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Moussa Mara Sur TV5 : «Nous n’avons plus vraiment le temps de tergiverser…»

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Dans un entretien accordé le mercredi 29 juin  à la chaîne  TV5 Monde, l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, s’est  prononcé sur l’évolution de la crise  sociopolitique du Mali, notamment sur l’évolution de la transition. Il a insisté sur le rôle des forces étrangères et surtout la  nécessité de la cohésion sociale pour une paix durable.

 

TV5 : 9 mois après le coup d’Etat d’Assimi Goïta qui avait renversé IBK, le nouveau gouvernement de  Bah N’Daw et Moctar Ouane est à son tour renversé par Assimi Goïta, devenu président de la transition malienne. Vous souhaitiez alors une transition neutre. Mais maintenant, avec les militaires au pouvoir, quelle est votre réaction ?

Moussa Mara : Les militaires au pouvoir par rapport  à la neutralité de la transition, cela ne pose pas vraiment de problème par rapport à ce qui s’est passé  au mois d’août dernier. Ce qui  pose problème, c’est ce qui s’est passé le 24 mai, qui a perturbé la transition. Il nous a fait perdre un peu de temps.

Il nous reste 8 mois. Nous devons faire le maximum pour que la transition soit positive. Que quelques réformes qui ont été annoncées puissent être engagées. Et, surtout que la transition se termine par des élections crédibles, libres et transparentes, et qui permettent au pays  de retrouver l’ordre constitutionnel dans les meilleures conditions. Je pense que c’est encore possible.

D’abord, c’est ce qui a été annoncé par le président de la transition actuelle et le Premier ministre Maïga. Et l’ensemble des acteurs de la classe politique, la société civile sont engagés auprès des autorités pour travailler à cela.

J’ajouterai que la CEDEAO, qui a mis en place un monitoring de cette  phase  de la transition, suit cela avec une grande attention avec l’implication du médiateur, le président Goodlock Jonathan. Toutes les conditions sont réunies pour qu’on y aille. Nous comptons sur la bonne foi des autorités. Que les actes  soient suivis de ce qui a été annoncé. Je suis optimiste.

Il se trouve que le Premier ministre et le président qui ont été renversés sont toujours en résidence surveillée. Vous en pensez quoi ?

C’est d’ailleurs le lieu, je pense et je profite de votre antenne, de joindre ma voix à  celle de certains partis politiques qui commencent à le dire. Pour demander l’élargissement total de ses personnalités. Parce que, aujourd’hui, force est de constater qu’il  n’y a rien à leur reprocher. Si cela était le cas, la justice est là  pour s’en charger. Mais qu’ils puissent vaquer à leurs  occupations. Mais je ne pense pas que leur sécurité exige qu’ils soient en résidence surveillée.

Ils n’auraient pas respecté la charte de la transition, selon  Assimi Goïta.

La charte de la transition, il y a beaucoup d’interprétations. Moi, j’ai eu l’occasion de le dire le 24 mai, ce qui s’est passé était un coup d’Etat, et un coup d’Etat doit être condamné. Le coup d’Etat non plus n’est pas quelque chose qui est prévu dans la charte de la transition. Aujourd’hui, avançons !

Nous avons une équipe, avec l’implication de certaines forces, avec la disponibilité de toutes les autres forces politiques, de la société civile. Avec l’engagement de la communauté internationale à nos côtés, il faut s’en féliciter. Je pense que nous n’avons plus vraiment le temps de tergiverser, il faut qu’on avance rapidement vers toutes les étapes pour aller vers des élections crédibles et transparentes.

En attendant que la transition se mette en place, l’insécurité perdure, le mandat de la Minusma a été renouvelé aujourd’hui par le conseil de sécurité de l’ONU qui déplore  par ailleurs l’impunité généralisée, des violations des droits humains… C’est dans ce contexte que le président Emanuel Macron a annoncé au début du mois la fin l’opération Barkhane au Mali. Quelle a été votre réaction ?

Je pense que ça va dans le bon sens. Vous savez, depuis 3 ans, moi-même personnellement, j’ai eu à demander à ce que la force Barkhane soit reconfigurée. Qu’il y ait moins de présence  des soldats français et plus d’appui aux armées de la région. Ça va dans ce sens.

Et internationaliser aussi ?

Oui exactement ! L’autre élément : la force spéciale, la force Takuba, est véritablement, en tout cas, la vocation d’être une force internationale composée de plusieurs nationalités. Cela nous responsabilise aussi. Je crois que nos autorités peuvent se saisir de cette  occasion pour véritablement  travailler au renforcement de nos forces armées et de sécurité enfin qu’à terme, nous soyons en mesure d’assurer notre sécurité. C’est cela aussi la souveraineté. Ça va dans ce sens, il faut s’en féliciter. Il faut  travailler afin que demain, on puisse obtenir des résultats.

Cette  échéance électorale de février 2022, vous disiez que vous y croyez. Vous avez dit la dernière fois  sur ce plateau qu’au moment opportun, vous annonceriez votre candidature. Alors, quel est le moment opportun, Moussa Mara ?

Ça se rapproche. Nous nous préparons activement. Dans les mois à venir, je pense à la rentrée de mon parti, qui est le parti Yelema, va investir son candidat. Il est probable  que ce candidat soit le candidat de la  personne qui est devant vous aujourd’hui.

Donc, vous êtes candidat ?

C’est le parti qui investit son candidat. Ça se rapproche, vous serez le premier informé.

Vous disiez dans votre livre «cultivons nos Afriques pour une renaissance culturelle africaine». Qu’est-ce que ça signifie pour vous la renaissance culturelle africaine ?

La renaissance culturelle est proclamée par l’Union africaine qui a un agenda  2063 pour la projection du développement, du continent, ayant un chapitre sur la culture africaine. Ce livre est un manifeste. C’est un hymne à la culture. C’est essayer de donner un contenu  à cet agenda.

Vous savez 2063 est loin, mais 2063, pour des nations et un continent, c’est aussi demain. Il faut que nous ayons des politiques. Il faut que nous ayons une forte volonté de nos élites au même titre  que les pères de l’indépendance. Le foisonnement culturel de l’Afrique, c’est les moments des indépendances.

Il faut que nous retrouvions ce foisonnement culturel. Il faut qu’il y ait une collaboration intelligente entre les Etats, les collectivités et le secteur privé. Et les acteurs culturels qui sont créatifs, qui créent la riche, qui créent les emplois, que ses acteurs culturels soient mis en avant. Je pense que la culture peut être un moyen important pour le continent, pour compter demain, apporter à l’universel et en même temps participer à l’enrichissement des enfants du continent africain.

Abou Ouattara/Stagiaire

Le Wagadu

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