Le Mali sous IBK, pas besoin de faire une évaluation de sa gestion. Quatre années passées, les faits sont inédits. Jamais sous le Mali indépendant, l’on est tombé si bas. L’Etat titube. Tous les secteurs sentent les conséquences du pilotage à vue. Pas de programme clair capable de résoudre les attentes des populations. IBK et son équipe, une fois actifs, se sont fait remarquer par la dilapidation des acquis. Corruption, favoritisme, impunité… voilà à quoi le Mali sous IBK ressemble.
Et pourtant depuis le moment des campagnes présidentielles, je m’étais donné pour devoir de lui faire comprendre que gérer le Mali n’est pas aussi facile comme il le prétendait. J’avais abordé ses faiblesses et forces. Je l’avais prévenu de ranger ses mauvaises habitudes au regard de sa chance à l’époque. Arrêter d’accuser ses prédécesseurs comme s’ils sont les premiers ennemis de la République, arrêter aussi de tout faciliter par la parole. Je l’avais clairement dit que la posture qu’il adoptait, s’il ne fait pas attention, allait faire de lui le plus mauvais président de l’histoire du Mali. Qu’il allait tout perdre : l’amour de son peuple, l’estime des partenaires et que les rebelles du nord allaient prendre le dessus sur l’Etat malien.
Mes observations se manifestent malheureusement sur le terrain à travers plusieurs maux. Le sud, le centre, le nord, le pouvoir central semble perdre le contrôle de l’Etat. Les choses vont de mal en pis. Au-delà de la corruption, le favoritisme, l’impunité, l’insécurité a envahi le Mali tout entier. Plus un jour ne passe sans entendre des attaques dans une partie du Mali. Toujours morts d’hommes (militaires et civiles), des matériels emportés. Aucune mesure de taille afin d’endiguer le fléau. Le phénomène s’exacerbe, grossit davantage le lot des orphelins chaque jour que Dieu fait. Dans le lot de ce deuil interminable, les conflits intercommunautaires s’invitent. Eleveurs et agriculteurs s’affrontent, s’entretuent sous le regard coupable d’un Etat incapable de dire le droit et maintenir un climat de paix et de vivre ensemble entre communautés appelées forcement à vivre ensemble.
Le nord qui est le foyer de ce bain de sang devenu le quotidien des Maliens se trouve aujourd’hui dans l’incertitude avec l’installation des autorités intérimaires dans les cinq régions. Tensions entre groupes armés, entre groupes armés et l’Etat, entre l’Etat et les populations. Tous ceux-ci interpellent l’Etat dans sa politique de sortie de crise qui n’arrange finalement personne. Les groupes armés veulent arracher à tout prix leur part du gâteau, les populations s’inquiètent de l’installation des responsables de leurs malheurs pendant des années comme représentants légitimes. Elles se battent aussi pour préserver leur dignité, leur patriotisme, foulés au pied par des hommes qui ne vivent que par le sang.
Au-delà de ces malaises patents, l’Etat n’a plus le contrôle de ces fonctionnaires. Cette poignée de la population malienne s’indigne de nos jours compte tenu de la politique du sourd muet adoptée par le régime à son endroit. Les syndicats : éducation, magistrats, greffiers, affaires étrangères… l’Etat refuse de satisfaire leurs doléances et au même moment des milliards du contribuable malien prennent d’autres destinations que celle de la construction d’un Mali avec pour vision l’émergence.
Evaluer IBK revient toujours à égrener les maux de la société. Il en a créé par milliers et ce qui amène des Maliens à douter si la personne d’IBK n’est pas la source même de nos malheurs ?
IBK a commis trop d’erreurs aux conséquences fatales. Il lui reste quelques mois. Je le lance encore cet appel par patriotisme : Ecouter, accepter pour sauver le Mali. Car il y a encore un peu de chance.
Boubacar Yalkoué
Source: Le Pays