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Situation sécuritaire et politique du Mali : Les propositions de l’ancien ministre PARENA, Mahamadou Dallo Maiga

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Le Mali est un pays dont l’histoire est auréolée par les grands et rayonnant empires de l’ère médiéval et des royaumes de l’époque moderne. Les brillantes civilisations qui ont été façonnées ont marqué de l’histoire l’humanité toute entière.

Après l’accession à l’indépendance en 1960, le régime du président Modibo KEITA a planté les jalons d’un État moderne par la création des écoles, la formation massive des cadres de l’administration, les sociétés et entreprises d’Etat, etc. Il fut stoppé dans cet élan de construction nationale par le putsch du CMLN de novembre 1968 conduit par le lieutenant Moussa TRAORE.

En mars 1991, le mouvement démocratique met fin à 23 ans de dictature et d’immobilisme de GMT consacrant ainsi la démocratie pluraliste. Cependant, les nouveaux gouvernants de l’ère démocratique vont pécher dans l’enrichissement illicite, la corruption et le laisser-aller malgré, les nombreuses potentialités humaines, économiques et l’espoir mis en eux pour mettre le pays sur le chemin de l’espérance. Ils déçoivent les  populations bravant la pauvreté et la misère, pire, aujourd’hui, le terrorisme nouveau et les bandits-maison qui tuent. L’Etat a perdu ses marques avec plus des 2/3 du pays pratiquement abandonnés.

Pendant les deux premières républiques, de 1960 à 1991, le Mali était respecté, sa voix s’entend partout de par le monde. Dans le domaine de la défense et de la sécurité, rares sont les pays de la région Afrique qui peuvent faire face au Mali, peut-être le Nigeria et l’Afrique du Sud ou l’Algérie. C’est à l’avènement de la démocratie, moment de libertés et d’éclosion d’idées progressistes, que la défense et la sécurité ont été sabordées et mises en mal. Où est donc parti ce solide arsenal de guerre ? Les autorités de la 3ème république l’ont certainement détruit ou bradé. Le domaine des forces armées et de sécurité est devenu une passoire pour caser les sans-emplois de façon népotique, un lieu de business, le comble de malheur pour un pays qui se construit. Ne nous parle-t-on pas des officiers supérieurs milliards ? C’est exécrable ! Tout y est.

Reflet de la gestion nationale, l’administration malienne est aussi devenue un gouffre à fonds perdus où, les détournements des deniers publics sont légion courante. Le dernier régime IBK, le pire de la démocratie, a sonné le glas de l’Etat dans la gabegie et la mégalomanie nonobstant les nombreuses sorties populaires pour l’en dissuader. Sourd, muet et aveugle, il fut chassé par les militaires laissant un pays exsangue et de chaos avec d’énormes défis à relever sur ce qu’il y a de plus essentiel : sécurité, éducation, santé, justice, équité, emplois, intégrité territoriale, conflits intercommunautaires, etc. Faisons le souhait que la présente transition dirigée par les militaires conduise le pays à bon port.

Pays d’agriculture, d’élevage et de pêche, arrosé par les deux plus grands fleuves de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal et le Niger, le sous-sol regorge d’innombrables ressources minières non encore exploitées. Il dispose également de nombreux bassins pétroliers promoteurs. Avec l’or, aujourd’hui, le Mali occupe la quatrième place en Afrique, apportant 25% de recettes budgétaires, entre 200 à 250 milliards, devant le coton et le bétail. Un budget, mal géré, qui cumule annuellement plus de 2 000 milliards de francs FCFA. Le dernier budget de 2020 était de 2 472,348 milliards.

Le secteur informel occupant la majorité des masses laborieuses et le nouveau domaine des télécommunications, avec la téléphonie mobile, sont promoteurs de richesses et faiblement exploités par l’Etat. Que de riches potentiels !

Pourquoi, avec ce riche passé de tant de grandeur, de puissance et de beauté, ce potentiel de richesses non encore exploité avec des ressources humaines de génie, le Mali tombe ci-bas ? Grande et profonde question à explorer.

Tentons, à présent, de voir les questions saillantes du moment pour faire projection sur l’avenir face à l’adversité que nous imposent les temps présents. Construire une vraie démocratie, le triomphe de la démocratie, l’unité, la paix, la sécurité, le travail créateur de richesses et un monde meilleur pour le bonheur de tous.

Ma vision pour sortir le Mali de la déchéance, pour ramener l’espoir et la paix des cœurs.

Au préalable, c’est revoir radicalement notre stratégie de défense et de sécurité. Au premier plan, nos accords avec la France. Il est important de faire le bilan de guerre asymétrique menée depuis plusieurs années mais, qui a abouti jusque-là à peu de résultats. Aujourd’hui, les populations sont pratiquement abandonnées à elles-mêmes, au Nord et au Centre, comme ça ne l’a jamais été. Elles le clament journellement. Notre partenaire, la France est à bout de ses capacités et ne peut pas à elle seule assurer la sécurité. Nous devrons penser, inventer une nouvelle forme sécuritaire avec de nouvelles forces en comptant sur nous mêmes, l’aide des autres vient toujours en appoint. Aide-toi, le ciel t’aidera ! Personne ne voudra mourir à votre place. C’est un impératif de l’heure ! Nous devrons être plus créatifs en comptant sur notre génie. Dans ce cadre, rien n’est à négliger, la sécurité se construit localement en prenant compte des forces vives des localités concernées qui connaissent mieux le terrain et le terroir et, qui peuvent y veiller quotidiennement. La sécurité ne peut pas être assurée totalement avec les FAMa d’aujourd’hui et les forces partenaires. La stratégie est à construire en tenant compte des réalités locales et spécifiques en fonction des moyens techniques et financiers à déployer (les modes de sensibilisation, recrutement, formation militaire, renforcement des capacités, équipes sur terrain, équipements matériels et mise en œuvre du/des modes opérationnels de sécurité, coordination avec les fama, suivi des entrées et des sorties des localités, prises en charge financières sont à définir et à adapter selon les réalités zonales et de terrain. Ils ne peuvent être techniquement dévoilés ici). L’engagement dans ces actions de proximité est une exigence de l’heure et un devoir pour assurer la sécurité des personnes et des biens.

Deuxième axe, c’est travailler au rétablissement de la réconciliation entre tous les fils du pays, du Nord au Sud et de l’Ouest à l’Est, qui doivent prendre leur responsabilité vis-à-vis des uns et des autres, mais aussi vis-à-vis du pays et du monde. Il n’est pas acceptable que, devant tant de défis à relever aux plans sécuritaire, économique, sanitaire, de lutte contre la pauvreté, devant les problèmes d’éducation et de l’école, nous n’arrivions pas à nous entendre. Nation pluriraciale, pluriethnique, pluriculturelle depuis des centaines d’années, la stigmatisation ne sied pas entre nous. Nous disposons d’un large éventail d’expériences de résolution des conflits devant être mise en œuvre en tenant compte des réalités du terrain.

Le troisième axe, le plus important, c’est asseoir une nouvelle gouvernance de rigueur basée sur le travail bien fait avec des gouvernants qui imposent probité morale et équité. Dans ce cadre, le président de la République, au premier chef, assurera l’exemple pour mettre chacun sur la voie du renouveau dans la gérance et la gouvernance, un nouveau départ des comportements qui tranche avec ce que nous avons connu jusque-là. Les membres du gouvernement et de l’administration devront être suivis et jugés, semestriellement, sur la base des résultats obtenus. Le sacrifice ultime s’impose à chacun de nous, le demander à chacun

et que chacun se l’impose, pour mettre le Mali sur la voie de la renaissance et du renouveau. C’est la seule voix de salut. À cœur vaillant, rien d’impossible ! Le nouveau leader doit incarner cette stature pour redonner confiance et espoir au Mali.

Quatrième axe, c’est travailler sur l’éducation des masses populaires, la morale, la refondation des mentalités qui, aujourd’hui, n’incarnent pas nos valeurs d’antan et ne peuvent aucunement nous permettre de sortir du gouffre. Ce travail de reconversion et de renaissance du pays incombe à tous les fils du Mali, sans exclusive. Paysan, artisan, commerçant, cadre de l’administration publique ou privée, le devoir fait appel à votre engagement pour porter le Mali dignement plus haut. Vous ne pouvez aucunement vous y dérober et rester à attendre que tout vienne des autres. Ce qui nécessitera un programme ambitieux d’éducation citoyenne. Un des premiers devoirs citoyens, c’est de nous donner l’obligation d’aller voter (même si le vote n’est pas obligatoire) pour élire les dirigeants qui décideront de notre devenir sans considération de race ou d’ethnie, sans  argent, mais tenir uniquement compte de la probité morale du candidat et de son engagement pour le pays. Les maliens sont habitués à prendre l’argent facile des candidats pour aller voter. C’est un acte immorale, non patriotique qui ne construit pas et qui conduit à la déchéance. Cela a conduit à la tricherie et au vol. Il faut en sortir ! Que peut construire de noble un voleur ? Rien que la désolation. Nous sommes à ce niveau, aujourd’hui. Les voleurs sont adulés dans nos sociétés, ventés et encouragés à voler d’avantage. Des millions et des milliards sont subtilisés des fonds publics, de façon quotidienne, à des fins personnelles par des personnes qui sont sensés être des bâtisseurs, des gens auxquels l’Etat est confié. Comment construire avec de tels dirigeants ? À qui la faute ? À nous tous qui le avons élus, installés et continuons à les soutenir. C’est abjecte, immonde et criminel ! C’est assez ! Il faut arrêter cela, chers compatriotes, si vous souhaitez construire un pays prospère pour sortir de la pauvreté et de la misère. Il n’y a pas d’autre voix de salut. Pour sortir de ce système de prédation, c’est poursuivre, dans une justice de rigueur, les auteurs impénitents en recouvrant les biens à fin de redonner vie et confiance à l’Etat. C’est aussi  choisir les plus consciencieux et mettre en place des réformes de protection du bien public. Les nations qui avancent sont celles qui savent tirer des leçons de l’histoire. Que faire ? C’est, d’abord, nous organiser à choisir les meilleurs d’entre nous, accepter des sacrifices pour les mettre en place et exiger d’eux, ensuite, morale et vertu des engagements pris pour la construction nationale. Les apprentis sorciers n’apporteront que retard et désolation. Le Mali pourra sortir de ce mauvais pas, Inchallah ! Pour sauver la nation, il nous faut un vrai leader à valeur d’exemples, tel le Président Modibo KEITA désintéressé de l’accaparement du bien public mais, engagé dans le combat des nations respectées. Nous devrons œuvrer inlassablement à l’avènement de cet homme, un républicain exemplaire, digne de confiance, qui craint Dieu, qui a peur du “hakee ou alhakou”, la crainte de faire du tord à autrui, qui fera abstraction de tout ce que nous avons connu de mauvais jusque-là. Les maliens dans leur ensemble, au dedans et au dehors, debout sur les remparts, doivent sortir, de façon forte, avec abnégation pour élire cet homme nouveau.

Cinquième axe, c’est procéder à la mise en œuvre d’un plan de relance économique et sociale pour l’emploi des jeunes dans le divers domaines et secteurs de productions, surtout alimentaire, et du développement industriel. Les projets d’entreprises promoteurs d’emplois apportant une valeur ajoutée et produisant les meilleurs résultats devront être sélectionnés et financés. Ceci favorisera la création de nouveaux pôles de développement durables dans les toutes les régions du pays avec accompagnement, contrôle et sécurité de l’Etat. Hormis Bamako et périphéries, aujourd’hui, dans le reste du pays, devant la désolation, les forces vives, en grande majorité, sont à l’exode dans d’autres contrées ou pays. La construction du terroir et du pays exige leur retour. L’espérance est à ce prix, il faut y croire ! Ce combat se mènera inlassablement avec méthode et exigence de réussite. Il est principalement pour la jeunesse, l’espoir de demain ! Jeunes du Mali, le pays fait appel à vous tous ! Levez-vous et faites le sacrifice pour le sauver ! Vous ne devrez pas échouer !

Mahamadou Dallo MAIGA

22 Septembre

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