Ils sont 560 000 au Burkina Faso selon les chiffres du HCR. Le nombre de déplacés fuyant les attaques jihadistes à répétition dans le nord du pays a été multiplié par 7 en un an. La plupart se réfugient dans les grandes villes du Nord, parfois dans des camps, et sont souvent accueillis par des communautés hôtes. Certains déplacés ont pu descendre jusqu’aux alentours de Ouagadougou.
Par une nuit de juillet dernier, 605 personnes – dont la moitié des enfants – sont arrivées ici à Pazani, à quelques kilomètres de Ouagadougou, fuyant le nord du pays. Leur village Silgadji avait subi plusieurs incursions jihadistes.
« Premièrement, ils sont venus capturer le prêtre qui venait faire l’évangile dans notre village, se souvient Ali Tapsoba, l’un de ces déplacés. On ne l’a pas retrouvé. En avril, ils ont tué notre pasteur avec six personnes. Après cette attaque, au moment de la fête du ramadan, ils ont tué l’imam et treize personnes. Donc, on s’est dit que si ça continuait comme ça, il fallait qu’on parte pour notre sécurité, pour notre vie. »
Huit mois plus tard, le 25 janvier dernier, Silgadji a encore été la cible des jihadistes. L’attaque a fait 39 morts. « Avec l’attaque de la semaine dernière, actuellement, il n’y a plus personne au village. »
Aujourd’hui, les maigres espoirs de retour à Silgadji de ces déplacés se sont envolés. Sidick Sawadogo, 65 ans, est l’un de leurs doyens. « On ne pensait pas que ça allait durer comme ça. Pour nous, ça devait être une question de semaines. Mais maintenant, vu comme les choses tournent et qu’on est là depuis des mois, on ne sait pas si on reverra notre village. »
A Pazani, ces déplacés ont été bien accueillis par les familles du coin. Des villageois qui ont d’abord ouvert leurs écoles puis leur ont laissé certaines bâtisses en construction. Les hommes sont partis chercher du travail comme manœuvres en ville ou comme mineurs dans le Sud. Les femmes et les enfants reçoivent depuis quelque temps l’aide d’associations, organisations ou de personnalités ouagalaises.
RFI