La volonté affichée des colonels au pouvoir de mettre en œuvre intégralement l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger divise les Maliens. Certaines actions allant dans le sens de cette mise en œuvre effective, dont la nomination des membres du Conseil Consultatif Interrégional de la Zone de Développement des régions du Nord, a frustré certains Maliens qui ont déjà créé un front de refus. Certains soutiens même de la Transition haussent le ton et disent « non » à la mise en œuvre intégrale de l’-accord jugé « illégal » par bon nombre de citoyens.
L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Voilà le document dont la mise en œuvre intégrale divise les Maliens depuis sa signature en 2015 ! Si sa mise en œuvre intégrale est perçue, par les séparatistes et la communauté internationale, comme un moyen incontournable pour le retour de la paix et du vivre ensemble, beaucoup de Maliens pensent le contraire. Ceux-ci voient d’ailleurs au document qu’ils jugent « illégal » un instrument de partition du Mali. C’est pourquoi ils demandent sa révision.
Les autorités de la transition sont-elles favorables à la mise en œuvre intégrale de cet accord
Même si le régime IBK qui a signé l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était réticent par rapport à la mise en œuvre intégrale du document, les ex-putschistes, les éléments du CNSP, semblent être dans la logique d’aller à la mise en œuvre intégrale de cet accord.
Pendant que les Maliens attendent la relecture de cet accord comme a demandé le DNI qu’ils (les ex-putschistes) ont promis de prendre en compte les recommandations, leurs actions vont dans le sens de la mise en œuvre intégrale du document. C’est en tout cas ce que leur reprochent les membres du Front de refus de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. « Depuis le 16 décembre 2020, nous constatons avec regret que les autorités activent à la mise en œuvre intégrale de cet accord illégal et illégitime », ont indiqué les membres du nouveau mouvement qui ont laissé entendre que la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger, version 2015, aboutira « sans aucun doute à la dislocation de la République du Mali ». Pour les membres de ce nouveau front, dont Ibrahima Kébé, la mise en œuvre de l’Accord en l’état est impossible et inacceptable.
En plus des membres de ce front, un des soutiens de la transition, Nouhoum Sarr est sorti de son silence pour s’opposer à cette volonté de ses « amis » officiers. « Le Bureau politique national du parti Front africain pour le Développement (FAD) a constaté avec stupéfaction, la signature par le ministre de l’Administration territoriale d’un arrêté en date du 31 décembre 2020, portant nomination des membres du Conseil Consultatif Interrégional de la Zone de Développement des régions du Nord », a déploré le FAD dans un communiqué publié cette semaine. Après s’être insurgé « contre cette décision qui marque une fuite en avant dans la mise en œuvre de l’accord antinational issu du processus d’Alger », le FAD a condamné sans réserve « l’attitude aventurière du ministre de l’Administration territoriale et rappelle son opposition ferme a toute application de l’accord en l’état ». Ce n’est pas tout, le parti s’est dit déterminé à « empêcher l’application de l’accord antinational issu du processus d’Alger ». Il a même mis en garde les autorités de la transition contre toute tentative de passage en force.
Pour sa part, la coalition contre la partition du Mali ‘’IGDAH-Mali TE TILA’’ s’oppose à la mise en œuvre intégrale de l’Accord et invite les autorités transitoires à aller vers la relecture du document. Aussi, des hommes politiques dont Dr Choguel Kokalla Maiga, ont toujours dénoncé cet accord et réclamé sa relecture.
Si les autorités transitoires n’écoutent pas toutes ces voix qui s’opposent à la mise en œuvre intégrale de cet accord et s’entêtent dans leur décision, il faut s’attendre à des manifestations. Et beaucoup de leurs alliés risqueront de retourner contre elles.
Boureima Guindo
Le Pays