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Le conseil des maliens d’Arabie Saoudite (CMAS) exige l’audit du Hadj 2020-2021 : Hadj 2021 pour les seuls Saoudiens et Résidents en Arabie Saoudite

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La Maison du Hadj de Bamako

L’annonce des autorités saoudiennes de réserver le pèlerinage 2021 aux seuls Saoudiens et résidants en Arabie Saoudite n’a surpris aucun pays musulman sauf le Mali. Lequel pays s’est entêté d’encaisser l’argent de nos compatriotes pour un Hadj incertain à cause de la pandémie à Coronavirus. Cela a été le cas de l’année 2020 aussi. Aujourd’hui, des voix se lèvent exigeant un audit sur la gestion des pèlerinages 2020 et 2021 au Mali.

 

Après l’annonce le 12 juin 2021 dernier des autorités Saoudiennes en charge du Hadj 2021, c’est le grand désarroi au niveau du Ministère des Affaires religieuses et du Culte à travers la Maison du Hadj en général et les agences privées de voyages en particulier. Excepté le Mali, cette décision n’a surpris aucun pays musulman du monde. Tous les pays se sont abstenus à lancer leur campagne à fortiori d’encaisser l’argent de leurs compatriotes avant cette déclaration officielle des autorités saoudiennes en charge du Hadj 2021.

Après l’annonce, le Ministre malien des Affaires religieuses et du Culte, dans un show médiatique, a manifesté sa très grande surprise face à cette décision. Cette farce, les Maliens doivent être habitués à ça. Car, on se rappelle que l’année dernière aussi, c’était le même scénario avec le département sous la coupe du Ministre Thierno Amadou Omar Hass Diallo et avec le Directeur général de la Maison du Hadj actuel, Dr Abdoul Fatah Cissé.

Et pourtant, aux dires de M. Papa Mariko, président du Conseil des Maliens d’Arabie Saoudite, les autorités saoudiennes ne badinent pas avec l’organisation du pèlerinage qui fait partie des cinq piliers de l’islam. Depuis la découverte du premier cas de COVID-19 chez eux en 2020, les autorités saoudiennes ont été constantes dans leurs déclarations. Elles ont toujours exigé aux pays musulmans d’attendre leur décision afin d’entreprendre toute activité concernant le Hadj. A savoir la signature des contrats avec les opérateurs des agences de voyage ou encore les inscriptions.

Devant le non respect des consignes données, les autorités saoudiennes en charge du pèlerinage ont adressé des correspondances aux différents ministères et partenaires intervenant dans le Hadj pour leur rappeler à l’ordre. Malgré cette situation, la Maison du Hadj continuait avec les inscriptions et le paiement des frais des pèlerins maliens pour l’année 2021. Rassurant aussi les Maliens à travers les médias que le pèlerinage aura bel et bien lieu cette année bien vrai que l’Arabie Saoudite est frappé de pleins fouets par la pandémie. Affirmant souvent même que l’autorité malienne en charge du pèlerinage, qu’est la Maison du Hadj, est en contact direct avec les autorités saoudiennes qui encourageaient notre pays à poursuivre la campagne et que le système électronique sera bientôt fonctionnel à la Maison du Hadj pour délivrer les visas.

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir le nom de l’interlocuteur de la Maison du Hadj en Arabie Saoudite outre que le Ministère saoudien en charge du Hadj. Pour l’organisation du Hadj, tout se fait par lettres officielles. Et toutes les correspondances officielles adressées au ministère saoudien en charge du Hadj sont automatiquement répondues. Et au Mali, on parle des appels téléphoniques ou même des rumeurs. Même l’information relative au quota alloué au Mali n’était pas fondée, précise M. Papa Mariko, président du Conseil des Maliens d’Arabie Saoudite.

Depuis les différentes interventions des Saoudiens sur la présence incertaine des étrangers au Hadj 2020 en avril, certains pays musulmans tels que le Sénégal, la Malaisie, l’Indonésie, l’Afrique du Sud, l’Inde, le Royaume Uni, la France, le Cambodge, etc. ont annulé leur pèlerinage. Au moment où ces pays annulaient leur pèlerinage, le Mali faisait croire à ses compatriotes que ce pèlerinage aura lieu. C’est pourquoi après la déclaration en date du 22 juin 2020 autorisant les seuls Saoudiens et résidant en Arabie Saoudite à faire le Hadj en 2020, il a été plus facile à tous les pays musulmans d’annuler à leur tour leur campagne sauf notre pays, le Mali, qui était resté figé sur sa position.

Au lieu de rembourser les clients, la Maison du Hadj s’est contenté de rassurer les gens argumentant qu’ils seront prioritaires pour le Hadj 2021. Devant cet argumentaire, beaucoup ont renoncé au remboursement de leurs frais de pèlerinage. Quelle garantie la Maison du Hadj espérait pour garder les frais des pèlerins ? Pour quel usage ? La réponse demeure sans réponse.

Après l’annonce cette année encore de l’annulation du Hadj, la Maison du Hadj se dit surprise et trompée par les autorités saoudiennes. Les Saoudiens n’ont trompé aucun pays. Ils ont été clairs dans leur déclaration. Ce qui ne fut pas encore le cas au Mali.

La gestion catastrophique des années successives du Hadj risque de plonger le Mali dans une autre crise profonde. La Maison du Hadj, dans sa soif de satisfaire ses besoins financiers, compte sur la protection du gouvernement. Et il est en train d’amener les agences de voyages sur ce terrain glissant et qui peut tourner contre eux. Car, c’est une bombe à retardement. Sont nombreuses les agences de voyages qui n’ont pas de fonds de roulement.

Si nous faisons un petit calcul à travers le frais de pèlerinage au Mali qui s’élève à 2.363.000 F CFA pour la filière gouvernementale et 2.850.000 F CFA pour les Agences de voyages et le quota alloué à notre pays qui est de 13.323 pèlerins, on trouve comme total la bagatelle somme de 36.996.550.000 F CFA pour une seule année. Sur les 13.323, le quota de la filière gouvernementale, c’est-à-dire la Maison du Hadj, est de 2.000 pèlerins. Donc la Maison du Hadj gagne 4.726.000.000 F CFA par an et les agences de voyages 32.270.550.000 F CFA. C’est les statistiques de la seule année 2020. Et on laisse le soin aux mathématiciens de faire le calcul pour les deux années successives si toutefois toutes les places ont été occupées.

Même l’Etat malien, avec ces multiples problèmes, aura des difficultés de trésorerie à rembourser les clients de la filière gouvernementale à fortiori les agences de voyage qui broient le noir actuellement. Aujourd’hui, on se pose la question à savoir si les autorités saoudiennes accepteront de tripler le quota du Mali au cas où il y aura Hadj en 2022. Ce qui n’est pas sûr. Et avec l’inflation des taxes en Arabie Saoudite, les frais de pèlerinage connaitront certainement une augmentation dans les années prochaines. Ce qui posera encore un autre problème. Ce qui obligera beaucoup d’agences de voyages à renoncer à la campagne du Hadj dans un futur immédiat. Faute de moyen financier vu la réticence des banques d’accorder des prêts aux agences de voyages.

Aujourd’hui, ce système de la Maison du Hadj, structure organisatrice officielle du Hadj, est qualifié d’inhumain par les clients. Les autorités saoudiennes ne négocient jamais avec les agences privées. Sinon après l’exclusion du Mali à la Omra 2021 et la présence de certains pays limitrophes, la Maison du Hadj savait bien que notre pays sera encore absent au Hadj 2021 et qui se fera uniquement avec les Saoudiens et les résidants en Arabie Saoudite. Ainsi, les clients, très remontés contre la Maison du Hadj, exigent l’audit des pèlerinages des années 2020 et 2021. Affaire à suivre donc !

Youssouf SANGARE

Source: Le Matin

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