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Grève du SYNABEF : L’inévitable mue de l’UNTM

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La grève du Synabef qui prend en otage tout le système économique du pays, les clients et le citoyen lambda n’est pas arrivée ex nihilo. Elle est la résultante de la décadence du mouvement syndical malien jadis pionnier en Afrique.

La grève du Synabef tendait vers son cinquième jour. Le mot d’ordre d’arrêt de travail a été levé le lundi 10 juin dans la matinée, suite à la relaxe de Hamadoun Bah, Secrétaire général du Synabef. Ce syndicat comme d’autres est coutumier de ce genre de bras de fer pour se faire entendre. En 2023, des établissements bancaires sont restés plusieurs jours durant les rideaux de fer baissés du fait des grèves de leurs travailleurs. Impossible pour les clients d’accéder à leurs fonds ou de procéder à certaines opérations bancaires. Par ailleurs, des syndicats de la santé principalement du CHU Gabriel Touré et du CHU du Point G ont observé des grèves sauvages, piétinant le serment d’Hippocrate. Résultats : des milliers de patients abandonnés à leur sort funeste avec plusieurs cas de morts. Aussi sous IBK, des syndicats de magistrat ont grevé pendant presque un mois, toujours pour une revendication corporatiste compromettant les droits des justiciables.

La grève est un droit constitutionnel au Mali. Cependant elle demeure l’ultime arme dont se sert tout syndicat averti. A scruter de loin, ce genre d’action syndicale était méconnu dans notre pays si ce n’est ces dernières années. Le manque de culture syndicale et la faiblesse de l’Etat sont passés par là.

de grandes écoles ou université. Ils étaient soit commis des Postes et télécommunications (PTT), technicien de l’hydraulique, technicien d’agriculture, agent de la Somiex, enseignant du fondamental, etc. Mais ils avaient une formation syndicale avérée. Sous leur directoire, les conflits syndicaux étaient non seulement rares, même s’il en avait, ils étaient gérés à l’interne sans tintamarre. Mais jamais sur la place publique. Ces pionniers du syndicalisme malien doivent se retourner dans leurs tombes.

C’est au courant des années 2000 qu’a commencé l’effondrement du syndicalise malien. Avec des crises qui ont accouché à de nouvelles centrales syndicales. Le précurseur a été Ahmadoun Amion Guindo. Membre de la vieille garde et n’ayant pas digéré sa mise à la retraite avec Issa dit Issé Doukouré auquel il était farouchement opposé, au profit de la nouvelle génération de syndicalistes, il a claqué la porte de l’UNTM pour créer la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Plus tard sont nées la CDTM, la CDT toutes deux dirigées par des dames, notamment l’ancienne ministre de l’Education, Mme Sidibé Dédéou Ousmane et Mme Kadiatou Mounkoro, toutes deux initialement membres du bureau exécutif national de l’UNTM, dirigé à l’époque par Siaka Diakité.

L’après ancienne génération de syndicalistes a vu apparaître une nouvelle race. De jeunes bardés de diplômés et compétents dans leurs domaines d’activités, mais au background syndical nul et sans aucune expérience. La plupart d’entre eux sont arrivés sur le terrain syndical pour leur propre promotion professionnelle et sociale. Leur présence dans les organismes paritaires professionnels comme les conseils d’administration de l’INPS, de la Canam et de l’ANPE sans parler du l’institution qu’est le Conseil économique et social, culturel et environnemental en est la parfaite illustration.

Durant ces vingt ou trente dernières années, des secteurs comme les banques, les assurances, la santé n’ont jamais ou presque observé de grève à longue durée. Le Syndicat national du commerce, des assurances et banques (Syncab) l’ancêtre du Synabef, à l’époque dirigé par Ahmadoun A. Guindo déposait certes des préavis de grève mais qui n’étaient pas exécutés. Idem pour les syndicats de la santé. En ce moment, Hippocrate avait une valeur pour les toubibs.

Mais tout se passe de nos jours comme si des syndicats qui ressemblent à de véritables maîtres chanteurs, profitent de leurs poids pour sortir leurs muscles à tout bout de champ, au mépris des intérêts des populations et de l’Etat grabataire.

Abdrahamane Dicko

Source : Mali Tribune

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