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Brésil: la police accusée de faire régner un «apartheid» dans les favelas

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La Commission Arns, qui défend les droits de l’homme au Brésil, lance un appel aux Nation unies pour faire la lumière sur une opération policière meurtrière le 6 mai dans une favela de Rio de Janeiro. Vingt huit personnes sont mortes, un policier et 27 habitants. La commission parle d’exécutions sommaires et d’une police raciste.

« La police militaire à Sao Paulo et à Rio de Janeiro, ce sont les champions du monde, ironise Paulo Sergio Pinheiro, membre de la Commission ArnsIl n’y a aucun pays au monde, démocratique ou autoritaire, qui exécute des adolescents, des jeunes. En plus de ces exécutions régulières, d’une certaine façon, la police militaire dans les périphéries de Sao Paulo et à Rio de Janeiro impose un certain apartheid parce que l’énorme majorité de ceux qui sont exécutés sont des noirs. La même chose s’est répétée pour ces 28 victimes de ce massacre parce que c’étaient en vérité des exécutions. La police civile a imposé un secret de cinq ans sur toutes les informations concernant cette opération. »

L’opération sanglante a eu lieu le 6 mai dernier à Jacarezinho. La police visait des trafiquants de drogue accusés de vols, d’enlèvement, d’assassinats et de recruter des enfants et adolescents dans cette favela de Rio de Janeiro. Le bidonville est considéré comme une base du « Comando Vermelho » (le « Commando rouge »), le plus important gang de trafic de drogue de Rio de Janeiro.

Le raid a transformé à l’aube cette favela en zone de guerre. Certains habitants ont raconté avoir vu des cadavres gisant au milieu de mares de sang dans les ruelles. La police a assuré avoir suivi les procédures avant d’ouvrir le feu et avoir saisi d’importantes quantités de drogue et d’armes à feu.

L’ONU demande une enquête indépendante

Parmi les morts figure un policier victime d’un tir en pleine tête. Les 27 autres morts sont des « suspects », avait assuré la police. Durant la pandémie de coronavirus qui sévit toujours à Rio, les raids de la police ont été suspendus par la Cour suprême. L’un de ses juges, Edson Fachin, avait ordonné au parquet fédéral et à celui de Rio d’enquêter sur deux vidéos publiées sur les réseaux sociaux, dont l’une « montre une action qui, en théorie, pourrait représenter une exécution extra-judiciaire ».

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a demandé à la justice brésilienne de mener une « enquête indépendante et impartiale ». « Nous avons reçu des rapports inquiétants selon lesquels […] la police n’a pas pris de mesures pour préserver les preuves sur la scène du crime, ce qui pourrait entraver les enquêtes », a déclaré un porte-parole du Haut-Commissariat, Rupert Colville.

 Contre le génocide, la rébellion est juste »

Selon des associations de défense des droits humains, cette opération antidrogue a été la plus meurtrière jamais réalisée dans les favelas de cette métropole brésilienne, où vivent les populations les plus défavorisées, noires majoritairement, habituées à ce type de descentes policières. Au Brésil, les personnes noires et métisses représentent 55 % de la population.

Le 14 mai dernier, des milliers de personnes ont manifester à Rio contre le racisme et les violences policières. Dans le défilé, des pancartes proclamaient « Contre le génocide, la rébellion est juste » ou « Justice pour Jacarezinho ». Les manifestants dénonçaient la condition des noirs, ceux qui décèdent le plus par arme à feu et souffrent le plus du chômage et des discriminations.

« Vauriens »

Le camp des partisans de Jair Bolsonaro s’est rangé du côté de la police. Le président d’extrême droite entretient des liens étroits avec la police et l’armée et avait été élu fin 2018 avec un programme en faveur de la détention d’armes, promettant la fin de l’insécurité.« C’était tous des sales types », a réagi son vice-président, le général Hamilton Mourao, a propos des personnes décédées.

L’un des fils du chef de l’État, le député Eduardo Bolsonaro, a critiqué ceux qui mettent en cause la police. « Ces types sont des vauriens. Quand un policier se fait tuer, ils défendent les meurtriers, a-t-il écrit sur Twitter. Je crois que je suis plus dégoûté par ces cols blancs qui défendent les trafiquants que par les trafiquants eux-mêmes. »

RFI

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