Le site d’information guinéen Ledjely.com s’étonne des répercussions en France provoquées par les récents propos d’Emmanuel Macron sur la colonisation qu’il faudrait considérer comme un crime contre l’humanité. « Critiqués par l’extrême-droite, provoquant l’indignation de la droite et plaçant la gauche dans une inconfortable position, ces propos tenus en Algérie par le candidat à l’élection présidentielle, occupent encore la Une de plusieurs médias, constate Ledjely.com, et éclipsent même le fameux « Penelopegate ». Mitraillé de partout et passant aux yeux de certains pour un renégat et pour d’autres, pour le fils indigne de la patrie des droits de l’homme, le candidat d’En Marche a même été contraint de s’excuser. Un tollé que l’on ne comprend pas, vu d’Afrique, relève Ledjely.com. D’autant que l’ancien ministre de l’Economie ne fait que dire tout haut ce que le continent a toujours ressenti en son for intérieur, à savoir que la colonisation est synonyme de barbarie […]. Et si la France est encore indignée par une vérité aussi évidente, c’est qu’elle n’a toujours pas fait sa mue. A croire qu’elle en est incapable… »
« Oui, la colonisation est un crime contre l’humanité », s’exclame Amidou Anne, chroniqueur sénégalais au Monde Afrique. « Qu’Emmanuel Macron provoque une polémique en affirmant, lors d’une visite à Alger, que la colonisation est un crime contre l’humanité témoigne d’un profond malaise français sur le sujet. Mais en dépit des éructations de certains, le bilan est sans appel : oui, la colonisation est un crime contre toute l’humanité, s’exclame encore Amidou Anne, dont le résultat fut d’imposer la domination de la barbarie contre la civilisation. Les peuples d’Afrique ont vécu une terrible violence du fait colonial avec des morts, des expropriations, des privations de liberté et surtout une négation profonde de la dignité humaine par la domination politique, économique et culturelle. »
« La France a-t-elle commis en Algérie des crimes contre l’humanité ? », s’interroge pour sa part Le Matin d’Algérie. Evidemment, répond le journal. « Les représailles appliquées collectivement par l’armée française aux populations civiles en mai 1945 à Sétif et dans sa région, ou en août 1955 à Philippeville et dans les villages alentours, ne sont pas différentes de celles commises par les soldats de la division Das Reich à Oradour-sur-Glane ou ailleurs. Ces crimes correspondent à la définition des crimes contre l’humanité donnée par le tribunal de Nuremberg du 8 août 1945. […] Aujourd’hui, constate encore Le Matin d’Algérie, un obstacle idéologique empêche la société française de voir la France telle qu’elle a été : démocratique dans ses frontières mais hégémonique et raciste dans ses colonies. »
La page de la satrapie officiellement tournée en Gambie
A la Une également, l’investiture officielle d’Adama Barrow en Gambie… « L’investiture dans la chambre exiguë d’une représentation diplomatique à Dakar au Sénégal avait un goût de précipité et un zeste d’inachevé, relève Aujourd’hui au Burkina. […] Il était donc de bon ton que cette fêtée ratée puisse être rattrapée. Ce qui a été fait ce samedi 18 février, à l’occasion de la fête nationale de la Gambie, qui a pris tous les traits d’une investiture bis. »
« Adama Barrow a été bien inspiré de mettre les petits plats dans les grands, renchérit Le Pays,toujours à Ouaga, pour marquer cette rupture majeure d’une pierre blanche. Le nouveau président vient de signer là le certificat de décès de la satrapie où pendant 22 longues années, les Gambiens et les Gambiennes ont été contraints d’avaler et de digérer les loufoqueries de ce président atypique, Yahya Jammeh, qui, à la vérité, faisait la honte oute l’Afrique. »
Pour La Tribune à Dakar, « c’est une nouvelle ère qui s’ouvre non seulement en Gambie, mais entre la Gambie et le Sénégal. Les discours tenus samedi à l’occasion de la célébration de la fête de l’indépendance gambienne par les présidents Barrow et Sall ont mis en évidence la nécessité de travailler à faire en sorte que les difficultés d’avant ne soient plus que de mauvais souvenirs. »
« En tout cas, prévient enfin L’Observateur Paalga, nonobstant la solennité de l’événement et la ferveur populaire qui l’a entouré, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser pour le magnat de l’immobilier, arrivé aux affaires presque à l’insu de son plein gré et sur les épaules duquel repose maintenant la responsabilité de bâtir cette Gambie nouvelle que tous ses concitoyens appellent de leurs vœux. Autant dire que le plus dur commence, estime encore L’Observateur. Car cette marée humaine qui était au stade, à l’image de celle qui est sortie l’accueillir le 26 janvier à son retour d’exil, pourrait être la même qui le vouera aux gémonies si les espoirs de lendemains qui chantent devaient être déçus. »
Source: RFI