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Dialogue Inter-Maliens : Le long chemin vers la paix et la réconciliation nationale

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Audition des paroles de Maliennes et Maliens participants au Dialogue du 10 Mai 2024

 

Au nom de la devise nationale : “Un Peuple- Un But- Une Foi”, le Comité de Pilotage du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a donné audition publique des conclusions du Dialogue par la voix du rapporteur de la Commission de centralisation et de synthèse, M. Boubacar Sow.

Au nom de la devise nationale : “Un Peuple- Un But- Une Foi”, le Comité de Pilotage du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale a donné audition publique des conclusions du Dialogue par la voix du rapporteur de la Commission de centralisation et de synthèse, M. Boubacar Sow. C’était le vendredi 10 mai 2024 au CICB devant le chef de l’État, Colonel Assimi Goïta, en présence du corps diplomatique, des membres du gouvernement et du CNT, du Pm et des membres du Comité de pilotage conduit par le Président Ousmane Issoufi Maïga. Ce Dialogue Inter-maliens pour la Paix et la Réconciliation nationale est arrivé à son terme en accouchant de près de 300 recommandations et l’intervention de plus de 200 délégués. La finalité recherchée étant la restauration de la paix, l’instauration du processus de réconciliation nationale et la quête de cohésion sociale, le fruit de ce dialogue a été une réappropriation populaire de la crise malienne par une gestion collective de toutes ses dimensions en excluant toutes les parties suspectes, intruses et étrangères. Entre interlocuteurs de nationalité malienne, quelque soit leur nombre sous-estimé en valeur, statut, profession ou fonction occupée et de non éligible dans le Mali actuel, la phrase célèbre de Simone Weil devient réalité subjective assumée dans le contexte malien : “la vérité n’est pas fille de sympathie, elle est fille de discussions”.

 

 

Le dialogue a permis au peuple malien “de recourir aux mécanismes endogènes de prévention, de gestion et de règlement des conflits, afin de trouver des solutions consensuelles aux problèmes qui assaillent le pays”. Ainsi, le Dialogue, dans sa phase opérationnelle, n’a pas subi de césarienne, en plein travail démarré le 2 avril 2024 par une série de rencontres du Comité de pilotage avec les institutions de la République, les légitimités traditionnelles, les confessions religieuses, les partis politiques, les organisations socioprofessionnelles, celles de la société civile, en particulier les regroupements de Femmes et de Jeunes et les autorités administratives indépendantes. En dehors des personnalités qui se sont exprimées depuis leur domicile ou sur leur lieu de travail, les concertations organisées du 13 au 15 avril 2024 dans 763 communes dont 69 délocalisées et du 20 au 22 avril 2024 dans le District de Bamako, les 19 régions administratives, les 48 ambassades et consulats du Mali et dans les universités de Bamako et de Ségou, ont été le point d’orgue du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Cela prouve combien ces rencontres plurielles et élargies ont été conduites de manière participative et inclusive. Toutes les sensibilités de la Nation y ont apporté leurs contributions. Ce quorum serait insuffisant aux yeux des contempteurs de la Transition sans une forte mobilisation des Maliennes et Maliens qui ont quitté des quatre coins du pays pour venir manifester leur patriotisme républicain. À l’exception de certains doyens politiques et des partis politiques républicains qui ont préféré bouder ou zapper ce dialogue selon leurs convenances, empêchements ou humeur du moment. En compensation, et pour toute légalité, dans la légitimité acquise de par l’adhésion populaire effective sur le compte du Président Assimi Goïta, le dialogue est sauvé d’être frappé de jugements implacables grâce à la participation active des institutions de la République, des autorités administratives indépendantes et de la totalité des délégués (160 délégués des Régions et du District ; 26 délégués des Maliens établis à l’extérieur, 3 représentants des réfugiés, 8 délégués des universités, 4 délégués des centrales syndicales et 1 représentant du patronat).En substance et par appariement, voici les grandes lignes des trois cent recommandations formulées et adoptées par le conclave national du Dialogue inter-Maliens. Il est important d’en donner toute la lisibilité qui sied par fusion des thématiques.

 

Thématique 1 : PAIX, RÉCONCILIATION NATIONALE ET COHÉSION SOCIALE

Au nom du peuple

 

D’abord, il a été émis le vœu pieu fait doléance publique et demande nationale : de mettre en place une structure pour le suivi et l’évaluation des résultats du Dialogue inter-Maliens pour la Paix et la Réconciliation nationale, au 41ème point de ce chapitre premier sur “Paix, réconciliation nationale et cohésion sociale”. Ensuite le peuple malien en conclave a égrené un chapelet de vœux en tant que “voix du Dieu, voix de son peuple”. Parmi ces recommandations on note les propositions issues du cœur du peuple il a la promotion de l’amour de la Patrie et l’esprit du don de soi au 26ème point de la thématique concernant les aspects sécuritaires et de défense du territoire. Il a été aussi proposé la relecture de la Loi N°05-047 du 18 août 2005 portant charte des partis politiques pour en durcir les conditions de leur création et de leur fonctionnement, la réduction de leur nombre et la suppression de leur financement public, comme spécifié au point 2 de la thématique “Questions politiques et institutionnelles”. À cet effet, pour plus de cohésion, il est demandé au gouvernement : d’engager le dialogue avec tous les mouvements armés maliens ; de dissoudre les milices et les groupes d’auto-défense et assurer la réinsertion socioprofessionnelle de leurs combattants ; d’interdire aux chefs religieux, aux chefs de village, de fraction et de quartier et aux responsables des Organisations de la Société civile de s’engager dans le militantisme politique ; d’interdire l’immixtion du politique dans le détail du fonctionnement des FAS ; d’assurer une coopération entre les populations frontalières et les FAS ; de mettre l’accent sur la coopération avec les pays voisins et avec tous les partenaires selon les trois principes constitutionnels et dans le strict respect des trois principes qui guident l’action publique au Mali; d’impliquer les populations frontalières dans la sécurisation des frontières ; de renforcer la collaboration entre les autorités et les populations riveraines des frontières. Selon les recommandations contenues dans la thématique 4 (sécurité et défense) et les points 49 à 56. Toujours dans le cadre de la réconciliation et de la cohésion sociale, il est attendu du gouvernement de relire la Loi N°04-038 du 05 août 2004, modifiée, relative aux associations afin de moraliser les conditions de création et de gestion et de renforcer les dispositions de l’Accord-cadre ; de privilégier le recours à nos us et coutumes comme moyens de prévention, de gestion et de règlement des conflits ; de respecter la réglementation en vigueur en matière d’utilisation des réseaux sociaux ; de renforcer l’éducation civique et morale à l’école pour développer l’esprit patriotique ; de rendre obligatoire l’enseignement de l’histoire et de la géographie de notre pays dans tous les établissements scolaires et universitaires ; de promouvoir la formation professionnelle, l’insertion des personnes vivant avec un handicap et leur prise en charge adéquate en activant le programme de Réadaptation à Base Communautaire (RBC) ; de renforcer l’implication et les capacités des femmes, des jeunes et des personnes vivant avec un handicap pour leur faire mieux jouer leurs rôles et assumer leurs responsabilités dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits ; de renforcer la capacité des services de développement social et de l’économie solidaire pour prendre en charge les personnes vulnérables et personnes vivant avec un handicap. Par ailleurs, le peuple malien demande le renforcement des capacités des autorités et légitimités traditionnelles dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits communautaires également, afin de leur faciliter toutes les dispositions nécessaires à prendre pour un retour effectif des réfugiés et des déplacés dans leurs villages ou sites d’origine. Il leur faut aussi tout le soutien matériel, financier et moral à leur apporter pour leur réinsertion socio-économique, notamment par la mise en place d’un cadre de dialogue permanent intra et intercommunautaire dont la finalité serait une assistance humanitaire manifeste aux populations affectées par la crise afin d’améliorer leur sort individuel et collectif. Les mauvaises langues se demanderont tout ça avec quel budget ? Comme indiqué dans la thématique 3 portant sur l’économie et le développement durable en ses points 9 et 10, il faudra penser à “créer une structure chargée des analyses prospectives et stratégiques du pays avec ancrage institutionnel à la Présidence de la République”. Ce qui permettra de travailler en synergie groupée avec toutes les composantes de la nation au sein d’une boîte noire d’intelligences sociales et politiques, ainsi que l’intervention des qualités ès des différentes disciplines universitaires afin d’interagir entre compétences et expertises nationales pour créer une synergie d’action interministérielle autour de l’action gouvernementale et relever le niveau de vigilance pour la protection des points sensibles. Ceci, dans le but d’inviter les services techniques à mieux faire respecter le plan d’urbanisation, non seulement, mais aussi assumer les coûts d’amélioration de l’éducation des jeunes maliens et les impliquer dans la sensibilisation à la citoyenneté. Dans le noble but de promouvoir l’éducation à la culture de la paix dans les établissements scolaires et universitaires et interdire l’obstruction des voies d’écoulement des eaux le jet d’ordures dans la rue par civisme éco-citoyen, à travers la mise en place d’un cadre d’échange permanent entre l’Administration et les usagers. À ce titre, il est recommandé d’instaurer une journée nationale du pardon et d’intensifier la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ; mais aussi, de moraliser davantage la vie publique ; de communiquer dans les langues officielles sur les concepts de paix, de réconciliation nationale et de cohésion sociale ; de lutter contre les stigmatisations sociales et raciales ; de renforcer la vigilance pour éviter l’amalgame et l’instrumentalisation des questions communautaires ; de mettre en place des mécanismes de justice transitionnelle ; de prévoir le rapatriement et l’accompagnement des démunis qui désirent rentrer au pays ; d’adopter des mesures d’accompagnement des couches vulnérables ; de renforcer la lutte contre l’impunité ; de prendre des mesures fortes pour mettre fin aux pratiques esclavagistes ; de vulgariser la charte de cohabitation pacifique issue du forum régional d’entente sociale à travers le dialogue communautaire ; et, last but not least, d’instaurer un cadre de rencontres intra et intergénérationnelles en faveur de la paix, de la réconciliation nationale et de la cohésion sociale. Ceci, dans le but suprême de faire respecter scrupuleusement la règlementation en vigueur sur les pratiques religieuses, (création et ouverture des lieux de cultes, organisation des prêches et sermons, programmes d’enseignement, réseaux sociaux, etc.). Ce qui favorisera la maîtrise de l’apprentissage des jeunes apprenants grâce à une accélération de l’introduction de l’enseignement de nos valeurs sociétales dans les écoles et medersas. En outre, pour ce qui est de la vulgarisation de la Charte Pastorale au sein des communautés, il est demandé de l’accompagner du rapprochement de la justice des justiciables, au besoin, par le biais des parajuristes et des conciliateurs de justice ; afin de mieux faire appliquer les lois et conventions internationales, surtout envers les personnes vivant avec un handicap et les minorités. Pour cela, toutes les initiatives visant à renforcer la résilience des populations face à la crise multidimensionnelle que vit le pays sont à encourager, notamment la mise en place de structures de déradicalisation, tout en tenant compte de nos valeurs sociétales dans la gestion des crises. À cet effet, il faudra procéder à la réforme institutionnelle de la Mission d’appui à la réconciliation nationale et opérationnaliser les équipes régionales d’appui à la réconciliation et les comités communaux de réconciliation en vue de leur permettre de jouer pleinement leur rôle de structure de mise en œuvre des politiques de paix et de cohésion sociale. Toutes choses rendues difficiles sans un financement orthodoxe, conforme, adéquat et conséquent en vue des réparations dues en faveur des victimes des crises protéiformes nées et présentes au Mali. D’où l’impératif de rendre la justice au nom du peuple et la nécessité de promouvoir le pardon, pour obtenir le consensus national autour des questions de défense et de sécurité. Mais aussi, l’urgence qu’il y a à instaurer la communication entre l’État et les autorités et légitimités traditionnelles, afin de renforcer leurs capacités d’intervention. Tel était le but déclaré de cette phase nationale de conclusion du Dialogue inter-Maliens. Et, pour mieux éviter l’amalgame et la stigmatisation, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, il a été proposé d’ériger un monument de recueillement sur le site de l’attaque du bateau «Tombouctou» survenue le 07 septembre 2023 à Chambou, dans le Cercle de Gourma-Rharous, un autre monument aux morts à la mémoire des victimes de la crise et des conflits que nous vivons jusqu’ici. Aussi, il est recommandé à l’unanimité de poursuivre la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, selon le point 52 de la thématique 5 relative à l’environnement international et à la géopolitique. Tout en indiquant qu’il est indispensable de doter le Mali d’un satellite de communication et de surveillance pouvant couvrir tout le territoire, et primordial de sanctionner toutes diffusions de fausses informations sur la situation sécuritaire au Mali comme ce fut le cas avec certains médias internationaux qui ont déjà été sanctionnés dans ce sens. D’instituer aussi les comités de veille citoyenne dans les villages, fractions et quartiers, pour que tous prennent en compte les questions de sécurité comme critère de performance dans l’évaluation des affaires publiques au niveau communal. Il s’agit, entre autres propositions sous-jacentes, de créer des polices de proximité ; des commissions de sécurité au sein des conseils communaux et de veiller au respect de la réglementation du port d’arme (propositions 30 à 42 contenues dans la thématique 4 concernant les “Aspects sécuritaires et défense du territoire).Au nom du Peuple malien toujours, il a aussi été question d’ouvrir le dialogue doctrinal avec les groupes armés dits djihadistes et mettre à contribution les érudits maliens pour définir le corpus doctrinal des débats à mener avec ces groupes. Sans commentaire. On n’est pas obligé de tout prendre des propositions formulées recommandations du Dialogue inter-Maliens pour la paix et la réconciliation nationale. Assimi non plus ! Ce qui est vrai reste vrai. Passons !

 

Moustapha Leye

L’Aube

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