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Assises sur la refondation de l’état malien : Un gros machin qui va servir à prolonger la transition ?

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Avec l’insécurité qui prend de l’ampleur sur tout le territoire national ; l’ébullition du front social marquée par la déclaration de guerre des syndicats des enseignants signataires du 15 octobre 2016 contre le gouvernement ; la crise de confiance entre gouvernement et partis politiques sur la conduite de la transition ; le manque d’argent dans les caisses de l’Etat…, le gouvernement dirigé par Choguel Kokalla Maiga veut organiser des assises sur la refondation de l’Etat avant la tenue des élections présidentielle prévues pour le mois de février 2022. Quel objectif se cache derrière cette organisation ?

 

La refondation de l’Etat est un long processus qui doit suivre des étapes pour qu’elle produise de bons résultats. Cela veut aussi dire que celui ou le pouvoir qui l’initie doit avoir de la légitimité pour le faire. En ce qui concerne la légitimité du pouvoir actuel, les avis sont divisés et cela se comprend. Mais, retenons que le coup d’Etat est condamné par la constitution malienne et par conséquent les coups d’Etat de 2020 contre le président IBK et celui de 2021 contre le président de la Transition Bah N’Daw, violent l’esprit de la constitution malienne qui rappelons-le, n’a jamais été suspendue. Ce qui revient à dire que le Mali est dans une situation d’exception dans laquelle les tenants du pouvoir ne peuvent clamer leur légitimité comme s’ils avaient été choisis par le peuple souverain par la voie démocratique.

D’ailleurs, ce sont des journées de concertations nationales qui ont fixé la gestion de la transition. L’organisation des journées de concertations visait à donner au pouvoir de transition une certaine légitimité mais ne nous trompons pas : la transition reste une période transitoire qui doit aboutir à mettre en place un pouvoir plus légitime qui peut décider au nom de tous les Maliens.

Pour le moment, la transition suit et doit suivre les directives données par les journées de concertation et ces journées fixent la durée de la transition et les missions assignées au gouvernement de transition.

Est-ce pour contrecarrer ces directives fixées par la charte de la transition issues des journées des concertations, que l’actuel Premier Ministre Choguel Kokalla Maïga veut organiser d’autres assises nationales ? On imagine que ces assises nationales dites pour la refondation de l’Etat malien sortiront un nouveau parchemin pour lequel le Premier ministre dira qu’il a l’obligation d’obéir. Imaginons aussi que ces assises proposent de repousser les dates des élections avec le prétexte que le territoire n’est pas sécurisé ; les réformes n’ont pas encore pris forme etc. Que feront Choguel et son président qui l’a nommé ? Ils s’en réjouiront et diront que c’est la volonté du « peuple ».

Déjà pour préparer les esprits à cette éventualité qui est plus que probable, une campagne a lieu en ce moment et s’appuie sur des arguments qui ne tiennent pas pour dire que la transition peut bien aller au-delà du délai fixé. Si les assises sur la refondation de l’Etat ne visent pas à prolonger la durée de la transition, à quoi serviront-elles ?

On ne cessera jamais de le dire et répéter : la refondation d’un Etat n’est pas une affaire à régler en quelques minutes mêmes quelques jours. C’est un long processus qui s’appuie sur plusieurs aspects. Les conditions ne sont pas aujourd’hui réunies pour permettre à un gouvernement de transition d’engager le Mali et les Maliens dans un processus incertain qu’est la refondation de l’Etat. Dans six mois, ce gouvernement de transition, disparaitra. Et sa mission principale est d’organiser des élections pour mettre en place un pouvoir plus légitime.

Cela ne semble pas la principale préoccupation du gouvernement en ce moment. Le premier gouvernement de transition dirigé par Bah N’Daw et Moctar Ouane, avait essuyé les critiques de certaines personnes qui disaient qu’ils veulent prolonger la transition.

Le M5 RFP dont l’actuel Premier ministre était le porte-parole était parmi ceux qui portaient de telles critiques. Critiques contre lesquelles le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar avaient rétorqué en laissant entendre que les élections se tiendront à date prévue. Ils étaient dans ce schéma quand ils furent arrêtés et mis en résidence surveillé par les membres du CNSP toujours au pouvoir.

Pour sortir de la crise, le Mali a initié la conférence d’entente nationale (2017) ; le dialogue national inclusif (2019) les journées de concertations sur la transition (2020). Les conclusions de toutes ces rencontres qui ont fait dépenser de l’argent dans les caisses de l’Etat, sont là, disponibles.

Pourquoi Choguel tient encore à organiser d’autres rencontres dont il n’est même pas certains que les conclusions seront différentes de celles des autres ?

En attendant des réponses, des partis politiques et d’autres acteurs de la société civile ont mis en garde contre toute volonté de prolonger la transition sur la base de prétexte qui ne tient pas la route.

Choguel et Assimi éviteront-ils aux Maliens une autre crise née de la volonté unilatérale de prolonger la transition ?

Sinaly 

SourceLe Pouce

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