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Azawad: Nouvel état frontalier du mali

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C’est la grande hantise des populations du nord. Elle est née de faits troublants considérés comme prémices de la partition programmée du pays. On souhaite bien que la prémonition soit juste une fausse alerte du psychisme collectif, une vue de l’esprit que les cerveaux désemparés dupliquent sans arrêt. Mais la succession de différents événements ne rassure point.

L’armée nationale du Mali n’est plus à Labezzanga et à Watagouna et aucune explication à l’abandon de ces verrous stratégiques par les FAMas n’a été donnée jusqu’à ce jour. Bien pire, les plus hautes autorités, politiques comme militaires, semblent faire sciemment un black-out total sur ce repli pour des raisons certainement inavouables. En plus, ce retrait des forces nationales a précédé des actes qui sont parés des couleurs de vaudevilles. Et si toute la démarche du président de la république et du gouvernement n’était qu’un gigantesque bonneteau? Au nord du Mali, on se pose mille et une questions auxquelles nulle réponse satisfaisante ne peut être donnée. C’est que la conduite de l’État n’est pas aisée à lire, ce qui peut s’entendre qu’elle ne va pas dans le sens du vouloir des populations. Puisque l’action est suspecte, les sentiers sont tortueux, qui désorientent pour le moins plus d’un. Mais faut-il espérer que le pouvoir donne des éclaircissements afin d’évacuer les stress, vaincre la hantise générale ? Ce serait sans doute attendre l’arrivée prochaine de petit papa Noël. Le jeudi dernier, 12 mars, un bataillon de l’armée malienne dite reconstituée, en mouvement vers la destination Ménaka, a été attaqué par un kamikaze entre Indélimane et cette localité. Deux soldats maliens sont morts et, selon une annonce du gouverneur de Ménaka, le Kamikaze a été neutralisé. L’affaire n’est pas anodine, il faut le savoir. Vue à la lumière des faits précédents, elle donne des sueurs froides. En effet, Indélimane a été, il n’y a pas si longtemps, le théâtre d’une sauvage attaque criminelle qui a coûté à l’armée nationale malienne des dizaines de morts. Et lorsque celle dite reconstituée doit traverser cette zone, c’est normalement après avoir réuni toutes les précautions idoines. Ce fut le cas quand, il y a exactement un mois, le premier contingent de cette fameuse armée reconstituée a rejoint Kidal le 13 février dernier. Celle-ci est arrivée à sa destination sans anicroche parce qu’elle était, tout le long de son parcours, sous la haute protection de plus de 200 Casques bleus. Ce qui en soit, signifiait tout simplement que toute reconstituée qu’elle est, cette armée malienne risquait gros sans la bienveillante prise en charge de sa sécurité par les forces étrangères. Réalité attristante. Moins de trois semaines après, le Premier ministre Boubou Cissé pouvait arriver à Kidal pour une visite de haut niveau qui se révélera n’être qu’aucune opération de charme, voire de saupoudrage. Il n’y a pas à ergoter là-dessus. La sécurité du Premier ministre et sa délégation a été entièrement prise en charge par la C.M.A., non seulement tout le long de sa trajectoire depuis Gao, mais durant leur présence à Kidal à partir du 5 mars. Seul bémol qu’on peut mettre, c’est que ce sont les véhicules blindés de la Minusma qui ont servi au transport de la délégation gouvernementale. Pour le reste, c’est la C.M.A. (Coordination des Mouvements de l’Azawad) seul, véritable maître de Kidal qui a tenu tout à l’oeil. C’est elle qui a posté ses tireurs sur chaque dune, sur chaque monticule et dans tous les coins de rue, pour sécuriser la « villégiature » de Boubou Cissé et ses accompagnateurs. Or, la C.M.A. ne renonce pas d’un iota à sa volonté de proclamer prochainement l’indépendance de l’Azawad. Fait significatif, le bataillon de l’armée malienne dite reconstituée arrivé à Kidal demeure cantonné, en position de faire-valoir d’un plan dont il ignore certainement le contenu. Pour les populations du nord, il n’y a plus de doute, les gouvernants sont en train de tromper le peuple malien. Les gens se posent des questions multiples. On se souvient dans la chronologie des faits que, quelques heures avant que la fameuse armée dite reconstituée sous le commandement du commandant Mamadou Keïta et sous haute et vigilante protection des Casques bleus n’amorce sa montée vers le nord, deux officiers du M.A.A. (Mouvement Arabe de l’Azawad), organisation justement pro-malienne, donc résolument opposée aux menées de la C.M.A. indépendantiste, Yoro Ould Dah et Yehia Mehri, ont été interceptés quelque part dans le Sahara et chacun des deux a été froidement abattus, de même que leurs gardes du corps. Le gouvernement, pas plus que le président de la République, n’a fait aucune annonce encore moins rendre hommage à la mémoire de ces fils défenseurs de l’intégrité du territoire national du Mali. Tant d’actes suspects procèdent certainement de touches régulières pour parvenir à la modification de la géographie nationale. Tout est pour que l’on se rende compte au débotté que l’Azawad est la nouvelle république frontalière du Mali. Notons-le à présent.

Kader Allaye Touré

Source: le combat

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