Quand la gestion d’un Etat se résume à un banal partage de gâteau, le patriotisme et le devoir citoyen passent pour des manœuvres pour parvenir à ses fins. Hormis les pères de l’indépendance, ils sont rares aujourd’hui les cadres de haut niveau et les personnalités hors de soupçon à cause des pratiques politiques et judiciaires en cours depuis fort longtemps dans ce pays. La république paye présentement le prix de la duplicité et de l’affairisme qui a investi tous les domaines. L’absence de cohésion et d’unité nationale face à la crise qui secoue le pays depuis 2012 est l’une des illustrations de la profonde fracture engendrée par tant d’année de mauvaise gouvernance et l’absence d’éthique politique. Ainsi, c’est courant au Mali de rencontrer des leaders se réclamant de l’opposition avec un langage partisan de la mouvance présidentielle et vis versa. Dans le milieu politique et social par extension, cette confusion fait la fierté de certains au nom de la vérité et de la transparence ! Le pacte du partenariat est une notion mis à profit pour conserver les avantages et privilèges sur les différents tableaux. Décidément, la solidarité politique et l’accompagnement revêt d’autre sens propre à l’élite du pays. L’opinion selon laquelle tous les politiciens et les leaders d’opinion sont les mêmes, tire sa substance de cette pratique en cours depuis la chute du premier régime et qui s’étend à tous les domaines sociaux du pays. Tout comme le poisson pourri par sa tête, l’état de santé général de la république dépend des pratiques initiées par les gestionnaires de sa destinée. La transhumance politique et les retournements de veste sont encore vivaces dans la mémoire collective. Elle constitue toutes des pratiques qui ont fait croire que la politique n’est pas une question de conviction mais plutôt celle des opportunités. Pourtant, l’homme politique est par définition le porteur de projet social et l’artisan des valeurs du futur. La tentation de partager la responsabilité des échecs du pays dans les domaines : sécuritaire, économique et éducatif …entre les hommes politiques et la population, est une manœuvre de diversion qui produit malheureusement des effets à l’avantage des hommes politiques. Ce sont les politiques qui ont la charge de présenter un modèle social, économique, éducatif, sécuritaire …Et pour la réalisation de ces projets, ils disposent des ressources du pays, mais aussitôt élu, ils s’affranchissent des populations et rangent les promesses de campagnes au fond des tiroirs. Le seul choix qui reste aux populations est le regret de leur choix ! C’est aussi cela l’une des réalités Maliennes. Quel héritage politique disposons-nous. Le Mali du général Moussa Traoré est accusée d’avoir introduit la corruption et la délinquance financière dans le pays. Celui du président Alpha O Konaré a donné naissance aux premiers milliardaires. Les deux derniers sont accusés d’avoir fait la promotion de l’impunité. Le Mali traverse une période de crise de confiance caractérisées par les séries de polémique que le pays connait sur fond de médisances avérés ou fictives qui n’épargnent personne. Pourrait-il en être autrement.
Après plus d’une cinquantaine d’année d’indépendance, la gestion du pays est loin d’être satisfaisante aux yeux de la grande majorité qui ne voit que des figures familières se relayent à la tête du pays avec les mêmes pratiques.
Aujourd’hui, il est plus que nécessaire que l’on se rende à l’évidence que tous les problèmes qui assaillent le pays prennent leur source dans la politique de duplicité et d’affairisme, consacré comme mode de gouvernance et d’activité à l’échelle du pays. Dès lors, le besoin d’un nouveau départ revendiqué d’ailleurs par la population s’impose aux hommes politiques. Pour faire taire les polémiques, force doit être donné à la justice. Une justice réellement indépendante est seule gage de la stabilité et de la transparence.
Bouba Sankaré
Source: Le Forum