Plus d’une cinquantaine de bateaux de pêche français sont ce jeudi matin devant le port Saint-Hélier, la capitale de l’île anglo-normande de Jersey. Les pêcheurs français menacent aussi de bloquer l’accès des ports français aux bateaux britanniques. En toile de fond, le dossier de la pêche, la grosse arrête post-Brexit.
Poussée de fièvre ce jeudi matin dans les eaux fraîches de la Manche. La ministre de la Mer, Annick Girardin appelle Londres à revenir sur les restrictions imposées aux pêcheurs français alors que des dizaines de bateaux ont fait route ce jeudi matin vers le port de Saint-Hélier à Jersey.
C’est la publication des licences de pêches dans les eaux britanniques de Jersey a mis le feu au poudre : 41 autorisations sur 344 demandes. Certains bateaux travaillant dans ces eaux depuis des décennies se voient refuser l’accès. D’autres ont le droit mais pour quelques jours à l’année autant dire quasiment rien. La plupart pêchent 70% de leurs coquillages et fruits de mer dans les eaux appartenant à l’île anglo-normande.
Alors le bras de fer a commencé pour un blocage pacifique et symbolique du port de Saint-Hélier. On est encore trop tendre, explique un marin breton à notre envoyé spécial à Saint-Malo, Alexis Bedu. Il faut frapper plus fort. Il faut leur mener la vie dure économiquement, nous dit-il.
Des patrouilleurs français et britanniques sont également sur zone et veillent au grain. « Avec une cinquantaine de pêcheurs sur zone forcément on a préféré prépositionner ces deux bâtiments », a indiqué de son côté une porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la Mer du Nord. La mission des deux patrouilleurs (Athos pour la gendarmerie maritime Athos et Thémis pour les Affaires maritimes) est d’assurer « la sécurité de la navigation et la sauvegarde de la vie humaine en mer ». A quelques brasses de là, deux navires de la Royal Navy ont également été déployés pour « surveiller la situation », selon un porte-parole du ministère de la Défense britannique, évoquant « une mesure strictement préventive en accord avec le gouvernement de Jersey ».
Des blocages de toutes les importations britanniques sur ces côtes françaises se préparent. C’est déjà le cas à Granville en Normandie où pas un bateau anglais ne peut accoster. Une délégation de pêcheurs français sera reçue par les autorités de Jersey demain vendredi. Si les licences ne sont pas élargies, des blocages des ports ferry sont envisagées.
Mercredi, le président du comité régional des pêches de Normandie Dimitri Rogoff avait assuré qu’il ne s’agissait pas de bloquer Saint-Hélier, mais de « marquer le coup ». Mardi, la ministre française de la Mer, Annick Girardin, avait assuré que la France était prête à recourir à des « mesures de rétorsion » si les autorités britanniques continuaient à restreindre l’accès des pêcheurs français aux eaux de Jersey. Devant l’Assemblée nationale, elle a fait allusion à des répercussions éventuelles sur le « transport d’électricité par câble sous-marin » qui alimente l’île depuis la France.
