Opérateur économique de son Etat, Mamadou Sinsy Coulibaly est plus que jamais déterminé à jouer toute sa partition dans la lutte contre la corruption. En plus de ses sorties médiatiques pour dénoncer certaines pratiques qu’il juge peu orthodoxes dans la conduite des affaires publiques, le patron du groupe Kledu vient d’ajouter une autre flèche dans son arc. En effet, le samedi 24 février 2024, il a procédé au lancement des activités de l’Observatoire pour la défense des droits de l’Homme et de la démocratie au Mali (Oddhdm).
Pour la circonstance, le géant opérateur économique était entouré dans la grande salle de conférence de la Maison de la presse par le président de la Ligue internationale des droits de l’Homme, Me Amadou Tiéoulé Diarra, représentant de la Commission nationale des droits de l’Homme (Cndh), Diawoye Magassa et le coordonnateur de l’Oddhdm, Youssouf Sanogo.
En hôte du jour, le président de la Maison de presse, Bandiougou Danté, a rappelé la nécessité du respect et de la sauvegarde de la liberté d’expression qui, selon lui, est le fruit de haute lutte. « Personne ne peut manipuler les Maliens en instrumentalisant les questions des droits de l’Homme comme un fonds de commerce. La situation de notre pays ne doit pas être utilisée par personne pour remettre en cause cette liberté. Les Maliens n’accepteront jamais la dictature. La loi sur la cybercriminalité a été votée par des démocrates. Nous allons continuer à nous battre pour la liberté d’expression. Personne ne peut nous embarquer dans un combat pour les intérêts personnels. Dans un paysage médiatique très riche avec plus de 500 radios, 200 journaux, 40 chaînes de télévision, tout le monde a droit à la parole même si la liberté donnée à la population de s’exprimer a été menacée », a-t-il averti.Dans son exposé, le président de l’Oddhdm, Mamadou Sinsy Coulibaly, a dressé le tableau du phénomène de la corruption qui serait, selon lui, dans la mentalité de la société malienne une partie intégrante dans la culture de la gestion des affaires publiques. Cette réalité est devenue le fondement des relations de travail tant dans l’administration publique que dans le secteur privé. Toute chose qui n’est pas sans conséquence sur la crédibilité de l’Etat. Aux dires de l’orateur du jour, le Mali se classe aujourd’hui parmi les dix pays les plus corrompus. « Mais les pratiques de corruption sont devenues si complexes et si variées qu’elles sont un indicateur de la qualité de la vie de mes contemporains », a-t-il regretté.
Pour lui, cette lutte contre la corruption revient principalement aux responsables publics qui disposent des leviers de répression mais également des moyens d’engager des dynamiques de sensibilisation pour contenir le mal. Pour ce faire, le président de l’Oddhdm estime que les politiques doivent soutenir les initiatives privées, le droit à la propriété et s’engager à diminuer ou empêcher la corruption. « Il est donc temps d’arrêter de dévorer avec frénésie, comme des frelons dans la ruche dévorant le travail des abeilles, les maigres richesses créées par l’économie nationale », a-t-il asséné au passage.
Selon lui, les conséquences de l’injustice et du harcèlement dans le cadre de la lutte contre la corruption sont entre autres : la frustration et la destruction morale de la personne humaine, la fragilisation de la personne morale (les entreprises). « Ces mêmes errements et absurdités criminelles de la corruption et de la mauvaise gouvernance sont coupables de l’anéantissement du développement personnel de la jeunesse et de l’insécurité dans tous les domaines », a-t-il indiqué.
Partant, il dira que l’insécurité judiciaire et juridique fragilise non seulement les actions mais également les entreprises et leurs dirigeants. Ce qui crée, poursuit-il, une situation d’improbité des moyens de production de la richesse. Droit dans ses bottes, le président de l’Observatoire a été on ne peut plus clair pour ceux-là qui veulent faire de la lutte contre la corruption un instrument politique. « La lutte contre la corruption ne doit pas être arrimée à des fins politiques, ni engagée dans le populisme. Elle ne doit pas également être téléguidée par qui que ce soit, ni par un groupe professionnel donné. L’injustice, l’improbité, l’esprit de fraude sont entre autres absurdités à bannir pour réussir toute lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance. Les personnes de droiture exceptionnelle, et non uniquement technique, doivent pouvoir fédérer les différentes structures publiques de lutte contre la mauvaise gouvernance, la lutte contre la corruption et créer un lien entre elles », a-t-il averti. Pour M. Coulibaly, les résultats et les décisions dans le cadre de la lutte contre la corruption doivent bénéficier d’une large publication pour le plus grand nombre.
Pour réussir une lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance et avoir une croissance économique solide et conséquente, à travers la création de la richesse par les entrepreneurs, il faut tenir compte de la dimension culturelle et de la rupture idéologique.
N.D
Source : L’Alerte