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“UNE PÉRIODE DE TRANSITION, ÇA PREND DU TEMPS”: NICOLAS SARKOZY JUGE LA DROITE PRIVÉE DE “LEADER”

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En déplacement ce mardi dans une librairie de Châteauroux où il dédicaçait son dernier livre, Nicolas Sarkozy a commenté le choix de Xavier Bertrand de se soumettre au prochain congrès des Républicains sur la route de la présidentielle. L’ancien président a surtout ironisé sur la situation de sa famille politique.

Le propos se veut grave mais le sourire en coin ne trompe pas. En visite ce mardi dans une librairie de Châteauroux pour y dédicacer son dernier livre, Promenades, Nicolas Sarkozy a livré son sentiment à quelques semaines du congrès des Républicains qui doit désigner le 4 décembre prochain le candidat de la droite à la présidentielle.

Au lendemain du choix de Xavier Bertrand de se soumettre finalement à la volonté des militants lors de ce rendez-vous, la déploration d’une droite apparemment sevrée d'”incarnation” a donné un tour badin à la conversation de l’ex-président de la République.

“Quand on est une famille politique qui aime s’incarner – depuis son fondateur le général De Gaulle, Georges Pompidou, Jacques Chirac, moi-même, bon c’est sûr…”, a-t-il initié.

Mais au moment de porter un jugement, Nicolas Sarkozy s’est toutefois voulu compréhensif. “Il y a des périodes de transition qui sont moins simples. Moi-même avant d’être le leader, j’avais été sifflé, il a fallu que je construise, ce n’était pas évident. Ça prend du temps, il faut être patient”.

“C’est sûr que parfois, ils disent: ‘Avec lui, c’était plus simple’. Un chef, une équipe, un projet”, a-t-il ajouté en pensant aux sympathisants et aux encartés. “Bon mais c’est une autre époque, et je ne critique pas”, a-t-il assuré.

Condamnation en règle

Pour notre éditorialiste politique Matthieu Croissandeau ce mercredi, la sortie castelroussine de l’ancien chef de l’Etat résonne comme une condamnation de la droite à l’entrée du couloir qui doit nous emmener au scrutin du printemps 2022.

“Les références au général de Gaulle et aux géants de la droite? C’est pour mieux dire que les candidats actuels sont des nains. ‘Une autre époque’, c’est pour dire que ces temps-là sont révolus. Et puis les mots les plus durs: ‘Une période de transition, ça prend du temps’. Comme s’il voulait signifier que la droite en était loin et que pour 2022, elle devrait passer son tour”, a ainsi décrypté le journaliste.

Une offre trop réduite et trop peu de temps

16 points ici, 14 , 13 encore ailleurs, constamment devant ses rivaux Valérie Pécresse et Michel Barnier – mais pas toujours du prétendant officieux Éric Zemmour – Xavier Bertrand fait pourtant figure de solide leader de la droite d’après les sondages. Ce que le président du Conseil régional des Hauts-de-France ne manque pas de remarquer et érige en principal argument de sa campagne.

Matthieu Croissandeau a tempéré: “Attention à l’effet trompe-l’œil. D’abord, il y a des sondages contradictoires, ensuite parce qu’un sondage n’est pas une prédiction et enfin ça ne traduit pas une poussée de Xavier Bertrand, seulement l’abaissement du seuil de qualification pour le second tour.”

D’après l’observateur, la droite paie aujourd’hui sa négligence dans l’inventaire de ses deux défaites présidentielles consécutives, ainsi que l’impasse opposée à sa remise en cause idéologique. Résultat: elle se trouve à présent coincée dans une posture bien inconfortable dont elle aura peine à s’extirper à temps.

“L’offre politique de la droite est réduite. Depuis quatre ans, c’est simple, elle était prise en tenaille entre Marine Le Pen et le RN et Emmanuel Macron. Depuis cette rentrée, une nouvelle tenaille est au travail: Éric Zemmour, Édouard Philippe de l’autre”, a jugé Matthieu Croissandeau.

“Que vont se dire les électeurs de droite? ‘Sur l’économie, voyons Macron’, ‘sur l’identité, voyons Zemmour’, ‘sur la capacité à gouverner, la modernité, voyons Philippe’. Que reste-t-il à la droite dans ce cas-là? Pas grand-chose”, a-t-il enfin tranché.

Robin Verner

Robin VernerJournaliste BFMTV

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