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Antiterrorisme : ce qu’il faut savoir des mesures en Afrique de l’Ouest

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DATA. Un an après l’attaque à Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, les pays d’Afrique de l’Ouest ont pris des mesures exceptionnelles. Quelles sont-elles ?

Il est acquis dans les esprits que les terroristes sont partis pour frapper partout et à tout moment. La diversité des sites attaquées l’illustre bien. D’abord le bar La Terrasse et l’hôtel Radisson Blu à Bamako le 20 novembre 2015, puis l’hôtel Splendid à Ouagadougou, le 15 janvier 2016, idem à Arlit et à Agadez au Niger. Dernier épisode macabre : l’attentat de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire, le 13 mars 2016. À toutes ces attaques, un point commun. Elles ont été revendiquées par le même groupe terroriste, al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et sa brigade locale al-Mourabitoune, laquelle est dirigée par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.

Les forces de sécurité sur les dents

Aujourd’hui, le continent se prépare à de nouveaux assauts. Des mesures exceptionnelles ont été prises : l’état d’urgence a été décrété au Mali ; la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont renforcé leurs patrouilles de police et de gendarmerie, et des renforts sont également postés en permanence devant les grands hôtels des capitales ouest-africaines. Pour tenter d’y voir plus clair, Le Point Afrique a étudié les lois antiterroristes en vigueur dans les pays de la région.

La coopération régionale se met en place

« Depuis des années, le terrorisme est un fait permanent dans le Sahel. La France et les Occidentaux sont clairement visés », explique-t-on dans les milieux des experts des questions terroristes. « L’épilogue a été l’occupation du nord du Mali. Les terroristes ont ensuite été chassés par l’opération Serval, mais des petits groupes se sont formés, puis se sont organisés en faisant notamment des opérations kamikazes un peu partout dans la région sahélienne », indique-t-on. C’est dire que les pays d’Afrique de l’Ouest étaient donc conscients de cette menace depuis longtemps. La Côte d’Ivoire, par exemple, a adopté en juillet 2015 une loi antiterroriste renforçant les pouvoirs de la police et des services de renseignements. Une batterie de mesures a également été prise, notamment le renforcement des patrouilles dans certains lieux sensibles. Parallèlement, la formation des militaires à la riposte terroriste a été accélérée.

Face à la menace djihadiste, la coopération régionale est un levier essentiel. Dans cette perspective, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger ont constitué le G5 Sahel. Créée en 2014, l’organisation fait de la sécurité et du développement son cheval de bataille. Même si quelques méfiances persistent entre les différents services de renseignements, un meilleur partage des informations (identification d’individus, mouvements transfrontaliers…) est en bonne voie. « Le G5 est encore à ses premières années, mais pour le moment la coopération est très bonne entre les États », défend Abdoul Salam Diagana, porte-parole de la plateforme de coopération. Il poursuit que « la volonté politique commune et affirmée de nos chefs d’État est très importante aujourd’hui pour éradiquer le terrorisme ».

Le G5 Sahel se consolide

Alors que les groupes terroristes opèrent en passant d’un pays à l’autre pour mener des attaques, le G5 Sahel se dote d’outils régionaux et planifie régulièrement des opérations conjointes avec le soutien de l’opération Barkhane. Dernière opération en date : « Gabi », mobilisant près de 300 militaires maliens, burkinabè et français entre le Mali et le Burkina Faso. Le groupe a également fait part de quelques projets ambitieux comme la rédaction d’un « annuaire cartographique » répertoriant les numéros les numéros de téléphone portable des militaires des deux côtés d’une même frontière ou encore la création du Centre sahélien d’analyse des menaces et d’alerte précoce, soutenu par l’ONU.

Cette ambition attire d’autres États de l’Ouest africain menacés par Aqmi. « Il appartient à nos chefs d’État de décider de leur intégration”, explique Abdoul Salam Diagana. Mais pour le moment, nous nous contentons de cinq pays », dit-il. Ce qui n’empêche pas les collaborations externes, à l’instar du Mali et de la Côte d’Ivoire. À la question de savoir ce qu’il en est de l’efficacité du G5 Sahel, le porte-parole répond par une pirouette : « Les États-Unis ont tout, mais le pays n’est pas à l’abri du terrorisme. La France, la Belgique, les États européens ont également tout, mais on ne peut pas mettre un gendarme devant tout le monde. Le terrorisme frappe là où il veut et de façon aveugle. »

 Publié le 09/05/2016 à 13:37 | Le Point Afrique

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