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Lutte contre la corruption : La justice aux trousses des délinquants financiers

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Président de la transition Assimi Goita

Choses prises, choses dues ? Au fond, qui l’aurait cru quand le duo Assimi-Choguel prévenait que la lutte contre la corruption sera implacable et que ceux qui sont appelés à servir l’Etat ne pourront plus se servir de l’Etat impunément ? Ils avaient pourtant prévenu que tous les dossiers scandaleux dont l’achat de l’avion présidentiel, les équipements militaires, la rénovation du palais de Koulouba, etc., ne resteraient pas impunis. Tous les crimes économiques seront sévèrement punis et les Auteurs et leurs complices répondront tous de leurs actes de malversations financières, de détournement des deniers publics, de vols, de gabegies et de train de vie ostentatoire. Le Premier Ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, avait bel et bien déclaré que désormais tous ceux qui servent de l’Etat ne se serviront plus de l’Etat. C’est dans cette perspective que, depuis la fin du Régime d’IBK, les structures et services attitrés dans ce combat pour la protection des maigres ressources financières de l’Etat ont remis leurs Rapports (2019-2020) à savoir le Bureau du Vérificateur Général (BVG), l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI), au Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta.

 

Le Président de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (OCLEI), Moumouni Guindo, a remis, lors d’une cérémonie déroulée à Koulouba, au Chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta, les Rapports 2019 et 2020. Le document révèle plusieurs cas d’enrichissement illicite présumés dont le montant s’élève à plusieurs milliards FCFA.

Les deux documents remis au Chef de l’Etat couvrent la période du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2020. Le Président de l’OCLEI, Moumouni Guindo, a expliqué que sa structure a réalisé au titre préventif 19 activités d’information et de sensibilisation à travers le Mali sur 1556 personnes.

 

En outre, poursuit M. Guindo, cette synergie d’actions entre les Agents  de l’OCLEI et  ces organisations citées ont contribué  à la répression en transmettant  à la Justice  9 dossiers d’enrichissement illicite présumé.  « La valeur des Biens présumés illicites dans ces 9 dossiers s’élève à 6 milliards 995 millions de FCFA… Les enquêtes de l’OCLEI ont identifié 384 Biens immobiliers, soit 34 maisons d’habitation, 72 bâtiments commerciaux ou professionnels, 139 parcelles ainsi que 78 concessions rurales totalisant 181 hectares », a déclaré le patron de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite.

 

Et d’ajouter que toujours à la même période que le montant total des entrées sur les comptes bancaires des 9 personnes s’élève à 3 milliards 671 millions de francs CFA entre la période 2014 et 2020. Pour le Président de l’OCLEI,  ces revenus  indûment acquis  dépassent loin  dans  la même période les revenus légitimes  de 9 personnes  qui, selon lui, s’élèvent à 444 millions de FCFA.

 

Concernant les personnes soupçonnées de s’enrichir illicitement sur les Biens de l’Etat, Moumouni Guindo a indiqué qu’il s’agit bel et bien des Agents de l’Etat. A savoir un Comptable, deux Inspecteurs des Finances, un Inspecteur du Trésor, un Contrôleur financier, deux Maires, un Ministre et un Préfet.

 

S’agissant des déclarations de Biens, le Président de l’OCLEI informe que  ses Agents ont dénombré au niveau de la Cour Suprême 1351 Déclarations déposées sur la période 2019-2020. Lors du traitement de ces dossiers, le Président de l’institution de lutte contre l’enrichissement illicite a constaté « qu’en 2019, le Premier Ministre et plusieurs Ministres sont restés en fonction plusieurs mois sans avoir procédé à leur déclaration de biens. Le retard a dépassé trois années pour certains d’entre eux », …

 

En effet, la lutte contre la corruption promise par les plus hautes Autorités de la Transition connait une nouvelle tournure avec l’interpellation de plusieurs personnes soupçonnées d’être trempés dans plusieurs scandales qui ont émaillés les deux mandats de l’ancien Président IBK.

 

En effet, pendant les 7 dernières années (sous le régime calamiteux d’IBK) ce ne sont pas les scandales qui ont manqué. De l’achat de l’avion présidentiel à l’acquisition des équipements militaires pour l’armée malienne en passant par les affaires non moins sulfureuses d’engrais frelatés… Ce régime de destruction nationale s’était abonné aux scandales financiers sur fond de dilapidation des ressources de l’Etat. Au plan financier, les scandales qui ont mis la République au fond du gouffre sont sans précédent dans l’Histoire de notre pays.

 

Aussi, l’achat de 2 hélicos Puma, en 2017, avait donné lieu à un vaste scandale, après que le Président IBK ait confirmé dans un entretien à Jeune Afrique que les avions achetés sous son magistère sont cloués au sol « faute de maintenance appropriée ». Puis, ce fut au tour du Président de la Commission Défense de l’Assemblée Nationale de l’époque, Karim Kéïta, le fils du Président de la République, de déclarer, lors d’un colloque à Paris : « Les hélicoptères que nous avons acheté ne peuvent plus voler ; ça marchait au début, mais, vraisemblablement, on a un problème d’entretien depuis l’achat et je me demande même si on n’a pas été floué à l’achat»,… Cette déclaration avait à l’époque réveillée des forts soupçons de surfacturation et de malversations portant sur les ressources financières destinées à acquérir des équipements pour l’armée.

 

Déjà, à l’achat de ces hélicoptères, un Officier Supérieur de l’Armée malienne avait déclaré dans Bloomberg news (parution du 13 juillet 2017) ceci : « Nous avons deux hélicoptères cloués au sol qui ne servent à rien ». Avant de préciser : « Les appareils sont cloués au sol parce que l’Armée ne peut pas obtenir les pièces de rechange ».

 

 

 

Place à la justice ?

 

Guindo a révélé que l’OCLEI a analysé certaines charges du personnel de l’Institut national de Prévoyance sociale (INPS). Il a constaté qu’en dehors de toute légalité, deux Responsables de l’Institut ont perçu 2 milliards 53 millions de F CFA comme indemnités de départ à la retraite. Par mois, l’un de ces deux Responsables perçoit une pension de plus de 6 millions de francs CFA et, l’autre, plus de 8 millions de francs CFA : « L’OCLEI recommande aux Autorités de procéder au recouvrement des sommes indûment perçues au titre des indemnités et pensions de retraite et de veiller sur le fonctionnement du Conseil d’Administration de l’INPS ».

 

En saluant la qualité des Rapports produits, le Président de la transition, le Colonel Assimi Goïta, a déclaré que la lutte contre l’enrichissement illicite et la corruption demeure l’une des priorités de son Gouvernement.  « Vos Rapports nous confortent dans notre vision d’un Mali nouveau, un Mali où les citoyens ont accès à l’eau potable, à la santé, à l’éducation aux routes de bonne qualité », s’est réjoui le Chef de l’Etat qui promet une Gouvernance de rupture et d’exemplarité durant cette période transitoire.

 

Occasion pour le Colonel Goïta de rappeler que la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite fait partie des préoccupations majeures des Autorités de la Transition. Il a aussi assuré l’OCLEI de son soutien et de celui du Gouvernement. « En quatre années, vous avez dû fournir d’énormes efforts pour aboutir aux résultats qui méritent des encouragements. Nous vous félicitons et vous encourageons à poursuivre votre mission, car le Mali attend beaucoup de vous (…).  Nous avons entendu et compris vos préoccupations par rapport à certaines difficultés. Tout sera mis en œuvre pour obtenir la bonne collaboration de tous les agents ainsi que les services publics avec l’OCLEI conformément aux textes en vigueur », a conclu le Chef de l’État.

 

Les Rapports de l’OCLEI indiquent également que, dans le cadre de ses missions, 19 activités d’informations et de sensibilisation ont été menées à travers le pays. L’office a recommandé aussi qu’il y ait des référents déontologues dans tous les services de l’État. Rappelons que cette cérémonie de remise des rapports de l’OCLEI est intervenue 48 Heures après celle du Rapport 2020 du Vérificateur Général.

 

Mohamed Sylla

 

L’AUBE

 

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