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Vaccins anti-Covid-19: les laboratoires contre la suspension de leurs brevets

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Lever les brevets sur les vaccins contre le Covid-19 reviendrait-il à lever les obstacles dans la lutte contre la pandémie ? Des États, des ONG mais aussi des prix Nobel et des anciens chefs d’État le pensent. Les appels se multiplient pour que l’OMC accepte de suspendre les droits de propriété intellectuelle, comme le demandent l’Inde et l’Afrique du Sud. À l’occasion de la Journée mondiale de la propriété intelectuelle, ce lundi 26 avril, les fabricants de vaccins, eux, affirment que les priver de leurs brevets ne changera pas la face de la pandémie.

Suspendre les brevets ou forcer le transfert technologique ne permettra pas de produire une seule dose de vaccin anti-Covid 19 de plus et risque même d’avoir l’effet inverse, ont mis en garde les laboratoires pharmaceutiques.

« Aujourd’hui nos équipes travaillent 7 jours sur 7 à faire du transfert de technologie avec nos partenaires, soutient Stéphane Bancel, le PDG de Moderna au micro de Jérémie Lanche notre correspondant à Genève. Si je devais les assigner sur des transferts de technologie supplémentaires, nous ne serions plus en capacité de fabriquer le milliard de doses que nous avons prévu de livrer cette année. »

« De plus, poursuit le patron français de Moderna, nous sommes déjà à la fin avril. Il y a en ce moment une grosse augmentation de la production de vaccins. Nous sommes déjà sous tension pour nous approvisionner. Donc s’il y a plus d’acteurs qui demandent des matières premières, ça ne va pas améliorer la situation. Si nous [suspendons les droits de propriété intellectuelle] maintenant, cela n’aura aucun impact sur [le nombre de vaccins] en 2021. Cela aura un impact en 2022, mais cela ralentira notre capacité à augmenter nos livraisons pour cette année. »

Pénurie d’ingrédients pour la fabrication des vaccins

Selon Thomas Cueni, président de la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique (IFPMA), cité par l’AFP, 275 accords de production ont déjà été conclus entre laboratoires, parfois entre rivaux, pour atteindre l’objectif de 10 milliards d’ici la fin 2021.

Mais le problème, selon lui, n’est pas tant la propriété intellectuelle que les barrières douanières ou la pénurie de certains ingrédients et outils qui peuvent stopper net la production. Plus d’une centaine d’ingrédients entrant dans la fabrication de vaccins sont difficiles à se procurer à l’heure actuelle.

► À lire aussi : Vaccins anti-Covid-19: la solidarité internationale au ralenti

Inégalité vaccinale

Pour les partisans d’une suspension temporaire des droits de propriété intellectuelle, c’est pourtant le meilleur moyen de multiplier les sites de production et de mettre enfin un terme à la criante inégalité vaccinale, qui voit les pays riches immuniser de larges proportions de leur population quand certains pays pauvres n’ont accès qu’à très peu de doses.

Ce vendredi encore, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a répété que les vaccins « sont un bien public ». Pretoria est avec New Delhi à l’origine de la proposition sur les brevets auprès de l’OMC, et les deux capitales ont désormais le soutien de nombreux pays, ONGs et personnalités. Mais le dossier est dans l’impasse.

La directrice générale de l’OMC est elle favorable au développement d’accords de « licence volontaire » de fabrication de vaccins, comme l’a fait AstraZeneca avec le Serum Institute of India en Inde.

« Battons-nous ensemble contre le nationalisme vaccinal et montrons que protéger la propriété intellectuelle ne se fait pas au détriment des vies humaines », a plaidé Cyril Ramaphosa lors d’un événement organisé par l’OMS.

RFI

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