Au Royaume-Uni, les parlementaires font leur rentrée ce mardi et l’ambiance sur les bancs de Westminster risque d’être électrique alors que le gouvernement de Boris Johnson traverse une passe difficile. Sa gestion de la pandémie est toujours aussi critiquée et son parti dévisse dans les sondages face à l’opposition travailliste.
De notre correspondante à Londres,
C’est une chute vertigineuse pour les conservateurs qui ont perdu 26 points dans les sondages en cinq mois et se retrouvent désormais à égalité avec le Labour avec 40% des intentions de vote pour la première fois depuis l’été 2019 et l’arrivée de Boris Johnson au pouvoir. À l’époque, rien ne semblait résister au leader conservateur qui avait d’ailleurs remporté une victoire sans conteste aux législatives de décembre.
Mais depuis la crise sanitaire, le vent a définitivement tourné. Le Royaume-Uni est le pays le plus endeuillé d’Europe avec plus de 41 000 morts et le gouvernement Johnson a été sévèrement critiqué pour ne pas avoir mesuré le danger que représentait le coronavirus et avoir tardé à protéger le pays face à l’ampleur de la pandémie. Il paie aussi le prix de nombreux revirements embarrassants concernant les mesures de confinement, de quarantaine, de dépistage ou encore la réouverture avortée des écoles en juin. Sans oublier l’évaluation jugée injuste des examens des A Levels, l’équivalent du baccalauréat, et qui a due être revue à la hausse face au tollé général.
Crainte d’une deuxième vague
La rentrée s’annonce donc compliquée pour le cabinet Johnson qui va devoir gérer un potentiel rebond du virus que l’on redoute pour cet hiver tout en tentant de sauver l’économie du pays dévastée par la pandémie. Le PIB a en effet subi une chute record de plus de 20% au second trimestre, la pire en Europe. Pour compliquer un peu plus la donne, le gouvernement devra aussi gérer la mise en œuvre effective du Brexit fin décembre avec son lot de perturbations.
Mais dans l’immédiat, c’est la rentrée des classes en Angleterre cette semaine qui donne de nouvelles sueurs froides à son ministre de l’Éducation, Gavin Williamson que l’on dit désormais sur un siège éjectable après un énième cafouillage. Après avoir martelé pendant des semaines que les écoles étaient sûres pour calmer les inquiétudes des enseignants et des parents, le ministre a changé les consignes à la dernière minute à la veille du week-end, et exige désormais le port du masque dans les couloirs de certains établissements secondaires.
La grogne monte dans la majorité
Officiellement, Boris Johnson conserve le soutien de son parti, mais la grogne monte parmi les députés de la majorité conservatrice qui sont loin d’être impressionnés. Ils s’inquiètent de plus en plus ouvertement d’une gestion chaotique des dossiers et d’un Premier ministre qui semble naviguer à vue et réagit toujours avec un train de retard.
Qui plus est, ces élus conservateurs n’apprécient pas les grands coups de barre à gauche décidés par Boris Johnson pour atténuer les effets économiques et sociaux de la pandémie. Ils s’alarment notamment d’une possible hausse importante des impôts, idée sacrilège au sein du parti Tory. Et ces députés sont d’autant plus inquiets que ce climat d’incertitude actuel profite grandement à l’opposition travailliste qui commence à donner de la voix et marquer des points sous la houlette de son nouveau dirigeant Keir Starmer.
RFI