A l’approche des examens du Diplôme d’études fondamentales (DEF), prévus les 4 et 5 juin 2025, l’inquiétude monte dans les établissements scolaires du Mali. Enseignants, parents et élèves appellent le ministère de l’Education nationale à faire preuve de responsabilité et de réalisme dans le choix des sujets d’examen, en tenant compte des leçons effectivement dispensées durant l’année scolaire « perturbée ».
La rentrée scolaire 2024-2025, initialement prévue pour octobre, n’a été effective qu’en novembre 2024, accusant un mois de retard. Ce décalage, conjugué à l’insécurité dans plusieurs régions, a fortement désorganisé le déroulement normal des cours, en particulier dans les zones rurales et les zones de conflit. Résultat : dans de nombreuses écoles publiques comme privées, le programme scolaire n’a été couvert qu’à 60 % ou 70 %, notamment dans des matières clés comme les mathématiques, les sciences, l’anglais ou la géographie.
Les inégalités sont criantes entre établissements. Si certaines écoles urbaines mieux dotées en personnel et en moyens ont pu achever l’essentiel du programme, d’autres peinent à suivre le rythme. Dans certains cas, les enseignants n’ont pas été présents de façon régulière, ou les cours ont été interrompus par des grèves ou des problèmes logistiques.La nécessité d’un rapport national sur l’état des enseignements
Outre la question de la couverture du programme, le niveau des élèves candidats au DEF est globalement faible. Beaucoup souffrent de lacunes fondamentales : difficultés en lecture, compréhension, calcul, et raisonnement logique. Ce constat est partagé par de nombreux enseignants, qui dénoncent un système éducatif affaibli par le manque de ressources, l’insuffisance de manuels, l’absence d’encadrement pédagogique et un environnement scolaire peu propice à l’apprentissage.
Face à cette réalité, il devient urgent que le ministère de l’Education nationale demande aux Académies d’enseignement un rapport détaillé sur l’état d’avancement des programmes. Ces données permettraient d’élaborer des sujets réalistes et adaptés au niveau moyen des élèves, évitant ainsi les situations passées où certains sujets d’examen portaient sur des chapitres non abordés en classe.
Un tel dispositif assurerait une plus grande équité entre tous les candidats, quels que soient leurs établissements ou leurs régions d’origine. Il est également question d’éviter une nouvelle chute du taux de réussite national, déjà préoccupant depuis plusieurs années.
Pour des examens justes et crédibles
Les examens du DEF ne doivent pas devenir un simple exercice de sélection injuste, mais un reflet fidèle des acquis réels des élèves. Cela suppose des choix pédagogiques cohérents, une transparence dans le processus de sélection des sujets, et une meilleure communication entre les structures centrales du ministère et les établissements à la base.
Plusieurs observateurs appellent également à l’adoption d’une politique d’accompagnement pédagogique d’urgence, incluant des cours de rattrapage, des séances de révision ciblées, et une meilleure préparation psychologique des élèves à l’examen.
« Le DEF est un moment clé dans la vie scolaire des élèves. Si nous ratons cette étape, nous compromettons leur avenir académique », avertit un inspecteur de l’enseignement fondamental.
Le ministère de l’Education est donc fortement interpellé. Il a entre ses mains la responsabilité d’assurer un examen juste, crédible, et conforme à la réalité du terrain.
Hamidou B. Touré
Source : Arc en Ciel