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Chine, Japon, Corée, Inde… l’Asie, priorité de la diplomatie américaine

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Le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, est au Japon, première étape d’un voyage en Asie avec le ministre de la Défense, Lloyd Austin. Puis, les deux hommes iront en Corée du Sud. Lloyd Austin se rendra ensuite en Inde. Quant à Anthony Blinken, il rencontrera des diplomates chinois en Alaska.

La présidence Trump avait été particulièrement imprévisible envers la région : on se souvient que les Japonais comme les Sud-Coréens se demandaient s’ils allaient continuer à profiter de la protection militaire d’un allié américain qui leur demandait de payer encore plus pour la présence de soldats américains sur leur sol. « Le fait que les États-Unis choisissent l’Asie pour ce premier voyage à l’étranger, c’est fait pour rassurer les alliés », analyse Valérie Niquet, responsable du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique. Les rassurer par rapport à la Chine, car en cette année du centenaire du Parti communiste chinois, il semble que « pour les dirigeants chinois, ça y est, la Chine est une puissance extrêmement forte et elle a les moyens de s’affirmer. S’il n’y a pas des signaux clairs qui dissuadent ou qui font prendre conscience à Pékin du risque qu’il prendrait s’il se lançait dans une aventure militaire, on risque véritablement des dérapages », estime la spécialiste. Qui, pour autant, relève que du côté des alliés des Américains dans la région, les attentes sont quelques peu ambiguës : « Ils veulent des États-Unis très engagés, très fermes sur la Chine. Et de l’autre côté, ils ne veulent pas de conflit commercial, pouvoir faire des affaires, ne pas avoir de tensions qui montent trop ».

Économie et technologie
Cela tombe bien : en plus de mettre à jour la défense militaire face à la Chine, les États-Unis veulent aussi parler économie et technologies lors de ce voyage. Car « aujourd’hui, la “guerre” avec la Chine, si ce n’est pas celle qu’on mène avec un ennemi mais avec un compétiteur stratégique, comme l’administration Biden aime à le rappeler, elle se joue sur le plan technologique », rappelle Maud Quessard, de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. Les Américains doivent, pour cela, se rapprocher encore plus « des géants de la tech asiatiques, et donc de la Corée du Sud et du Japon », sachant que « quand on parle d’alliance technologique, on ne parle pas forcément de l’État fédéral américain, mais plutôt des grandes entreprises multinationales, capables de créer des alliances parallèles avec ces pays. » Et la chercheuse de souligner que vendredi dernier lors du Quad (le dialogue sur la sécurité entre les dirigeants des États-Unis, du Japon, de l’Australie et de l’Inde), « il a aussi été question de s’entendre pour acheminer les vaccins dans cette région du monde ». Maud Quessard y voit une autre manière « de concurrencer le géant chinois en créant de nouveaux types d’alliances », ici pour faire face à la crise sanitaire.

Droits de l’homme et économie
Jeudi, Anthony Blinken a déjà prévu une discussion « franche » avec les diplomates chinois sur les droits humains (la situation à Hong Kong, celle des Ouïghours, etc.), et sur la circulation dans un « espace Indo-Pacifique libre et ouvert ». Mais avec les États-Unis, la Chine voudrait, elle aussi, parler économie et hautes technologies. Pékin demande ainsi à Washington de revenir sur les mesures prises par Donald Trump « qui gênent énormément Pékin en matière commerciale, mais également en matière de transfert de technologies », explique Valérie Niquet, parce que « cela a mis en évidence que, derrière le discours sur la superpuissance de l’innovation, la Chine était encore aujourd’hui extrêmement dépendante technologiquement de ses partenaires extérieurs, et en particulier de la puissance américaine ». Mais ce retour en arrière n’arrivera pas, estime la chercheuse. D’ailleurs, pour les États-Unis, cette rencontre est une prise de contact, Washington insiste sur le fait qu’elle n’est « pas si importante que cela ».

Avoir les moyens de ses ambitions
Pour autant, cette volonté des États-Unis de faire face à la Chine avec une présence militaire et économique en Asie a un coût. Et les États-Unis sont plutôt mal en point, voire « exsangues », selon Maud Quessard, du fait de la crise économique qui les frappe, liée aussi à la pandémie, et d’investissements militaires dans d’autres régions du monde. Il va donc falloir « être intelligents dans le jeu d’alliances », estime la chercheuse, qui remarque que « l’atout, peut-être, de l’administration démocrate, c’est d’avoir, contrairement à l’administration Trump, un certain nombre d’hommes et de femmes d’expérience qui ont déjà été à la manœuvre dans bon nombre de négociations, que ce soit dans le volet sécuritaire ou militaire, ou le volet économique. »

RFI

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