La célèbre assertion selon laquelle «la lutte unit et le pouvoir divise » s’applique parfaitement aujourd’hui au mouvement politique hétéroclite M5-RFP. Ce regroupement hétérogène, qui avait promis monts et merveilles au peuple malien, voit sa lutte plus qu’acharnée terminer en queue de poisson. Si Issa Kaou Djim, l’un des pères fondateurs du M5-RFP, trouvant son compte auprès du colonel Assimi Goita, président de la Transition, avait lancé des diatribes à l’endroit de leur mouvement tout en affirmant que le M5 était mort de sa belle mort, certains paraissaient encore animés d’une ambition plus magnanime pour l’intérêt du peuple. Ainsi, les tribulations et tractations ayant émaillé la mise en place du Conseil national de transition – ainsi que la composition du Gouvernement – auront contribué à mettre la puce à l’oreille de beaucoup de Maliens quant à l’intention réelle de certains membres du M5-RFP, mais la nomination plus récente du président du Comité stratégique Choguel Kokalla Maiga à la primature – et ce qui s’en suit présentement – aura fini de lever le voile sur la duplicité d’une lutte annoncée comme le tocsin du changement tant souhaité. En effet, l’accession à la Primature de Choguel Maiga, lequel a pris le taureau par les cornes en maintenant en vie le M5-RFP après la vague d’importants retraits qui ne disaient par leurs noms, devrait avoir consacré le début du redressement du pays. Mais, hélas ! elle a plutôt été la cause de dissensions internes malveillantes au niveau du Comité stratégique mais également entre ce dernier et une partie de la jeunesse M5-RFP. Ce ne sont pas les clashes entre membres de ce mouvement sur les réseaux sociaux et autres canaux, ni la démission de Madame Sy Kadiatou Sow fatiguée des coups de Jarnac internes et de son manque de pouvoir, qui nous démontreront le contraire. Par ailleurs, la journée de commémoration des évènements du 10, 11 et 12 juillet 2020, marquant la mort de quatorze innocentes personnes majoritairement jeunes et acquises à la cause du M5-RFP, le dimanche 11 juillet 2021, n’a été qu’un fiasco dont il ne faut pas exhumer les détails par respect pour la mémoire de ces idéalistes patriotes six pieds sous terre.
Sur tout un autre plan, le débat de prorogation ou pas de la transition ne devrait en aucun cas être une probabilité pour le M5-RFP, vu la propension démocratique de sa lutte. La posture du jeune politique prometteur, Nouhoum Sarr, membre du mouvement jusqu’à preuve du contraire et qui crie haut et fort que la transition par essence n’a pas vocation à s’éterniser, prouve qu’il reste droit dans ses bottes, à la différence du Premier ministre qui entretient l’équivoque sur le sujet. En définitive, le M5-RFP, à la limite fantomatique pour tout ce qu’on sait, doit comprendre que la refondation nationale, les révisions institutionnelles et autres grands sentiers sont du ressort d’un régime qui a au pire des cas le minimum syndical de légitimité et non celui d’un régime d’exception. Quelles que soient les résolutions connues d’avance des énièmes assises nationales et dites de la refondation nationale, prolonger la transition risque d’être la goutte d’eau qui ferait déborder le vase.
Ousmane Tiemoko Diakité
Le Témoin