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Visite du pape en Irak: la diplomatie de la réconciliation

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Le pape François

Premier déplacement à l’étranger depuis quinze mois, ce voyage apostolique est une première pour le chef de l’Église catholique sur cette terre où la Bible situe la naissance d’Abraham. Le pape François souhaite inviter les différentes communautés au dialogue et à la réconciliation. Il s’agit également de soutenir les minorités chrétiennes sur place.

De notre envoyé spécial,

Le voyage en Irak du pape avait failli se faire fin 1999, juste avant le grand jubilé de l’an 2000. Jean-Paul II, à l’époque, avait fait part de son souhait de fouler la terre où, selon les écritures, est né Abraham, patriarche dont se réclament les traditions juive, chrétienne et musulmane. Mais à l’époque, la diplomatie fut plus forte. Les États-Unis ont fait pression pour dissuader le pape polonais de se rendre chez Saddam Hussein, l’ennemi numéro un de Washington.

Mais les Américains craignent que le régime irakien ne manipule le voyage pontifical à des fins politiques. C’est finalement Bagdad qui fera part au Vatican que le voyage du pape n’est plus opportun, laissant le rêve de Jean-Paul II s’ensabler dans le désert. Benoît XVI n’avait pu, lui non plus, se rendre dans le pays, traversé par la guerre. François va donc pouvoir réaliser le vœu de son prédécesseur. « Le peuple irakien nous attend, on ne peut le décevoir une deuxième fois », a-t-il expliqué mercredi 3 mars à l’issue de son audience générale, montrant sa détermination.

Un voyage symbolique 

Le pape François va visiter une terre marquée par des années de guerre et de terrorisme pour y faire résonner un message de paix et de réconciliation. Le pape l’a dit dans un message vidéo à destination des Irakiens : « Je viens comme un pèlerin pour implorer du Seigneur le pardon et la réconciliation après des années de guerre et de terrorisme ».

Parmi les moments marquants, il y a cette rencontre prévue à Ur, la ville d’Abraham, le père des trois monothéismes pour une rencontre interreligieuse, mais aussi – et c’est une première – une rencontre privée avec l’ayatollah al-Sistani dans la ville sainte de Najaf, berceau du chiisme. Après avoir tendu la main aux sunnites en signant le document sur la fraternité humaine avec le grand imam d’Al Azhar, le pape va donc ouvrir un dialogue avec l’autre branche principale de l’islam, majoritaire en Irak.

François vient aussi, bien sûr, donner un message de réconfort aux chrétiens d’Irak dont le nombre a fondu comme neige au soleil en raison de la guerre et des persécutions du groupe État islamique. Le pape qui a également évoqué la minorité yazidie, elle-même aussi particulièrement persécutée par l’État islamique…

Un contexte sanitaire tendu

La pandémie de Covid-19 n’épargne pas non plus l’Irak. Depuis plusieurs semaines, les Irakiens vivent sous couvre-feu et les déplacements d’une province à l’autre ont été suspendus en raison de l’augmentation des cas de contagion. Beaucoup, y compris à Rome, ont pensé que ce voyage pontifical en pleine pandémie arrivait au mauvais moment, mais les précautions ont été prises. Les organisateurs du voyage se sont assurés que sur les sites où est attendu le pape, les règles sanitaires de distanciation pourront être respectées.

L’une des hantises du pape et du Saint-Siège est que ce voyage se transforme en « bombe virale » et accélère la progression du virus en Irak. François, lui-même, tout comme sa délégation et tous les journalistes qui couvrent le voyage arrivent en tout cas vaccinés contre le Covid-19 (le Vatican l’a exigé), mais la situation sanitaire reste quand même très fragile. Le nonce apostolique à Bagdad (le représentant du Saint-Siège sur place) est lui-même positif et rien ne dit que la joie des Irakiens de recevoir François pourra être compatible avec les mesures sanitaires les plus strictes.

RFI

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