De passage au Mali, dans le cadre d’une mission de formation en matière de chirurgie cardiaque, nous avons pu tendre notre micro à Dr. Guy Fernandez, un citoyen français reconnu comme étant un éminent chirurgien cardiaque et vasculaire.
Lisez plutôt pour mieux comprendre
Le Confident : Présentation de M. Guy Fernandez
G F: Je suis M. Guy Fernandez, chirurgien cardiaque et vasculaire. Après avoir passé les concours hospitalo-universitaires, j’ai exercé au CHU de Bordeaux de 1979 à 1989, puis j’ai créé un centre privé de chirurgie cardiaque à Bordeaux ou j’ai exercé de 1989 à 2016, j’ai également exercé au Centre Cardio thoracique de Monaco de 1998 à 2018. J’ai initialisé et participé à l’élaboration et au développement d’un centre de chirurgie cardiaque à Moscou (1999- 2001) et à Oran en Algérie (2008-2018).
En 2018 j’ai décidé de cesser mon activité en France pour me consacrer à une activité bénévole au sein d’associations humanitaire comme la Chaine de l’Espoir.
Le Confident : Parlez-nous de la mission qui vous amène en ce moment au Mali ?
G F: Il s’agit d’apporter une formation théorique et pratique dans le domaine de la chirurgie cardiaque des malformations congénitale et des lésions acquises du jeune enfant et de l’adulte. Mon domaine référent de compétence concerne les cardiopathies congénitales simples et surtout toute la chirurgie des lésions acquises.
Le Confident : Justement, est-ce que vous pouvez nous dire ce que c’est que la Chirurgie Cardiaque et depuis quand il existe au Mali ?
G F : Dans les faits, la chirurgie cardiaque existe au Mali depuis le mois de septembre 2018 grâce aux efforts et au management de la Chaine de l’Espoir et son fondateur le Pr. Alain Deloche représenté à Bamako par Madame Alice Authier qui œuvre depuis 3 ans au développement et à la pérennisation du centre Festoc dont vous connaissez probablement l’origine.
Le Confident : Est-ce que le plateau technique existant au Mali répond aux normes en vigueur ?
G F: Le plateau technique est parfait notamment le bloc opératoire et le service de réanimation sont parfaitement achalandés.
Le Confident : Combien coute en moyenne une intervention chirurgical au niveau du cœur au Mali ?
G F: Actuellement, selon les informations que j’ai, le cout varie de 2 500 000 FCFA pour une chirurgie à cœur fermé à 3 500 000FCFA pour une chirurgie à cœur ouvert, la chirurgie à cœur ouvert est beaucoup plus complexe et nécessite un matériel spécifique très couteux : appareil de circulation extra corporelle (cœur-poumon artificiel) et du matériel couteux pour effectuer le traitement des maladies qui nécessitent des prothèses. Il reste que, même si ces coûts doivent pouvoir être réduits par une discipline économique draconienne, la chirurgie cardiaque est une chirurgie couteuse, c’est également une chirurgie qui sauve des vies… quel prix pour sauver une vie ??? C’est un éternel débat même dans nos pays…
Le Confident : D’aucuns estiment que le cout de cette intervention chirurgicale est très élevé, pensez-vous que cela pourra être revu à la baisse dans les jours à venir ?
G F: Je viens de répondre : oui ! Mais cela restera couteux et de plus en plus couteux au fur et à mesure que les chirurgiens entreprendront des techniques de plus en plus élaborées
Le Confident : Ici au Mali, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontés et que proposez-vous pour y remédier ?
G F: Difficultés de financement, bien évidemment ! :
On – vous- nous ne pouvons poursuivre « la politique de l’autruche » … La Chaine de l’Espoir n’a pas et ne peut pas avoir vocation à financer indéfiniment les interventions de chirurgie cardiaque !!! :
– Elle initialise et donne les conditions pour pérenniser cette activité ;
– Elle a un budget destiné à un certain nombre de procédures pour les enfants ;
– Elle initialise les commandes de matériel et de ce que nous appelons les consommables (couteux !!!) pour progressivement passer la main à des structures locale : c’est ce qui est en train de se mettre en place ;
– Elle poursuit la formation des chirurgiens maliens de manière à les autonomiser le mieux possible : c’est la raison de ma présence ici pendant 3 semaines.
Le Confident : Comment régler ce problème ?
G F : Il faut impérativement arriver à obtenir une prise en charge de ces interventions par une forme d’assistance publique (comme c’est déjà le cas dans d’autres pays, en Algérie par exemple ou j’ai effectué de nombreuses missions). Il y a bien sûr la participation financière des patients… certains vont se faire opérer en Tunisie… J’ignore le coût.
Le Confident : Quels messages souhaiteriez-vous adresser à l’endroit des Maliens, et plus précisément vos patients ?
G F: Sur cette belle initiative de la Chaine de l’Espoir avec l’aide de la Fondation pour l’Enfance et de l’Hôpital Mères Enfant le Luxembourg, de l’association SHARE de Monaco, nous sommes en train de voir se développer une magnifique entreprise de santé publique de très haut niveau, et ce, grâce au dévouement, aux motivations inflexibles et déterminées, au désir d’apprendre et d’entreprendre de tous le personnel soignant : infirmières, infirmiers, médecins : cardiologues, anesthésistes réanimateurs, chirurgiens… alors aidez-les en mettant en valeur leur labeur quotidien et en leur faisant confiance….
Interview réalisé par Drissa Kantao
Source: Le Confident