«Tu méritais cette distinction… Tu aurais mérité de siéger dans tel organe ou dans telle commission…» ! C’est ce que j’entends fréquemment des proches dont l’intégrité et la sincérité ne souffrent d’aucun reproche, d’aucun doute. Souvent ironique, je leur réponds que je suis une brebis galeuse et qu’on a raison de me fuir comme la peste. Il m’arrive aussi de leur expliquer que ceux qui ont eu le privilège d’être distingués ou d’être nommés voire désignés le méritent aussi et que la République ne peut pas distinguer ou nommer (ou désigner) tous ses fils ou toutes ses filles méritant à la fois. Ils n’hésitent pas alors à me taxer d’être «trop» humble. Il est vrai que l’humilité est une valeur cardinale de l’éducation reçue en famille.
Mais, je dis souvent à mes enfants ou à des jeunes frères que personne ne vous accordera une quelconque considération ou du crédit quand ceux qui doivent vous défendre, assurer votre promotion sont les premiers à vous dénigrer, à ternir votre image. C’est un peu comme la Haute autorité de la communication qui, au lieu de veiller à l’indépendance des médias, comme c’est sa mission, a récemment tenté de les pousser à aller à l’encontre de l’éthique et de la déontologie.
«Je suis agréablement surpris. On t’avait décrit comme un idéaliste, trop compliqué et trop exigeant. On m’a donc déconseillé de vous associer à tel projet ou à telle activité»… C’est ce que j’ai aussi l’habitude d’entendre de ceux qui ont eu la clairvoyance de ne pas me condamner à partir du jugement d’autres et qui ont décidé de faire leur propre religion sur cette brebis galeuse de la presse malienne. Il n’y a qu’au Mali qu’avoir des convictions et des principes, et les défendre, est un crime passible de l’exclusion socioprofessionnelle Malheureusement, ceux qui me dénigrent ainsi sont mes propres confrères et consoeurs qui, face à moi, me troublent pourtant avec leurs éloges.Le titre «La maîtresse du président» reprenait celui d’une dissertation soumise à une classe d’un lycée de Bamako. Suite à l’arrestation de nos confrères de «Info Matin», de nombreux organes (Les Echos, le Scorpion, Le Prétoire…) ont repris l’article incriminé et certains directeurs de publications ont été arrêtés. En janvier 2012, la Cour d’appel de Bamako avait statué sur cette affaire. La décision finale a été la relaxe des journalistes et de l’enseignant. Ce verdict a été favorisé par l’élan de solidarité manifesté par l’ensemble de la presse à «Info Matin» et à l’enseignant.
Nous avons aujourd’hui besoin de cette union sacrée pour qu’on arrête de nous écraser, de nous piétiner, de nous humilier ; pour dissuader ceux qui veulent nous museler après nous avoir étouffés financièrement !
Moussa Bolly
Source : Le Matin