Le 29 mars dernier, les groupes armés radicaux ont levé le blocus instauré depuis plus d’un an sur la ville de Boni, dans la région de Douentza. La Route nationale – RN16 – Douentza/Sévaré est donc ré-ouverte à la circulation.
L’autre bonne nouvelle est que la levée de ce blocus est le fruit de plusieurs mois de dialogue. Sous la houlette de son président Hamidou Cissé et de son secrétaire général, Alou Konaté, l’Association pour la Paix inter et intracommunautaire pour le Développement et la cohésion sociale (API IDEC) en est l’artisan. Dans une interview accordée à Douentza, Alou Konaté explique que «le blocus a été levé sans condition ….la guerre n’a jamais mis fin à la guerre…. Ça finit toujours autour d’une table ».
Dans un communiqué, l’ADEMA-PASJ « félicite tous les médiateurs civils comme militaires, les autorités traditionnelles et religieuses, ainsi que les autorités de transition, qui ont permis de libérer Boni et ses habitants, mais aussi de rouvrir l’axe routier Sévaré Gao ». Sur les réseaux sociaux, l’ancien Premier ministre Moussa Mara réagit en ces termes : «Bravo et félicitations aux médiateurs civils, aux autorités traditionnelles et religieuses, ainsi qu’aux autorités de la transition, qui ont donné leur feu vert à ce dialogue ayant permis de libérer Boni et ses habitants, mais aussi de rouvrir la route vers Gao, au grand bonheur de plusieurs dizaines de milliers de nos compatriotes de la région !». Et d’ajouter : « Cet épisode nous montre ainsi que notre pays dispose des ressources nécessaires pour mettre fin, de manière pacifique, à nos conflits ». Il n’y a pas d’alternative au dialogue avec les groupes armés radicaux. De la Conférence d’entente nationale au Dialogue inter-malien en passant le Dialogue national inclusif (Dni), les Assises nationales pour les refondations (ANR), les représentants des populations ont toujours affiché leur préférence pour ce dialogue. Le dialogue avec les groupes armés radicaux est une forte demande d’une frange importante de la population malienne.Avant ces assises, le Parti pour la renaissance nationale (Parena) de Tiébilé Dramé avait été la première formation politique à réclamer, en 2014, un dialogue avec les « djihadistes maliens ». En novembre 2015, ‘’Le Challenger’’, à travers cette même rubrique, avait appelé les autorités maliennes à inventer une autre voie de lutte contre le terrorisme.
Nommé Premier ministre par le Président Ibrahim Boubacar Kéita, Abdoulaye Idrissa Maïga avait confié à l’Imam Mahmoud Dicko la direction d’une commission de bons offices pour explorer les voies et moyens visant à ramener la paix. Une initiative stoppée à l’époque sous la pression de la France.
En début 2020, à Addis-Abeba, en marge d’un sommet de l’Union africaine, le Président IBK a confié à RFI et France 24 son intention de créer une passerelle de dialogue avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa.
Malgré l’opposition de la France le gouvernement de transition, dirigé par le Premier ministre Moctar Ouane, avait assumé publiquement sa décision d’engager le dialogue avec les groupes extrémistes.
Après la signature de plusieurs accords locaux entre de nombreux villages et les groupes armés radicaux, l’aboutissement du dialogue ayant permis la levée du blocus sur la ville de Boni et la réouverture à la circulation de la RN 16 est une invite aux localités subissant actuellement les affres de cet embargo de privilégier les solutions locales. Cela, évidemment, avec l’implication des personnalités écoutées non seulement par les groupes armés radicaux mais aussi par les autorités maliennes.
Par Chiaka Doumbia
Source : Le Challenger