Le Dialogue inter maliens qui a servi de base pour la rédaction de la Charte pour la paix et la réconciliation, a laissé beaucoup de voyageurs importants à quai, ce qui a donné à cet important voyage un goût fade voir d’inachevé.
Les mêmes causes produiront inéluctablement les mêmes effets, car à ce rapport dit de la charte pour la paix et la réconciliation manquera cette touche nationale et consensuelle de toutes les forces vives de la nation, d’où la légitime inquiétude de se demander si l’éléphant annoncé n’arrivera pas avec un pied cassé.
L’ancien PM , Président de la Commission de rédaction de la dite charte qui a encaissé beaucoup de reproches après le Dialogue inter maliens échappera difficilement aux mêmes remontrances, bien qu’il ait voulu redorer son blason en s’impliquant personnellement pour la libération des 11 détenus politiques qui étaient incarcérés pendant cinq mois. Il manque à sa liste certains acteurs majeurs sans lesquels il n y a point de réconciliation, à savoir les ex rebelles et la classe politique.
inclusivité de l’équipe et surtout la mise à l’écart de certains acteurs majeurs indispensables pour une véritable réconciliation nationale. La tare congénitale a été constatée depuis l’organisation du Dialogue inter maliens où ni les ex-rebelles Touaregs, encore moins la classe politique, celle qui répond véritablement aux critères d’acteurs politiques, pas « les politiciens » de circonstance, ces acteurs majeurs n’ont pas été associés en amont ce qui a laissé un goût d’inachevé. Que dire des maliens qui sont détenus pour leurs opinions et ceux qui sont en exil forcé parce que persécutés dans leur pays ? Ni des larges concertations des forces vives de la nation encore moins les déclarations de bonnes intentions ne sauraient absoudre ce pêché celui de la non-inclusivité et du manque de rassemblement des maliens. Qu’il soit dit en passant les deux valeurs que sont l’unité et la cohésion sont indispensables pour la réussite de cette noble mission qu’est celle de l’élaboration d’une charte pour la paix et la réconciliation. C’est pourquoi nombreux sont les maliens à deviner ce qui pourrait être l’ossature de la charte, qui contiendra à coup sûr des déclarations de bonnes intentions comme d’ailleurs les résolutions et recommandations du Dialogue Inter maliens pour la paix et la réconciliation, DIM, mais en fin de compte c’est un autre tapis rouge qui sera déroulé devant le Président de la transition pour qu’il dispose du Mali comme il le veut.
L’un des acteurs majeurs que sont les ex-rebelles vont-ils se sentir concernés ?
Un adage Malinké ne dit-il pas qu’on ne peut pas raser la tête de quelqu’un à son absence ? Qu’on mette dans les résolutions et recommandations de la charte pour la paix et la réconciliation des déclarations de bonnes intentions à l’endroit des ex rebelles ou encore leur faire la part belle dans les instances de décision, l’idéal aurait été qu’ils prennent part eux-mêmes à tout le processus jusqu’à l’élaboration de la Charte. Encore une fois ils ont brillé par leur absence. Donc les détenus d’opinion, les exilés politiques, l’absence des ex rebelles feront de la charte pour la paix et la réconciliation un géant au pied d’argile et un grand éléphant qui arriverait à coup sûr avec un pied cassé.
Le but principal recherché n’est-il pas de donner encore un chèque en blanc au Président de la transition ?
Cette question mérite d’être posée quand on sait qu’il y a déjà eu un précédent, à savoir les résolutions et recommandations du dialogue inter maliens pour la paix et la réconciliation. C’est ce forum qui a recommandé aux autorités de la transition de se donner des hauts grades et au président de la transition d’être candidat à la prochaine élection présidentielle. Pour se donner bonne conscience ils lui ont demandé de relire la charte de la transition et la loi électorale. Nul ne sera surpris de lire d’autres recommandations faisant la part belle aux autorités de la transition. Donc le but ultime serait un chèque en blanc au Président de la transition pour qu’il continue allègrement à mettre à mal la charte de la transition et la Constitution en faisant acte de candidature à la prochaine présidentielle.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance