Tout ce qui a un début à inéluctablement une fin. Et même les belles aventures ne pourront échapper à cette loi de la nature. L’aventure de Dr Nango Dembélé à la tête de la Compagnie Malienne pour le Développement du Textile (CMDT) a ainsi pris fin la semaine dernière. Ainsi en a décidé le Conseil des ministres, qui a mis fin à sa mission 3 ans et 7 mois après sa nomination, le 11 novembre 2020. En attendant qu’il passe le témoin à son successeur, Mamadou Moustapha Diarra, un autre agroéconomiste issu du monde universitaire, probablement cette semaine, nous vous proposons un aperçu de son passage à la tête du géant cotonnière.
L’avènement de Nango Dembelé coïncide avec des défis énormes et des attentes inversement proportionnelles à la baisse drastique de la production cotonnière pendant la campagne 2019. Corollaire à un boycott sans précèdent des paysans, le Mali, de la première place a chuté à la derrière avec une production de 147 000 tonnes de coton-graine. La mission consistait, par-delà la relance de la filière, de ramener la production à ses niveaux précédents (650 000 et 700 000 tonnes) en vue répondre aux attentes du gouvernement. Pour ce faire, il fallait un homme providentiel, rompu à la tâche et qui dispose l’expérience ainsi que des connexions appropriées à travers le monde du coton. Parmi tant de noms s’est démarqué celui de l’ancien ministre de l’Agriculture, sous IBK. À la tête d’une CMDT à la limite de la perdition, une seule campagne aura suffi pour conforter la préférence des autorités de la Transition et leur donner raison d’avoir misé sur cet agro-économiste à la moralité irréprochable.
Sous réserve de l’appui du gouvernement et en comptant sur le potentiel et l’engagement du personnel de la CMDT, Nango Dembélé s’était engagé à ramener le Mali à la place de premier producteur continental. Et, de 147 000 tonnes, la production cotonnière atteindra effectivement les 788 000 tonnes de coton-graine, un record pour le Mali et toute l’Afrique. Avec l’embargo sous-régional et les difficultés d’accès du Mali aux principaux ports d’approvisionnement et d’acheminement, l’inondation des cultures par les pluies diluviennes par endroit ainsi que l’invasion précoce des champs par de nouvelles espèces de Cicadelles (Jassides), la campagne suivante sera marquée par une baisse drastique de sa production. Le Mali gardera néanmoins sa place de première producteur continental.
Et, comme la campagne précédente, la conjonction de certains facteurs défavorables (abondance des pluies, inondation, lessivage des sols, attaque des jassides) a fait que 158 090 ha ont été abandonnés au total, ramenant la production de la campagne 2022-2023 en deçà des prévisions fixées au début de la campagne agricole. En 2023-2024, notamment la campagne écoulée, le Mali, sans atteindre sa production record, conservera sa place de premier producteur en Afrique. Et ce n’est pas tout. Il figure même dans le top 10 des grands producteurs mondiaux, avec une moisson qui dépasse les 600 000 tonnes. Pour la campagne en cours, tous les indicateurs (85% des prévisions d’emblavures et la mise en place des intrants à plus 90% dans l’ensemble) sont réunis pour une nouvelle hausse de production.
Aussi l’ère Dr Nango Dembélé n’aura pas été marquée la seule production de coton. Le déjà ex-PDG avait aussi pris les rênes de la boite avec un déficit de 15 milliards de nos francs qu’il pu ramener à l’issue de sa gestion au vert. C’est du moins les conclusions du 100 conseil d’administration, le dernier qu’il a présidé. En comblant ainsi les déficits, la CMDT a clôturé son dernier bilan avec un bénéfice net de 3,6. Milliards.
Amidou Keita
Source : Le Témoin