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A La Mecque, un pèlerinage fortement réduit pour raison sanitaire

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Le grand pèlerinage des musulmans débute ce mercredi matin à La Mecque dans un contexte inédit. Seuls les fidèles vivant en Arabie saoudite y participeront cette année, avec 70% d’étrangers et 30% de Saoudiens. L’Arabie saoudite est le pays arabe du Golfe le plus touché par la pandémie de coronavirus.

L’année dernière encore, 2,5 millions de fidèles, pour la plupart venus de l’étranger, avaient participé au grand pèlerinage de La Mecque. Cette année, crise sanitaire oblige, seuls quelques milliers sont autorisés à se rendre sur le principal lieu saint de l’islam. Malgré la résignation, la déception est grande en Arabie saoudite. Beaucoup de citoyens saoudiens et de résidents étrangers du royaume avaient encore l’espoir de participer à cette édition limitée du Hajj.

Salim Asani est l’un d’entre eux. Ce ressortissant français âgé de 40 ans et vivant à Riyad avait en effet déposé une candidature en ligne. « Il y avait un portail spécifique pour cette année sur lequel nous avons soumis notre ID et puis quelques informations d‘authentification, comme les noms et prénoms, etc. J‘avais donc déposé une candidature tout en espérant que mon épouse soit sélectionnée, car elle n‘y est jamais allée, raconte-t-il à notre correspondant régional, Nicolas Keraudren. J‘aurais donc pu être de facto l‘accompagnateur. C‘est une grosse déception. »

Les autorités saoudiennes assurent avoir mené le processus de sélection en toute transparence. L‘état de santé des participants a été le principal critère. « Il y a certainement eu aussi des critères de sélection, comme l’âge. Les personnes qui travaillent dans le secteur médical ont certainement eu aussi la priorité », avance Salim Asani. Mais dans son entourage, parmi ses voisins ou ses collègues, personne n’a été accepté.

Un pèlerinage souvent interrompu

En 14 siècles d’existence, le Hajj en tant que cinquième pilier de l’islam, a été interrompu au moins 40 fois, remarque l’islamologue et professeur à l’Inalco Mohamed Bajrafil. « Deux raisons essentielles peuvent être invoquées pour expliquer la suspension partielle ou totale du pèlerinage. Il y a eu des raisons politiques, comme il y a eu des crises sanitaires, comme celle que nous vivons cette année. »

Pour ce théologien, l’une des interruptions marquantes, les plus récentes du Hajj, était également due à une épidémie. « A la fin du XIXe siècle en Egypte, les gens ne pouvaient pas se rendre au pèlerinage, à cause d’une épidémie qui sévissait là-bas [à la Mecque]. On disait alors aux pèlerins de ne pas s’y rendre de peur d’attraper une maladie ».

Mais ce sont les guerres musulmanes fratricides qui sont à l’origine des plus longues interruptions du Hajj. « Il y a eu en l’an 64-65 de l’hégire, des tensions qui ont conduit à la destruction de la Mecque [de la Kaaba] par les Omeyyades. A partir de l’an 317 de l’hégire, pendant plus d’une dizaine d’année d’affilée le pèlerinage va être totalement suspendu ». Autant d’illustrations, qui prouvent selon Mohamed Bajrafil que cette énième interruption du Hajj, « n’a rien d’exceptionnel ». « Nul besoin donc de lui donner une interprétation apocalyptique d’une colère divine, comme le font certains musulmans », conclut l’universitaire.

Les pèlerins sélectionnés ont été testés avant leur arrivée à La Mecque et seront placés en quarantaine après la fin du rituel.

RFI

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