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Mission d’évaluation au Mali : La CEDEAO saura-t-elle encadrer la transition jusqu’au bout ?

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Un peu plus de trois mois après la prestation de serment du président de la Transition, Bah Daw, une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) était, depuis le 11 janvier 2021 et ce pour deux jours, à Bamako pour une évaluation de la situation.

À l’agenda de l’équipe de l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, des rencontres non seulement avec les autorités de la Transition et la classe politique, mais aussi avec des acteurs majeurs du processus électoral devant conduire le pays à des élections présidentielle et législatives au terme des dix-huit mois de transition prévus, pour signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que la CEDEAO a de la suite dans les idées ; elle qui s’était déjà invitée au débat sur les rives du fleuve Djoliba et avait tapé du poing sur la table, à l’effet de tenir le pouvoir hors de portée de la soldatesque qui a mis, une fois de plus, un coup d’arrêt à la démocratie avec le coup de force du 18 août dernier contre le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK). Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Au final, en lieu et place d’une transition purement civile exigée par l’institution communautaire, c’est une équipe hybride de civils et de militaires qui a été mise en place pour conduire la Transition.

Avec cette mission d’évaluation, l’institution sous-régionale veut garder un œil sur la transition au Mali

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur pour ne pas en rajouter à la souffrance des populations et à la difficulté de la situation d’un pays déjà sous embargo, la CEDEAO accepta pratiquement du bout des lèvres, le compromis des Maliens avec les tombeurs d’IBK qui ont réussi le tour de force de garder leur influence dans les instances transitoires, qui plus est, à un niveau élevé de représentativité, notamment à la vice-présidence de l’État et à la tête de l’organe législatif. En faisant avec les institutions de la transition mises en place, la CEDEAO ne voulait certainement pas être plus royaliste que… les Maliens. Mais avec cette mission d’évaluation qui a, à s’y méprendre, toutes les allures d’un marquage à la culotte, tout porte à croire que l’institution sous-régionale veut garder un œil sur la transition au Mali, afin qu’elle ne dévie pas de son objectif premier qui est de conduire le pays à des élections libres et transparentes, dans le délai imparti, pour le retour exclusif des civils au pouvoir. C’est de bonne guerre. Surtout quand on connaît l’attachement de l’institution sous-régionale à la défense de la démocratie dans son espace communautaire, même si elle donne parfois l’impression de ramer plus dans le sens des intérêts des têtes couronnées que de ceux des populations des zones concernées. Cela est important face aux appétits gargantuesques de pouvoir de la junte militaire malienne qui a tout fait pour rester aux affaires, proposant au passage une transition de trois ans avant de remettre le pouvoir aux civils. Si ce n’est pas une volonté de balayer la maison pour mieux s’y installer, cela y ressemble fort. Et tout le monde l’aura compris, y compris les Maliens qui commencent à douter de la noblesse des intentions des tombeurs de Kankélétigui.

Les hommes de Kati ont montré qu’ils ont plus d’un tour dans… leur musette

La question est maintenant de savoir si la CEDEAO saura encadrer la Transition malienne jusqu’au bout, et surtout si elle saura recadrer les choses en cas de besoin. C’est tout le mal qu’on lui souhaite. D’autant que de par le passé, elle a su montrer qu’elle savait se faire respecter, comme ce fut le cas en Gambie avec Yahya Jammeh. Et dans le cas du Mali, cela est d’autant plus impératif que les hommes de Kati ont non seulement montré qu’ils n’étaient pas aussi dés intéressées du pouvoir qu’ils voulaient le faire croire, mais surtout qu’ils ont plus d’un tour dans… leur musette pour garder la main sur la situation politique à Bamako.  En tout état de cause, avec cette nouvelle mission d’assistance et de bons offices, la CEDEAO est dans son rôle. Il appartient aussi aux Maliens de l’aider à les aider à sortir de la meilleure des manières, de cette situation d’État d’exception, en s’impliquant fortement dans le processus pour éviter des dérapages potentiellement préjudiciables à la bonne marche de la Transition. Pour cela, le respect des délais est un impératif et c’est maintenant qu’il faut s’y prendre, pour éviter les surprises désagréables. Car, plus la transition durera, moins le pays s’en portera mieux en raison des importants défis à relever, à commencer par le défi sécuritaire qui n’a jamais vraiment disparu et qui a même connu une revitalisation de l’activité terroriste au Centre et au Nord du pays avec de nombreuses pertes en vies humaines. A côté de cela, le récent accord entre groupes armés au Nord pour l’administration de la localité d’Aguelhok et la libération des quatre ex-otages contre l’élargissement de centaines de prisonniers djihadistes, paraissent un bien maigre lot de consolations à l’actif des acteurs de la Transition. C’est dire si après le départ poussif de la Transition malienne avec la mise en place des différents organes dans les conditions que l’on sait, la CEDEAO est bien partie, sans le dire ni vouloir le laisser paraître, pour en jouer les gendarmes. Parviendra-t-elle à marquer le tempo de cette marche à pas forcés vers le retour à l’ordre constitutionnel normal ? On attend de voir.

A. Diallo

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