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Libération du pétrolier sud-coréen par l’Iran: les dessous d’une brouille diplomatique

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Le ministère iranien des Affaires étrangères a confirmé la libération du pétrolier sud-coréen saisi le 4 janvier dernier pour pollution maritime dans la région du Golfe persique. C’est l’épilogue d’une crise diplomatique entre le l’Iran et la Corée du Sud et dans laquelle les États-Unis n’ont pas fait que de la figuration.

De notre correspondant à Téhéran,

« Après la fin de l’enquête (…) et à la demande du propriétaire du navire et du gouvernement sud-coréen, le procureur a ordonné la libération du navire », a déclaré Saïd Khatibzadeh, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères. « Le capitaine et le navire n’avaient pas de précédent de délit (de pollution maritime) dans la région, ce qui a favorisé la décision du procureur », a ajouté le porte-parole.

En janvier dernier, la marine des Gardiens de la révolution avait saisi le pétrolier sud-coréen le Hankuk Chemi, pour cause de pollution maritime. Le navire avait été escorté jusqu’au port de Bandar Abbas avec sa vingtaine de membres d’équipage.

Très vite, les médias iraniens avaient alors évoqué un différend entre Téhéran et Séoul sur plusieurs milliards de dollars d’avoir iraniens bloqués dans les banques sud-coréennes en conformité avec les sanctions américaines imposées par l’ancien président Donald Trump depuis 2018, date à laquelle les États-Unis ont quitté l’accord nucléaire de 2015 conclu avec les grandes puissances.

En février, l’Iran avait autorisé tous les membres d’équipage à l’exception du capitaine à quitter le pays pour des raisons humanitaires, mais la plupart étaient restés à bord afin d’assurer la maintenance du pétrolier.

L’Iran était l’un des principaux fournisseurs de pétrole et de produits dérivés de la Corée du Sud, mais sous la pression des États-Unis, Séoul a cessé ses importations et bloqué les avoirs iraniens, qui sont entre sept et neuf milliards de dollars. De son côté, la Corée du Sud exportait des voitures ou des produits électriques et électroniques vers l’Iran et contrôlait une partie du marché iranien. Ce qui a cessé depuis, le gouvernement iranien manquant d’argent pour importer des produits étrangers, notamment des voitures étrangères qui sont interdites d’entrée dans le pays.

Négociations en sous -marin

Des avoirs iraniens, estimés à plusieurs milliards de dollars, sont également bloqués dans d’autres pays sous la pression de l’ancien gouvernement américain qui avait opté pour une politique de « pression maximale » contre Téhéran pour obliger le pays à réduire son programme nucléaire et balistique et changer sa politique régionale. Mais Téhéran a refusé de céder et, contrairement aux attentes des Américains, a relancé son programme nucléaire, notamment en faisant de l’enrichissement à 20% alors que selon l’accord de 2015 il doit se limiter pendant au moins dix ans à un enrichissement inférieur à 4%.

Des négociations non officielles se sont déroulées ces derniers mois entre Téhéran et Séoul pour trouver une solution à la fois pour libérer le pétrolier sud-coréen mais aussi permettre le déblocage des avoirs iraniens.  Début mars, la Corée du Sud a annoncé avoir trouvé une solution pour débloquer une partie des avoirs iraniens mais attendait le feu vert de Washington. Les médias iraniens ont alors parlé d’un milliard de dollars. Mais le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait dit que Washington s’y opposerait à moins que la République islamique ne se conforme à nouveau pleinement à l’accord international sur le nucléaire iranien. Téhéran a également rejeté une telle solution en exigeant le déblocage de la totalité des avoirs iraniens.

L’Iran est durement frappé par les sanctions américaines imposées depuis 2018. Le nouveau président américain Joe Biden, qui avait affirmé lors de sa campagne électorale être favorable au retour des États-Unis au sein de l’accord nucléaire, n’a pas encore levé les sanctions imposées par son prédécesseur malgré les espoirs que son élection avait créé en Iran.

Le Premier ministre Chung Sye-kyun à Téhéran

L’économie iranienne est exsangue. Les exportations du pays qui étaient de l’ordre de deux millions et demi de pétrole par jour après l’accord de 2015, étaient descendues à moins d’un million, voire même 500 000 barils, en décembre dernier. L’inflation atteint les 50% et la valeur de la monnaie iranienne a fortement chuté ces dernières années. Un dollar américain valait 30 000 rials en 2018, il vaut aujourd’hui 250 000 rials. Une chute vertigineuse qui a eu des effets inflationnistes sur tous les produits, en particulier de consommation courante, touchant de plein fouet les couches les plus défavorisées de la population.

Les négociations actuellement menées à Vienne entre l’Iran et les puissances du groupe 4+1 (Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et indirectement avec les Américains qui sont présents dans la capitale autrichienne, ont-elles permis de débloquer la situation pour permettre de libérer le navire sud-coréen et en même temps les avoirs iraniens dans les banques sud-coréennes? Beaucoup le pensent. En effet, sans l’accord des États-Unis, Séoul ne veut pas prendre le risque d’une telle décision. La question est de savoir si la libération du navire sud-coréen fait partie d’un accord plus large entre l’Iran et les États-Unis sur le dossier nucléaire.

En effet, Téhéran a grandement besoin d’avoir accès à ses avoirs bloqués à l’étranger pour permettre de desserrer l’étau sur son économie. Selon des médias sud-coréens, le Premier ministre Chung Sye-kyun est attendu à Téhéran du 11 au 13 avril prochains. Si cette information est confirmée, Téhéran pourrait espérer un déblocage de ses avoirs.

RFI

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