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Covid-19: une troisième dose de vaccin est-elle vraiment indispensable?

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Pennsylvania Commonwealth microbiologist Kerry Pollard performs a manual extraction of the coronavirus inside the extraction lab at the Pennsylvania Department of Health Bureau of Laboratories on Friday, March 6, 2020.

Début mai, Moderna présentait des résultats d’efficacité d’un protocole vaccinal incluant une troisième dose. Son patron a, par ailleurs, déclaré à plusieurs reprises que celle-ci lui semblait nécessaire. A quoi servirait-elle ? Pourquoi s’embarrasser d’une troisième dose de vaccin, alors que ceux disponibles actuellement sont très efficaces avec seulement deux injections ?

Une fois encore, il est question de durée de la protection. Le temps passant, le nombre d’anticorps induits par la vaccination décroît. Cela dit, ils ne constituent pas la seule composante de notre système immunitaire. Ce qu’on appelle les lymphocytes B mémoire jouent également un rôle important. Comme leur nom l’indique, ils gardent en mémoire les infections passées et sont capables de se mobiliser très efficacement si l’agent pathogène revenait frapper aux portes de l’organisme.

Malheureusement, dans ce cas, il leur faut quelques jours pour se mettre en ordre de bataille. Parfois, c’est notamment le cas pour le SARS-CoV-2, ce délai est trop long pour prévenir efficacement une réinfection. Il faut donc trouver un moyen pour les maintenir stimulés. « Il ne faut pas attendre que ce soit le virus qui déclenche cette production d’anticorps », explique Jean-Daniel Lelièvre, chef du service immunologie clinique et maladies infectieuses de l’hôpital AP-HP Henri-Mondor à Créteil, en banlieue parisienne. « C’est le vaccin qui doit faire remonter leur niveau. C’est d’autant plus important qu’en dehors de cet effet sur les anticorps, les lymphocytes B mémoire maturent au cours du temps. Il vient d’être démontré que quand vous allez faire une troisième dose de vaccin, vous allez remonter les anticorps dirigés contre la souche initiale, mais également contre les variants. Il n’y a alors pas besoin de faire un vaccin spécifiquement dirigé contre les variants. »

Si la troisième dose peut ainsi présenter un réel intérêt, reste à savoir quelle forme elle peut prendre. Les laboratoires poussent, logiquement, pour utiliser la même que lors des deux premières injections. Ce n’est pourtant pas automatique, et un essai clinique vient d’être lancé au Royaume-Uni pour tester l’efficacité d’une combinaison de vaccins. « Malgré ce que disent Moderna et Pfizer, ils n’auront sans doute pas suffisamment de vaccins pour couvrir l’ensemble de la planète. Leurs vaccins sont également plus chers », précise Jean-Daniel Lelièvre. « Si vous avez exactement la même efficacité en faisant deux Pfizer et un rappel avec un vaccin protéique, comme on l’imagine, vous augmentez les chances d’avoir une vaccination efficace avec tout type de plate-forme ». Cette stratégie, le « prime boost hétérologue », a également l’avantage de simplifier énormément la logistique de la campagne de vaccination en multipliant les possibilités. Par ailleurs, cela peut également être plus efficace qu’une vaccination dite homologue avec le même produit utilisé pour chaque injection : « On utilise, par exemple, des prime boost hétérologues sur certains vaccins comme celui contre le pneumocoque. On utilise deux vaccins différents pour la première injection et le rappel. Ce sont des choses qui sont connues, et qui sont utilisées », explique Jean-Daniel Lelièvre.

Des anticorps dans le lait maternel
Quel est l’effet de la vaccination sur l’allaitement ? Une étude publiée dans le JAMA, le journal de l’association américaine de médecine a suivi un groupe de 84 femmes allaitantes, complètement vaccinées par le produit de Pfizer/BioNTech. Un premier échantillon de lait a été prélevé avant la vaccination, puis d’autres régulièrement six mois durant. Les auteurs ont découvert que les anticorps produits par la mère se retrouvent in fine dans son lait. Aucun effet indésirable sévère n’a été noté chez les bébés ou les mamans. Il reste cependant à déterminer si le pouvoir très neutralisant de ces anticorps peut procurer une immunité à l’enfant ; ce sera l’objet de prochaines études.

Les confinements ont réduit la pollution de l’air
Alors que les effets délétères, notamment psychologiques, des différents confinements mis en place autour de la planète depuis plus d’un an et demi commencent à être bien documentés, certains effets bénéfiques sont tout de même observés. Une diminution des émissions de gaz à effet de serre a ainsi été relevée en 2020. Dans le même registre, on lit dans la revue Science que les émissions de gaz polluants ont également, assez logiquement, diminué. Les auteurs se sont intéressés à celles de dioxyde d’azote, un polluant atmosphérique émis notamment par le trafic routier. À l’aide notamment de données satellites, ils ont pu mesurer depuis l’espace quels sont les endroits où cette baisse était la plus marquée. Les chercheurs sont ainsi parvenus à calculer qu’environ 32 000 morts prématurées à cause de cette pollution ont été évitées. Une nouvelle preuve de l’importance de lutter au quotidien contre ces gaz polluants. En France, on estime en effet que 40 000 personnes en meurent chaque année.

RFI

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