Un aliment nutritif et un marché dynamique, la patate douce est un aliment très nutritif et polyvalent, avec de nombreux bienfaits pour la santé. Les variétés violettes contiennent des anthocyanines, tandis que les variétés orange sont riches en bêta-carotène, des composés qui aident à réduire l’inflammation et à prévenir les maladies chroniques.
En un début de matinée, la délégation de l’Union des Journalistes Reporters du Mali (UJRM), composée de représentants de toutes les catégories de presse et venue de presque toutes les régions du pays, à l’exception de Ménaka, a débarqué au marché hebdomadaire de Médine. Ce marché est situé entre Bougoula-ville l’Est Babembabougou au nord, et Kaboila au Sud.
À Sikasso, région considérée comme l’une des plus grands productrices de patate douce en Afrique, cette culture est au cœur de l’économie locale. Chaque jour, des centaines de travailleurs se rendent au marché hebdomadaire de Médine, où ils chargent et déchargent des camions remplis de patates douces. Cépendant malgré l’importance de cette activité, les revenus restent précaires.
Un travail éreintant, des salaires dérisoires !
Le tarif de chargement est fixé à 600 FCFA par tonne, parfois 750 FCFA selon des accords ponctuels. Un montant jugé insuffisant par les travailleurs. « Nous demandons à nos employeurs d’augmenter le tarif à 1 000 FCFA par tonne. Cela nous permettra de mieux subvenir aux besoins de nos familles. Quand nous tombons malades, nous devons souvent contracter des dettes pour nous soigner et couvrir les dépenses domestiques », explique un ouvrier. Une tonne de patates représente 1 000 kg, et les chargeurs manipulent jusqu’à 24 à 25 tonnes par camion. Un labeur intense pour une rémunération modeste.
Mamadou Ibrahima Coulibaly, exportateur, se fournit principalement au Mali avant d’expédier vers la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie. « J’ai commencé ce métier en 2009. La campagne d’achat débute en août. Une fois celle du Mali terminée, nous nous tournons vers le Burkina Faso pour approvisionner le marché malien et ceux des pays voisins », indique-t-il. Cependant, dit-il, des obstacles persistent, notamment vers la Mauritanie, qui n’est pas membre de la CEDEAO, entraînant des frais supplémentaires.
Selon lui, un camion de 10 tonnes de patates coûte environ 500 000 FCFA au Burkina Faso, et le kilogramme est revendu entre 40 et 50 FCFA au Mali. Il existe plusieurs variétés de patates, avec des durées de conservation allant de 10 à 20 jours. Et chaque semaine, environ 80 camions sont exportés. Mais le coût du transport a augmenté, aggravé par des prélèvements informels.
« Chaque camion chargé au Burkina Faso nous coûte 75 000 FCFA en frais de route. De plus, les agents des péages prélèvent souvent 10 000 FCFA sans ticket, et parfois 20 à 30 kg de nos patates. Nous avons tenté de mettre fin à cette pratique, mais nous n’avons pas assez de poids pour nous faire entendre », regrette Coulibaly.
Quant au Ibrahim, dit Abba Nadio, commerçant détaillant, il achète la patate entre 50 et 60 FCFA le kilogramme auprès des grossistes. « Nous revendons ensuite entre 75 et 78 FCFA, selon la qualité », affirme-t-il. Avant d’ajouter qu’à Sikasso, la patate douce est disponible toute l’année, mais les prix varient selon la saison.
Les déchargeuses, maillon invisible mais essentiel !
Fatoumata Traoré, déchargeuse, décrit un métier harassant. « Quand les camions arrivent, nous déchargeons les sacs. Les patates abîmées sont mises à part et vendues aux éleveurs. Un sac de 100 kg de patates cassées coûte 1 000 FCFA. Nous faisons ce travail pour subvenir à nos besoins, mais c’est épuisant. Une fois rentrées à la maison, nous sommes trop fatiguées pour accomplir d’autres tâches » temoigne-t-elle. Les déchargeuses, comme les chargeurs, demandent une revalorisation de leur travail. « Nous espérons que nos patrons entendront nos revendications », conclut-elle.
Malgré son importance économique, le commerce de la patate douce à Sikasso repose sur des conditions de travail difficiles et des rémunérations insuffisantes. Un secteur porteur, mais où les acteurs de base peinent encore à en tirer un revenu décent.
Par Fatoumata Coulibaly
Source : Le Sursaut