Si le tirage au sort a offert un adversaire de prestige à l’OL, l’ambiance est moins à la fête qu’à l’inquiétude avant la rencontre.
L’épidémie du nouveau coronavirus qui sévit dans le Nord de l’Italie fait planer une ombre au-dessus du stade de l’OL, où près de 3.000 supporters, venus de toute la Botte, sont attendus dans l’enceinte à guichets fermés.
La rencontre est pour le moment maintenue “dans sa configuration initiale”, selon un communiqué du club lyonnais publié mardi après-midi, bien que la Juventus jouera dimanche à huis clos, contre l’Inter, pour éviter tout risque de propagation dans le pays européen le plus touché par le virus.
Mercredi matin, plusieurs figures de l’opposition ont critiqué cette décision “incohérente”, selon l’ancienne ministre Ségolène Royal sur France 2, “pas raisonnable” pour la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen sur France Inter, alors qu’un premier Français est mort après avoir été infecté par le nouveau coronavirus. Au total, 17 cas de personnes contaminées ont été recensés en France, dont cinq depuis mardi.
“Ce n’est pas utile, dans un moment où on est dans la convivialité, dans le sport, de créer un certain nombre d’angoisses supplémentaires, a assuré mardi le président de l’OL Jean-Michel Aulas sur ‘BFM TV’. La crainte pour nous n’est pas liée au virus, mais plutôt à la qualité de cette équipe turinoise.”
Lyon aurait préféré passer des heures moins agitées en coulisses, et vendre cette affiche de rêve aux supporters qui, un an après la venue de Lionel Messi, verront Cristiano Ronaldo évoluer sous leurs yeux.
L’OL croise à nouveau la route d’un monument du football, synonyme le plus souvent pour lui de terminus. La saison passée, le Barça a été accroché lors de son étape lyonnaise (0-0), avant de faire la différence à domicile (5-1) avec un doublé de sa “Pulga” argentine.
Ronaldo retrouve Lyon
L’ambitieuse Juve, avec son effectif XXL, son champion du monde Blaise Matuidi, ses attaquants Gonzalo Higuain et Paulo Dybala, présente le profil idéal de fossoyeur des derniers espoirs européens lyonnais, d’autant que les “Gones” n’ont franchi qu’une seule fois la barrière des 8es sur leurs sept dernières tentatives.
La seule exception, c’était en 2010 face au Real Madrid… de Cristiano Ronaldo. Mais depuis, le Portugais a pris une nouvelle dimension dans la compétition, qu’il a remportée au total cinq fois.
L’OL est l’équipe que le Portugais a le plus affrontée en C1, à égalité avec l’Atlético, avec un bilan nettement à son avantage : cinq victoires, quatre nuls et une défaite.
Entre Saône et Rhône, la “Vieille Dame” n’aura qu’à suivre son guide: en grande forme, Ronaldo a enchaîné samedi un 11e match consécutif de Championnat avec au moins un but inscrit.
“Il fait évidemment partie des meilleurs de la planète. Mais il n’y aura pas de plan anti-Ronaldo car si c’était le cas, il faudrait un plan anti-Dybala ou anti-Higuain“, a expliqué l’entraîneur lyonnais Rudi Garcia.
Avec CR7 et le défenseur Matthijs de Ligt, demi-finaliste avec l’Ajax l’an dernier, la Juve possède “des as de la Coupe”, titre mercredi la ‘Gazzetta dello Sport’, qui annonce: “c’est l’heure des spécialistes”.
Pile ou face
Aujourd’hui, rares sont ceux à croire à l’exploit de Lyon. Le succès à Metz vendredi n’a pas apaisé l’ambiance autour de l’équipe, qui traîne son spleen sportif à la 7e place de Ligue 1.
Aux banderoles des virages qui se plaignent du manque de spectacle et des mauvais résultats en championnat, Aulas oppose l’argument des quatre compétitions dans lesquelles les “Gones” sont toujours en lice, une première depuis huit ans.
C’est comme si Lyon jouait sa saison à pile ou face ces prochaines semaines, pour savoir qui des supporters ou des dirigeants donnera la tonalité du bilan en mai.
Contre la Juventus, sans la pression qui lui interdit tout faux pas en Ligue 1, Lyon pourrait mieux s’exprimer dans le costume d’outsider.
La scène est belle pour les jeunes Houssem Aouar et Moussa Dembélé, eux qui aspirent aux meilleurs clubs du continent. Le retour en défense de Léo Dubois constitue une autre bonne nouvelle pour Garcia, qui attend l’occasion de briller face à un public houleux envers lui.
“Faites-nous rêver !”, titre le quotidien régional Le Progrès sur sa “une”.
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