Avec cette multitude de grèves et modes de revendications catégorielles tous azimuts, les syndicalistes des corporations publiques et privées tiennent à contraindre le Gouvernement de la transition de sortir carrément du cadre de la feuille confiée à lui dans le cadre de la charte de la transition. De débrayages en débrayages, désormais le pays ne subit plus de la seule pression des terroristes ou des exigences des partenaires extérieurs, mais du diktat des Syndicalistes des travailleurs et employés de l’Etat même. Tenez-vous bien, de la mise en place du gouvernement dirigé par Choguel K Maïga, du début juin tout près à nos jours, il y a eu une bonne dizaine de grèves et de préavis de grèves décrétés unilatéralement par les Responsables des mouvements syndicaux. C’est tout un chapelet de plusieurs responsables.
Aujourd’hui, il ne fait l’ombre d’aucun doute que les plateformes revendicatives de nos Syndicalistes ne contiennent plus des points inscrits dans le cadre de la défense et de la protection des intérêts légitimes des travailleurs. Ce qui suscite des interrogations sur le caractère légal de toutes ces revendications se succédant les unes après les autres. Cela, sous prétexte de se battre pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de l’ensemble des populations. De nos jours, sur le front syndical, tout indique clairement que l’on ignore les limites et prérogatives de la feuille de route confiée au Gouvernement de la transition.
En effet, par rapport à la multitude de revendications spontanées érigées en système par les Syndicats et certaines associations qui poussent comme des champignons, la demande sociale épouse encore des proportions de plus en plus inquiétantes. Pour preuve, très récemment, les Travailleurs du Département des Affaires étrangères, les Surveillants de prisons, les Agents la Police et de la Santé, les Enseignants et les transporteurs étaient tous allés en grève. Ce qui présage que le pays est en train de descendre au creux de la crise multidimensionnelle au lieu de s’en sortir.
Confrontées à ce genre de comportements incohérents, les Autorités de la transition sont contraintes de céder sous la pression des Syndicats. Ce qui atteste que peu importe pour la question de bonne volonté politique annoncée par l’équipe de Dr Choguel Kokalla Maïga qui sera, demain vendredi 30 juillet 2021, devant le Conseil National de la Transition (CNT) pour dévoiler son programme de politique générale articulé sur quatre Axes prioritaires dont un consacré essentiellement à la prise en compte et à la satisfaction durable de la demande sociale. Il s’agira pour son Gouvernement de transition de trouver un terrain d’entente avec les Leaders syndicalistes et tous les acteurs politiques et de la société civile comme ce fut le cas, en juin dernier, avec l’UNTM avec lequel un climat de dialogue social franc et réaliste est scellé. C’est suite même à l’Accord signé entre les instances dirigeantes de cette centrale syndicale nationale. En rappel, après son installation, la fameuse période de grâce traditionnelle accordée au Gouvernement de Choguel n’a pas excédé dix jours juste à compter de son premier Conseil des Ministres. Dès après cette période d’attente unilatéralement décidée, le pays est replongé dans la saison des grèves (temporairement suspendues suite au coup d’Etat du 24 mai 2021). Cela, avec des journées et des semaines entières de grèves et de débrayages dans tous les secteurs vitaux de la Nation et sur toute l’étendue du territoire national. Pourtant, les Accords justifiant ces revendications ont été tous signés sous le Régime d’IBK. Dans presque tous les secteurs de l’Administration publique, des Banques et établissements financiers du pays et du secteur privé, les activités socioéconomiques ne cessent d’être paralysés du juin dernier à nos jours.
C’est évident, la raison d’être des Syndicats des travailleurs est d’assurer la défense des intérêts matériels et moraux de tous, d’œuvrer à l’amélioration progressive des conditions de vie et de travail de tous les employés. Mais, cette mission doit se réaliser sans aucune intention de prendre la vie de la Nation tout entière en otage. Or, de nos jours, pour les Syndicats, peu importe pour la situation du pays en état de guerre et en profonde crise socioéconomique.
A l’instant, sur tous les plans, la situation devient de plus en plus préoccupante ; car, outre la crise sécuritaire et sanitaire qui frappent de plein fouet tous les secteurs vitaux de l’économie nationale, au plan socioéconomique, tous les signaux sont au rouge. Contexte dans lequel éclatent ces grèves illimitées avec la seule plate-revendicative la mise en application intégrale et à l’immédiat des Accords signés de force avec le Régime d’IBK. De revendications en revendications, ce pays risque alors de s’autodétruire. Cela, de par ces revendications multiples et trop pressantes des Syndicalistes. Des revendications qui devaient être posées depuis bien avant cette période de transition qui risque de se compliquer davantage. L’injustice que combattrait aujourd’hui Yacouba Katilé et les siens date des années voire des décennies ; mais, sans s’en préoccuper sauf sous un Gouvernement de transition qui n’a désormais que huit que quelques petits mois d’existence. Alors, l’on est en droit de s’interroger objectivement jusqu’où comptent aller les Syndicats qui, au lieu de privilégier les vertus du dialogue constructif et responsable, optent pour la politique de la terre brûlée et le sabotage express du processus de sortie de crise en cours.
En somme, l’essentiel, pour ceux qui commanditent cette multitude de de revendications, de grèves et de préavis de grèves certes non pas illégitimes mais très malvenues, n’est plus de défendre la cause des travailleurs mais de prendre cette dure phare transitoire politique pour une opportunité à ne pas rater pour s’enrichir ou se faire des promotions.
Djankourou
Source: L’Aube