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Les humeurs de Facoh : L’usure de la classe politique malienne

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La société malienne en elle-même, jusqu’à plus récemment, était une gérontocratie dans laquelle les personnes âgées, aussi bien qu’à la ville, jouaient un grand rôle. La classe politique semble refléter cette réalité dans la mesure où depuis 1991, on ne voit que défiler sur la scène politique et dans le gouvernement les mêmes têtes aux compétences limitées. Au nom d’un rôle historique joué dans la lutte contre la dictature et le parti unique, des tocards s’accrochent à leur fauteuil de ministre ou de directeur national au détriment d’une jeunesse qui tarde à se réveiller par respect pour les dinosaures des temps anciens.

Ces fossiles de la scène politique dont le seul mérite est d’avoir lu Marx et Engels et de maitriser un peu Adam et Ricardo, sont persuadés que sans eux le ciel tomberait sur le toit du Mali. Ils ignorent que leurs dieux de la philosophie politique sont morts depuis longtemps et que maintenant ce sont l’informatique et la télématique qui gouvernent le monde. Ils refusent de se considérer, en méconnaissant les fondements du XXIè siècle auquel ils ne font pas partie, comme les néo alphabètes de ce tournant.

Reconnaissons que le phénomène n’est pas nouveau. Sous le général Moussa Traoré, peu de jeunes gens, à moins d’être d’une ascendance aristocratique, même bardés de diplômes obtenus à la Sorbonne ou à Harvard, avaient accès au gouvernement. Mais parmi ces Excellences il y avait plus de faux que vrais diplômes. A beau mentir qui vient de loin, a écrit le poète…

Les gérontes, avec leurs idées inutiles et rétrogrades, s’installèrent au pouvoir sous la IIIè République avec une petite parenthèse pour le président Alpha Oumar Konaré (1991-2002) qui osa faire un pas dans la promotion de la jeunesse mais fut vite arrêté par les forces telluriques des dieux du blo et de l’arbre à palabres. Maintenant la tare a atteint son paroxysme avec des fonctionnaires sortis du fond des âges et qui n’ont fait que falsifier leur acte de naissance à longueur d’année.

Même le sommet de l’Etat est atteint par cette maladie du rajeunissement coûte que coûte pour éviter la crasse de la retraite. On oublie qu’au village le grand âge est considéré comme un honneur et un privilège parce que tout simplement en raison des mauvaises conditions de santé et d’hygiène, tout le monde n’y a pas accès.

Les femmes ou plutôt les adeptes du mouvement de libération de la femme (MLF) qui ont feuilleté Simone de Beauvoir, luttent pour se sortir de la dictature des mâles ; les jeunes du Mali doivent en faire autant pour terrasser leurs aïeuls qui ne servant plus à rien sauf à être des prédateurs de l’Etat malien. Les vieux fonctionnaires qui se cramponnent à leur poste coûtent énormément cher à l’Etat alors que leur temps est révolu et qu’ils sont de peu d’efficacité. Pourtant beaucoup d’entre eux, surtout ceux qui ont galéré en Belgique et en France, ont écouté et admiré la chanson de Jacques Brel intitulée “Le temps de partir”.

Facoh Donki Diarra

(écrivain Konibabougou)

SourceMali Tribune

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