contraire, cette interdiction n’est pas levée par les autorités qui ne font plus rien pour patrouiller sur le fleuve.
S’il y a des patrouilles, cela signifie que les autorités sont en train de fermer les yeux sur l’empoisonnement du fleuve Niger. Les scientifiques s’accordent sur le fait que le cyanure et le mercure sont des substances toxiques difficiles à neutraliser. Les molécules toxiques ainsi diffusées dans l’eau sont utilisées par les orpailleurs en amont des stations de pompage qui desservent Bamako en eau potable. Une étude sérieuse doit être menée selon certains observateurs pour savoir à quel risque sont exposées les populations qui consomment l’eau du robinet.On sait que des maladies rares et difficiles à soigner sont causées par ces produits chimiques qui sont versés dans l’eau du fleuve Niger. Pour beaucoup de gens, il y a du poison dans nos robinets, et cela se passe au vu et au su des autorités. Tout le monde semble avoir abandonné ses responsabilités face à ce drame silencieux. Les riverains du fleuve constatent avec impuissance les ballets des engins de dragage sans réagir. Les seules voies locales qui pourraient prendre la défense des populations est celle des autorités communales. Mais ces dernières ne font rien pour dissuader les orpailleurs qui agissent le plus souvent en complicité avec des agents municipaux.
La ministre de la Santé est interpellée particulièrement dans cette histoire de pollution. Elle doit mener une étude rapide pour situer le niveau de l’exposition de la population. Les autorités chargées de la distribution de l’eau potable doivent aussi jouer leur partition afin que les consommateurs soient rassurés. Ce qui est sûr, la pollution du fleuve avec les produits chimiques est une menace réelle pour la santé des Maliens.
Siriki KONE
Source : L’Aube