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Etablissement du fichier électoral: Les populations du nord discriminées dans l’opération spéciale d’enrôlement !

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L’opération spéciale d’enrôlement des nouveaux majeurs s’est s’effectuée sur l’étendue du territoire national, du 1er avril au 31 mai 2021. Elle a été prolongée jusqu’au 30 juin 2021. Mais les populations des régions du nord n’ont pas eu ce privilège. Contrairement aux autres régions du Mali, on les a imposés un quota dans un délai de 10 jours, du 21 au 30 juin 2021. Des quotas qui frisent souvent le ridicule. C’est tout simplement une discrimination qui aura, à coup sûr, des répercussions négatives sur les prochaines échéances électorales.Sous la responsabilité du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, une opération spéciale d’enrôlement des nouveaux majeurs a été lancée pour compléter et consolider la liste des potentiels électeurs. Elle devrait concerner essentiellement les personnes âgées d’au moins dix-huit (18) ans au 31 décembre 2020, n’ayant pas été enrôlées et celles enrôlées qui à ce jour n’ont pas de données biométriques (photos et empreintes) dans la base de données de la population. Vous imaginez le nombre de personnes qui attendent jours et nuits cet enrôlement. Et cela pour diverses raisons notamment les élections, mais aussi pour des besoins administratifs. Un seul jour ne passe pas où les populations des régions du nord ne réclament cette opération. Mais leurs attentes furent déçues par l’insouciance des autorités en charge de cette opération.

Tenez-vous bien. Tout a été mis en œuvre pour la réussite de cette opération spéciale. Des formateurs et des agents pour l’enrôlement ont été recrutés. Ces agents ont été formés et équipés. Ils ont été attribués individuellement à chaque commune des régions du nord sous contrôle des pouvoirs publics. Des centaines de millions de FCFA ont été investis dans l’opération. Et au finish, c’est pour recenser quelques dizaines, voire des centaines de personnes dans les régions nord du Mali. Les autorités locales sont sidérées et ne disposent d’aucune réponse appropriée pour soulager les populations.

La colère des autorités locales

Un maire d’une des 16 communes de Goundam qui a souhaité gardé l’anonymat,  se dit agacer. « Nous ne comprenons pas comment cela est possible. Pendant des mois, les pouvoirs publics nous ont poussés à informer et à sensibiliser les populations sur cette opération spéciale d’enrôlement de nouveaux majeurs. Nous avons fait le travail avec nos moyens et risquer même nos vies pour sa réussite. Aujourd’hui, le préfet et le sous préfet nous parlent d’un quota de 100 fiches par arrondissement et un délai de 10 jours pour l’enrôlement des personnes. C’est une catastrophe qu’on n’a de la peine à expliquer à nos populations. Je pense sincèrement que cette opération spéciale dans notre région [ndlr, Tombouctou] est faite pour simplement justifier des fonds », a affirmé le maire, qui dit avoir même boudé toutes les réunions avec l’administration depuis cette annonce.« Comment expliquer qu’un agent a été recruté, formé et payé à 225 000 FCFA par mois et par commune, pour seulement venir enrôler 30, voire 50 personnes pendant 1 ou 2 jours ? En tout cas chez nous, dans le cercle de Goundam, cette opération spéciale d’enrôlement est tout simplement un échec. », a martelé notre interlocuteur. Notez qu’un arrondissement dans chaque cercle au nord du Mali, peut comprendre souvent 2, 3 voire 4 communes rurales et urbaines. Faites le calcul et vous disposerez de 25 à 30 personnes à inscrire par commune pendant les 10 jours.

Au même moment et durant 3 mois, certaines communes du Mali et particulièrement de Bamako, peuvent inscrire entre 50 et 100 personnes par jour. Cela s’appelle DISCRIMINATION.

Quota et délai ?

Dans le quota des fiches d’enrôlement, le cercle de Goundam a eu moins de 1000 fiches pour 8 arrondissements comprenant 16 communes rurales et urbaines. Au lieu de donner à chaque commune, une tablette, comme indiquée lors des différentes réunions sur l’opération, c’est finalement une tablette par arrondissement. Bref, rien n’a été respecté au cours de cette opération. Et le hic, c’est qu’elle a été discriminatoire et frustrante. D’où l’immense nécessité de situer les responsabilités.

A Goundam, le préfet fait croire qu’il est aux ordres et ne donne que ce qu’il aurait reçu. Nous l’avons eu au téléphone. Après les présentations et avant même de dire l’objet de notre appel. Sa réponse sèche met fin à l’appel : « Je suis en réunion ». Et depuis, silence radio.

Nous nous rabattons sur le chef de l’opération spéciale d’enrôlement, Abdoulaye Alkadi, directeur national de l’état civil, qui a donné des précisions sur les difficultés soulevées. « Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons responsabilisé les gouverneurs, les préfets et les sous préfets dans toutes les régions. Tout a été mis à disposition pour la réussite de l’opération. Mais pour des raisons de sécurité, nous les avons conseillé de ne pas prendre beaucoup de risques, d’envoyer les agents là où ils peuvent faire le travail dans la quiétude. Maintenant s’il y’a des problèmes, ce sont eux qui doivent remonter l’information… », a souligné notre interlocuteur. Qui tient à préciser que le quota n’est pas une instruction du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation. « Même à Bamako, quand nous avons appris que certaines communes fixaient des quotas par jour, nous avons appelé pour que cela cesse », a affirmé Dr. Abdoulaye Alkadi.S’agissant du délai de 10 jours, soit le 30 juin 2021, le chef de l’opération spéciale le justifie par des contraintes dues à des engagements pris à la communauté internationale, notamment à la CEDEAO, sur la tenue des élections dans les 8 prochains mois.

Aussi, dit-il, « nous sommes sous la pression de la Délégation Générale aux élections (DGE) qui demande à avoir les fiches au plus tard le 5 juillet 2021 sans quoi elle dégagerait toute responsabilité dans le retard de l’établissement du fichier électoral ».

Quid des imprimés ?

Concernant l’insuffisance des imprimés, notamment les fiches pour l’enrôlement des populations, le directeur national de l’état civil a été catégorique. « Nous avons demandé aux gouverneurs et aux préfets d’en imprimer autant que besoin sera et de nous présenter la facture », a indiqué Abdoulaye Alkadi. Qui vient ainsi de dégager toute responsabilité de sa direction par rapport aux quotas et aux imprimés.

Sauf que le gouvernement du Mali a la responsabilité totale et entière de veiller à ce que tous les maliens où qu’ils se trouvent sur le territoire national, puissent bénéficier de cette opération spéciale d’enrôlement. Ça n’a pas été le cas dans la partie septentrionale du Mali. Les populations, les autorités locales et même des observateurs nationaux ont considéré que c’est une discrimination vis-à-vis des communautés concernées.

SourceLe Repère

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