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Pérou: Keiko Fujimori ne repassera pas (tout de suite) par la case prison

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Alors que les résultats officiels du deuxième tour de l’élection présidentielle du 6 juin n’ont toujours pas été proclamés, la justice a décidé que Keiko Fujimori, la candidate de la droite populiste, ne retournera pas en détention provisoire dans le cadre d’une enquête pour corruption.

Jeudi 10 juin au soir, Pedro Castillo était crédité de 50,20% des suffrages et sa rivale de la droite populiste Keiko Fujimori de 49,80%, soit un écart de 69 546 voix, selon l’Office national des processus électoraux (ONPE). Mais Keiko Fujimori n’abandonne pas. Elle conteste l’avance de son rival et a demandé, mercredi, l’invalidation de quelque 200 000 bulletins, issus de 802 bureaux de vote, devant le Jury national électoral (JNE). Elle avait dénoncé lundi, au lendemain du second tour, des « irrégularités », des « indices de fraude » et « une claire intention de saboter la volonté du peuple ».

Une défaite la priverait de l’immunité présidentielle au moment où de nouvelles menaces d’emprisonnement pèsent sur elle. Début mars, trente années de prison ont été requises à son encontre par le parquet et vingt-deux ans contre son mari, Mark Vito Villanella, dans le cadre de l’enquête sur le scandale Odebrecht, du nom du géant brésilien du BTP qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin à de nombreux dirigeants latino-américains. Deux ex-présidents péruviens ont été mis en cause dans ce scandale : Alejandro Toledo et Alan Garcia qui s’est suicidé en avril 2019.

Jeudi, le procureur en charge de l’affaire, José Domingo Pérez, a réclamé que la liberté conditionnelle dont jouit la candidate depuis mai 2020 soit « révoquée ». Keiko Fujimori a déjà passé seize mois en détention provisoire dans cette affaire pour financement illicite de ses campagnes présidentielles passées. « Il n’y a aucune crainte que se concrétise cette [demande de] prison préventive », a toutefois assuré jeudi la candidate de droite.

► À écouter : Pérou: «La sortie de la crise politique n’est pas envisageable à court terme»

Révision des bulletins litigieux

Le Jury national électoral (JNE) ne s’est pas prononcé sur la demande d’annulation formulée par Keiko Fujimori, mais n’en a pas moins entamé le lent processus de révision des bulletins litigieux qui, selon lui, pourrait prendre plusieurs jours avant la proclamation du résultat. Pour l’heure, ni les autorités électorales, ni les missions d’observation internationales n’ont fait état de la moindre fraude.

Le président du JNE, Jorge Luis Salas, s’est, de son côté, dit surpris de la demande de Keiko Fujimori d’invalider les résultats dans plus de 800 bureaux de vote. Il a rappelé que lors des dernières élections de 2016, « seuls 29 bureaux de vote avaient été remis en question ».

Rumeurs de complot militaire

Le cardinal Pedro Barreto a qualifié jeudi d’« irresponsables » les actions remettant en cause le processus électoral et a appelé les candidats à accepter « la volonté du peuple ». Les forces armées péruviennes ont exhorté, mercredi 9 juin, « tous les Péruviens à respecter les résultats du processus électoral » et se sont engagées « à respecter la volonté des citoyens exprimée dans les urnes ».

La marine péruvienne a également démenti, jeudi, toute velléité de complot après la diffusion d’une bande audio laissant entendre qu’une conspiration d’officiers contre « l’ordre constitutionnel » était en préparation.

Jair Bolsonaro : « Un miracle pourrait inverser la tendance »

Sans attendre le résultat officiel, qui maintient le pays sous tension, le président argentin de centre-gauche Alberto Fernandez a surpris en félicitant Pedro Castillo, le « président élu du Pérou ». Cette réaction a valu à l’Argentine une « note de protestation » de la part du gouvernement péruvien, remise à l’ambassadeur argentin à Lima.

Le Nicaragua, par la voix de sa vice-présidente et porte-parole du gouvernement, Rosario Murillo, a également félicité Pedro Castillo pour sa « victoire », de même que le président bolivien, Luis Arce, sur Twitter. Les anciens présidents bolivien Evo Morales et brésilien Lula da Silva lui avaient, eux aussi, adressé leurs félicitations.

Le président brésilien Jair Bolsonaro a, pour sa part, regretté d’avoir « perdu » le Pérou et estimé que seul « un miracle pourrait inverser la tendance ».

RFI

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