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Grève de l’UNTM : quand le manque de tact du pouvoir exécutif amplifie la crise malienne

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Au Mali il est de notoriété publique que le gouvernement badine avec ses engagements pris jusqu’à ce qu’il se retrouve entre le marteau et l’enclume. Ce regrettable constat s’illustre de belle manière avec la grève de l’union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) entamée le lundi 17 mai 2021. En effet le 23 avril 2021, le Bureau exécutif de cette centrale a tenu à la Bourse du Travail, dans la salle Bakary Karembé, une session extraordinaire dans l’optique d’une analyse de la situation générale du Mali placée sous le sceau de l’objectivité, de la responsabilité et de l’engagement des travailleurs à ne jamais transiger sur les questions nationales.

A l’issue de cette session extraordinaire, le Bureau exécutif s’est résolu à déposer sur la table du gouvernement un préavis de grève de 96 heures reconductible, compte tenu entre autres de la désinvolture du gouvernement face aux grilles salariales, aux primes et indemnités accordées à des catégories de fonctionnaires qui créent des écarts de traitement , donc des discriminations contre lesquelles l’UNTM avait déjà protesté par des journées de grève du mercredi 09 janvier au vendredi 11 janvier 2019.

Les effets néfastes de la privatisation ayant entrainé des liquidations d’entreprises dont la COMATEX-SA en vue, la réticence à mettre en œuvre le procès-verbal de conciliation du 05 février 2021 entre le gouvernement et les autorités de la Transition, le conseil national du patronat du Mali (CNPM) et l’union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), ainsi que   l’indélicatesse  du gouvernement sortant , depuis le 14 mai dernier dans son approche et sa communication avec l’UNTM ajoutée à la lenteur dans la mise en œuvre du procès-verbal de conciliation du 05 février 2021 , auront retenti à l’UNTM et chez son secrétaire général comme une mauvaise foi des pouvoirs qui avaient pourtant toute latitude de satisfaire certaines doléances salvatrices.

D’une part, beaucoup de personnes adhèrent à la cause de l’UNTM en ce sens que ses 7 points de revendications reposent sur des accords dument conclus et signés, excepté le point 5 qui porte sur le retour à leurs postes respectifs des 22 travailleurs du ministère de l’administration territoriale relevés suite à la grève du 09 novembre au 22 décembre 2020. D’autre part, bon nombre de Maliens admettent difficilement que le gouvernement prétexte de la situation exceptionnelle de transition pour amener l’UNTM à plus de retenue alors que le train de vie des autorités frise l’opulence et ne s’amoindrit d’un pouce.

Le vendredi 21 mai 2021 donc, la centrale et ses partenaires syndicaux ont tenu un point de presse à la Bourse du Travail pour d’abord se réjouir du respect du mot d’ordre de grève suive à 98% dans les régions et 96% dans le district de Bamako. Et les responsables de l’UNTM de saluer la forte mobilisation de leur base. Ils ont par ailleurs relevé que le gouvernement et le patronat du Mali n’ont fait aucune proposition de sortie de crise et ne manifestent aucun intérêt pour la mise en œuvre des mesures de poursuite et de renforcement du dialogue social proposées par la délégation syndicale de négociation.

Par conséquent, la 2ème phase du préavis, prévoyant une nouvelle grève de 05 jours entrera effectivement en exécution. Mais le coup de force militaire inopiné ayant entre temps eu raison des autorités avec une dissolution du gouvernement à la clé, l’UNTM a dû surseoir à son mot d’ordre de grève jusqu’à une normalisation de la situation. La triste évidence est qu’aujourd’hui le Mali agonisant trouve la force de se donner encore en spectacle aux yeux du monde.

La preuve le syndicat autonome de la magistrature (SAM) a profité de son point de presse, la semaine passée, qui s’inscrivait dans le cadre d’une clarification des contours méconnus du terme « outrage aux magistrats », pour lancer des piques d’inimitié et particulièrement intimidantes à l’UNTM. Et que dire alors de ce 2ème coup de force militaire à l’intervalle de 9 mois ? De toute façon, la belligérance naissante entre les syndicats de différentes corporations du pays ne peut qu’approfondir l’excavation dans laquelle le Mali est tombé. Quoi qu’il en soit, le futur gouvernement aura du pain sur la planche et doit tout entreprendre pour avoir une autre approche que celle de ses prédécesseurs.

Affaire à suivre

Ousmane Tiemoko Diakité

SourceLe Témoin

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