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Terrorisme: au Niger, les enfants embrigadés comme «guetteurs», «espions» ou «combattants»

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Au Niger, Amnesty International s’inquiète de l’ampleur des recrutements d’enfants par les groupes terroristes. Dans un nouveau rapport, l’ONG dénonce les répercussions croissantes de ce conflit sur ces enfants.

Amnesty International est formelle. «De plus en plus d’enfants sont tués ou ciblés pour être recrutés par des groupes armés dans le contexte du conflit qui fait rage au Niger, aux frontières avec le Mali et le Burkina Faso».

Dans un nouveau rapport publié le 13 septembre 2021 et intitulé «Je n’ai plus rien, à part moi-même», l’ONG décrit les «conséquences dévastatrices», sur les enfants, des violences terroristes exercées par l’État islamique* dans le Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda*.

Ousmane Diallo, chercheur à Amnesty International, précise à Sputnik que l’ONG a par exemple documenté des cas de plus en plus nombreux de recrutements d’enfants dans le département de Torodi, situé dans la région de Tillabéri, au Niger.

«Ce sont des recrutements qui ont commencé depuis septembre 2020 et qui vont en s’accélérant dans la commune de Makalondi et dans les villages proches de la frontière avec le Burkina Faso», affirme-t-il.

Le recrutement

D’après lui, «le principal groupe armé qui recrute ces enfants, c’est le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Et ils recrutent généralement dans la tranche d’âge comprise entre 15 et 17 ans».

Se référant aux échanges de l’ONG avec les «parents d’enfants recrutés, des enfants qui ont pu échapper à l’emprise des groupes armés», le chercheur assure que ces enfants «ne sont pas recrutés par force».

«Le recrutement se fait par socialisation. Les jeunes frères des combattants sont impliqués du jour au lendemain dans les activités de ces groupes armés parce que leurs frères y sont engagés. D’autres enfants sont recrutés par attraction pécuniaire», détaille-t-il.

«Nous avons eu des cas où des éléments du GSIM donnaient de petites sommes (20 ou 30.000 francs FCA, soit 31 ou 46 euros environ) aux enfants pour monter de petits projets ou pour aider leurs familles. C’est cet argent qui les rapproche des activités des groupes djihadistes et ils deviennent de plus en plus impliqués», a ajouté Ousmane Diallo qui dit ne pas avoir de réponse sur le nombre d’enfants embrigadés par les terroristes.

D’après le rapport publié par Amnesty International, une fois recrutés, les enfants sont soumis à «un entraînement au maniement des armes d’une durée d’une semaine à trois mois», avant d’être affectés à des rôles spécifiques.

«Les groupes armés les utilisent comme des guetteurs, des espions ou des informateurs. Des fois, ils servent d’auxiliaires lors des attaques contre les communautés», précise le chercheur d’Amnesty International.

«Ils sont victimes de tueries et des blessures ou encore des traumatismes. Et quand ils arrivent à échapper à l’influence des groupes armés, ils gardent des impacts psychologiques graves et sociaux qui ne favorisent pas leurs insertions dans la société», a ajouté Ousmane Diallo.

Pour donner la preuve de la présence de plus en plus accrue d’enfants au sein des groupes armés terroristes dans la région, il cite l’attaque de Solhan du 4 juin 2021 au Burkina Faso, où des enfants ont été identifiés comme faisant partie des assaillants. Diallo cite également une attaque terroriste perpétrée contre les forces armées maliennes à Boulkessi en 2020 où «des enfants figuraient parmi les combattants qui ont été neutralisés».

Redéploiement de l’autorité de l’armée

Le chercheur dénonce une violation du droit international humanitaire et appelle les autorités nigériennes à «œuvrer pour sortir le pays de cette situation».

«Il faut qu’il y ait un meilleur monitoring de ce qui se passe notamment en matière de protection de l’enfant dans cette région de Tillabéri par le système des Nations unies, et par les autorités nigériennes. Il faut qu’il y ait un redéploiement de l’autorité de l’armée, des forces de défense et de sécurité dans cette région. Il faut une réponse d’urgence pour la crise de l’éducation, de la santé et de la sécurité alimentaire propre à cette zone», suggère-t-il enfin pour mettre les enfants à l’abri dans ce conflit.

Le rapport publié par Amnesty International évoque aussi «des informations sur des attaques lancées par des groupes armés contre des écoles, lesquelles ont été incendiées, dans au moins quatre départements de la région de Tillabéri». Par peur de nouvelles attaques, des écoles ont fermé leurs portes. Dès lors, «de nombreux enfants vivant dans des zones touchées par le conflit sont privés d’accès à l’éducation de façon prolongée», précise l’ONG.

Par ailleurs, «l’accès des enfants aux soins de santé» a également été limité, étant donné que les groupes armés terroristes «ont pillé des centres de santé» dans les zones où ils sévissent.

*Organisation terroriste interdite en Russie

Sputnik.net

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