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Développement : L’Afrique face aux risques

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La vulnérabilité de l’Afrique est accrue par son sous-développement. Elle est de ce fait le continent le plus exposé aux risques :

– Risques liés aux catastrophes naturelles, telles des sécheresses, mais aussi tempêtes, inondations, séismes, éruptions volcaniques, voire phénomènes exceptionnels (tel dégazage brutal dans le lac de Nyos, qui tua plus de 1.000 personnes au Cameroun, en 1986). Si l’Afrique s’identifie dans les médias aux sécheresses et aux famines, l’excès d’eau y pose au moins autant de problèmes que le manque d’eau. De nombreuses villes vivent ainsi «les pieds dans l’eau».

– Risques liés aux catastrophes anthropiques. C’est la désertification, au déboisement et à la dégradation des terroirs que l’on pense immédiatement lorsqu’on évoque l’Afrique, parce que ce continent est resté largement rural et que la population en forte croissance continue de dépendre, pour sa subsistance, des prélèvements effectués sur le milieu naturel, de façon incontrôlée et sans préoccupation de ménager l’avenir.

Mais les activités minières et pétrolières, la forte croissance des villes et l’apparition de métropoles géantes font que se posent aussi en Afrique tous les problèmes de pollution liées aux activités d’extraction, à l’industrialisation et à la prolifération urbaine.

La faiblesse des Etats, l’absence de réglementation, ou la difficulté de les faire appliquer, expliquent que les acteurs économiques mènent des activités prédatrices pour le milieu naturel, rejetant sans contrôle les résidus de leur activité dans l’air et la nature. Le problème de la contamination des eaux de surface se pose de façon croissante dans les villes que dans les campagnes. Cette question du risque lié à l’eau sera l’objet du chapitre 7.

«La terre n’est pas ce que nous avons hérité de nos ancêtres mais ce que nous avons emprunté à nos enfants», cette maxime de Saint-Exupéry, qui fondent aujourd’hui les réflexions sur le développement durable, prend donc toute sa signification lorsqu’on examine la question de l’exposition aux risques de l’Afrique, particulièrement forte en raison de la pauvreté d’une grande partie de sa population et du manque des moyens de ses administrations.

Mais il s’ajoute, dans ce continent, une vulnérabilité particulière, liée non seulement à l’absence, ou aux carences, des politiques de prévention des risques- de prévention et non de prévision, car de nombreuses sécheresses ou inondations sont annoncées souvent des semaines, voire des mois à l’avance, mais aussi à une négligence particulière des structures d’encadrement face aux risques.

Les catastrophes naturelles et les drames humains qu’elles engendrent sont trop souvent présentés comme une fatalité. Et  s’ils sont acceptés, c’est parce qu’ils remplissent souvent une utilité politique- en mobilisant les crédits et les moyens de l’urgence, en renforçant le pouvoir des structures d’encadrement.

Les terribles coulées de boue qui ravagent périodiquement les quartiers populaires d’Alger et multiplient les sans-abri ne sont nullement inévitables et les pénuries alimentaires ne dégénèrent en famines que lorsque le processus d’assistance soit n’a pas été mis en œuvre, soit a été délibérément enrayé. En Afrique, la catastrophe est trop souvent «utile», nous le verrons dans le chapitre 8 consacré au risque alimentaire.

Cette instrumentalisation politique des sécheresses, des guerres et autres catastrophes pose la question de l’insertion de l’Afrique dans la mondialisation, qui sera l’objet de notre dernier chapitre.

Contrairement aux thèses néomalthusiennes, les civilisations africaines, malgré le tribut qu’elles paient aujourd’hui au sida et autres endémies meurtrières, telles le paludisme, ne sont nullement condamnés au sous-développement.

Totalement inséré dans la mondialisation, même si c’est souvent comme un passager clandestin, le continent se caractérise aujourd’hui par l’ampleur des mobilités et des recompositions qui l’animent.

Et il n’est plus l’angle mort de la diplomatie internationale, depuis le 11 septembre 2001, qui lui a permis de retrouver ses rentes- rente stratégique, rente des matières premières, rente des financements privés. Espace pionnier à tous les sens du terme, l’Afrique est aujourd’hui un continent en réserve de développement.

Sylvie BRUNNEL, «L’Afrique»

 

Source: L’inter de Bamako

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