Accueil Afrique Le Conseil paix et sécurité de l’UA doit se positionner sur le...

Le Conseil paix et sécurité de l’UA doit se positionner sur le cas tchadien

123
0
PARTAGER

Au Tchad, la journée a été calme, ce dimanche 9 mai, après les violences qui ont marqué les rassemblements organisés, samedi, à Ndjamena et dans tout le pays, par la coalition citoyenne Wakit Tama. L’Union africaine se penche, à partir de ce lundi, sur la question d’éventuelles sanctions contre le régime tchadien.

Avec nos envoyés spéciaux à Ndjamena, David Baché et Julien Boileau

Réunion décisive sur le Tchad ce lundi matin au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba. Le Conseil paix et sécurité qui n’était pas parvenu à s’accorder sur une ligne de conduite (sanctions ou pas) fin mai après le décès d’Idriss Déby Itno et la prise du pouvoir par le Comité militaire de transition, doit se pencher ce matin sur le rapport de mission, mission qu’il avait envoyée dans ce pays en vue de recueillir les éléments qui devaient le guider dans ce choix. La réunion qui se tient en visio-conférence doit débuter officiellement à 10h GMT

Après une dizaine de jours au Tchad, la Mission de l’Union africaine a déjà déposé son rapport sur le bureau du Conseil paix et sécurité qui l’a mandaté. Selon nos sources, il « préconise » que l’organisation africaine déroge exceptionnellement à ses principes et accompagne la transition au Tchad. Il faut tenir compte du fait que ce pays « est un verrou essentiel contre le terrorisme en Afrique et qu’il est fragile ».

Ce rapport pose aussi des conditions au Conseil militaire de transition qui a pris le pouvoir au Tchad, histoire de faire passer la pilule à ses détracteurs. Il s’agit notamment d’un respect strict d’une transition de 18 mois maximum, de l’organisation d’un dialogue nationale inclusif qui aboutirait sur un partage du pouvoir entre militaires et civils, comme cela s’est fait au Soudan.

Mais rien n’est joué d’avance. Le Conseil paix et sécurité de l’Union africaine a envoyé fin avril sa mission au Tchad parce qu’elle ne parvenait pas à s’accorder sur une position commune. Certains pays, surtout d’Afrique australe, sont farouchement opposés à ce qu’il y ait une « exception » tchadienne, selon nos sources. Ils continuent de prôner une suspension du Tchad de l’Union africaine en raison de la prise de pouvoir par ce qu’ils qualifient de « coup d’État militaire ».

Que dira l’UA de la journée de samedi ?

Lors de leur séjour tchadien, les membres de la délégation de l’Union africaine avaient rencontré les nouvelles autorités, à commencer par le chef du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby, fils de l’ancien président, les partis d’opposition, les organisations de la société civile, les diplomates en poste à Ndjamena ainsi que les représentants des organisations religieuses. Objectif : veiller à la bonne marche de la transition en cours.

Hors micro, un ministre du nouveau gouvernement de transition, proche de l’ancien régime, ne cache pas le peu de cas qu’il fait d’une possible suspension du Tchad des instances dirigeantes de l’Union africaine qui n’a pas le pouvoir de prendre des sanctions économiques.

Une suspension constituerait cependant un mauvais signal envoyé aux autres partenaires internationaux du pays mais ce ministre sait aussi pouvoir compter sur l’éternel et important moyen de pression du Tchad : sa présence militaire au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, élément clef de la lutte contre les groupes jihadistes dans ces zones.

Par ailleurs, la manifestation, prévue samedi 8 mai dans la capitale pour protester contre les autorités de transition mises en place après la mort d’Idriss Déby, a été empêchée par les forces de l’ordre. La coalition citoyenne déplore une dizaine de blessés dont trois graves et une cinquantaine d’arrestations sur l’ensemble du territoire. Pas de chiffres du côté des autorités mais le procureur de Ndjamena confirme une vingtaine d’arrestations dans la capitale et un manifestant blessé par balle réelle.

Aussi, que retiendra l’Union africaine de la journée de samedi ? Le geste du gouvernement de Transition qui avait autorisé la manifestation, sous certaines conditions (conditions rejetées par la coordination citoyenne Wakit Tama qui ne reconnaît pas les nouvelles autorités) ? Ou bien la répression violente des rassemblements, des rassemblements moins importants que lors de la précédente marche, signe d’essoufflement ou conséquence logique de la répression policière ?

RFI

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here